Le minois est mignon, l’air un peu tristounet,
Car l’atavisme pèse encore un tantinet,
Regard un peu perdu et comme évaporé,
Loin du pays natal pourtant bien vénéré.
De la prunelle noire perce une étincelle,
Sauvage, mais frustrée comme d’une pucelle,
Elle est légèrement souvent comme en retrait,
Laissant à l’Autre de vanter tous ses attraits.
Le pantalon lui sied d’autant qu’il couvre tout
De ce qui déroge à tous les autres atouts :
La cheville épaisse comme l’ont les mouquères,
Quelquefois le voile lui sert de moustiquaire.
La dent est acérée d’un cabot rabroué,
La nacre étincelante au soleil échoué,
Le sourire à l’arrêt juste au coin de ses lèvres,
Et comme dessiné par quelque grand orfèvre.
On l’entend pérorer de ses minauderies,
La voix monocorde et toujours endolorie,
La souffrance rentrée, il lui faut expurger
Tout ce qui en elle demeure d’étranger. (29/10/15)