Dans la plus grande des discrétions, les banques centrales (et la planète financière plus généralement) ont préparé tout au long de l’année 2022 le cataclysme économique qui pourrait très bien survenir en 2023. Annoncé de longue date (et même depuis la crise grecque des années 2010), ce grand krach est difficile à prédire. Mais des signes avant-coureurs se multiplient, qui indiquent que la sphère financière le « sent bien » et a prévu quelques airbags pour amortir le premier choc. Une chose est sûre désormais : l’Europe sera mise à rude épreuve en 2023, avec des divergences budgétaires difficiles à soutenir en situation de choc énergétique « asymétrique » et, de l’aveu même du FMI, la zone euro sera la moins prospère du monde dans les mois à venir. En France même, les signaux inquiétants sont consciencieusement documentés par l’INSEE. Une crise majeure de l’euro est de plus en plus plausible.
Les banques centrales ont battu des records d’achat d’or en 2022 et la tendance s’est accentuée au dernier trimestre 2022. La demande mondiale a augmentée de 18% en 2022, retrouvant les chiffres de 2011, en période de turbulences monétaires. Si l’on compare à la décennie écoulée, on constate que ce ne sont plus seulement la Russie et la Chine qui achètent désormais massivement de l’or. Toutes les banques centrales du monde s’y sont mises.
Même si l’or a été démonétisé depuis la fin des accords de Bretton Woods en 1971, il reste la valeur refuge par excellence. De quoi les banques centrales cherchent-elles donc à se prémunir ?
Le krach qui vient
Les ingrédients d’une crise sont souvent cités depuis le début de la guerre en Ukraine : la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation liée à la guerre et aux sanctions économiques mises en place par le monde occidental contre la Russie, survient après deux ans de confinement dans la plupart des pays industrialisés – et même trois dans le cas de la Chine.
Il y a cependant un élément inattendu dans les analyses parues ces derniers jours. Nous citerons ici Zero Hedge, titre libertarien sans complaisance pour la propagande du gouvernement américain :
« Les conditions économiques sont bien pires que ce que l’on vous dit. Tout au long de l’année dernière, les prix ont augmenté beaucoup plus vite que la plupart de nos revenus. Par conséquent, notre niveau de vie a rapidement baissé. Il est devenu de plus en plus difficile pour les ménages américains de s’en sortir d’un mois à l’autre et, comme vous le verrez ci-dessous, plus d’un tiers des adultes américains comptent actuellement sur leurs parents pour payer au moins une partie de leurs factures.
Mais ce qui est encore plus alarmant, c’est ce qui est arrivé au revenu disponible réel. Selon Fox Business, le dernier rapport sur le PIB a révélé que la baisse du revenu disponible réel à laquelle nous avons assisté en 2022 était la plus importante jamais mesurée depuis 1932…
L’information la plus troublante du rapport sur le PIB est la chute précipitée du revenu disponible réel, qui a perdu plus de 1 000 milliards de dollars en 2022. À titre d’information, il s’agit de la deuxième plus forte baisse en pourcentage du revenu disponible réel jamais enregistrée, après 1932, la pire année de la Grande Dépression.. »
Le journal internet donne un graphique :
Variations du revenu personnel réel disponible depuis la Grande Dépression
Dans la suite de son article, Michael Snyder décrit concrètement l’incapacité de beaucoup d’Américains qui vont être incapables de rembourser leurs emprunts, d’autant plus qu’un tsunami de licenciements semble se profiler en 2023. Et l’auteur de conclure :
« Nos dirigeants nous ont assuré que tout irait bien, alors même qu’ils inondaient le système d’argent et s’engageaient dans le plus grand endettement de toute l’histoire de l’humanité.Aujourd’hui, le jour du jugement est arrivé, et nous allons devoir subir les conséquences de leurs décisions insensées« .
Cela sonne familièrement à nos oreilles d’Européens ? Et surtout de Français vivant en République macronienne ? La mauvaise nouvelle du krach américain imminent (certains croyaient naïvement que les USA allaient tirer leur épingle du jeu ukrainien à la différence des Européens) ne vient pas annuler les signaux de moins en moins faibles qui concernent l’Union Européenne.
La zone euro sera la première victime du tsunami plausible
Si l’on en croit les prévisions publiées mardi par le FMI, la zone euro sera la grande perdante mondiale de ces évolutions tous azimuts. Au tableau des prévisions de croissance, en effet, même la Russie fera, en 2024, mieux que l’Europe :
Les perspectives de croissance mondiale d’ici à 2024
Comme on le voit, la croissance en 2024 pour les Etats-Unis, selon le FMI, ne devrait pas dépasser 1%, et la croissance de la France, comme celle de la zone euro, devrait être de 1,6%, quand la Russie connaîtrait une progression de 2,1%. On se souvient tous de la phrase drolatique de Bruno Le Maire terrassant, à coup de sanctions, l’économie russe à la manière de Saint-Georges et du dragon. Visiblement, l’image n’était pas la bonne, et c’est plutôt l’économie occidentale qui entre dans une phase difficile. Plus personne ne le cache !
S’agissant de la zone euro, les difficultés sont connues depuis 20 ans, et ne font qu’être plus âpres : l’absence de politique budgétaire commune en zone monétaire unique, le maintien d’une monnaie « forte », l’arrivée d’une inflation qui en mine les fondements, rendent l’avenir morose. Combien de temps la monnaie unique peut-elle survivre avec des maillons faibles comme le France qui laissent courir l’inflation et les déficits publics ?
Nous avons pronostiqué que le printemps 2023 créerait d’importantes difficultés pour l’euro. Nous maintenons ce pronostic (retrouvez ce week-end nos suggestions pour gérer au mieux votre épargne dans ce monde hostile !). En tout cas, une hypothèse forte est que la sphère financière spécule désormais sur des difficultés internes à la zone euro, et que l’achat massif d’or s’explique par une préparation frileuse à ce moment difficile.
La France en plein désarroi
Même avec 1,6 point de croissance espérée du PIB en 2024 (ce qui est mieux que l’Allemagne…), la France risque de connaître des heures très désagréables dans les mois à venir. L’INSEE document précieusement cette espèce d’almanach du déclin.
Nous avons déjà évoqué la crise de l’immobilier qui se profile. Mais de nombreux indicateurs convergent pour indiquer que la situation réelle est bien moins favorable que les délires exposés en 2021 sur la reprise économique à venir. Au quatrième trimestre 2022, la croissance aurait été quasi nulle. De toutes parts, les annonces sont inquiétantes. Par exemple, l’INSEE a confirmé une forte inflation en janvier. Mais, dans tous les secteurs, les perspectives de profit diminuent. La consommation des ménages en décembre 2022 a par exemple fortement baissé…
Il est toujours très difficile d’établir des prévisions économiques exactes et fiables. Une chose est sûre : depuis plus de dix ans, les « initiés » considèrent que les banques n’ont pas épuré leurs actifs, qu’elles conservent encore trop de créances toxiques, et que leur maintien en bonne forme apparente relève de la forgerie. Beaucoup pensent qu’une curée serait salutaire, même si elle promet d’être douloureuse. Peut-être cette curée est-elle proche, peut-être surviendra-t-elle cette année, peut-être finira-t-elle de briser la France et ses apparences paisibles.
Les prochaines semaines nous le diront. Dans tous les cas, ayez à l’esprit que votre épargne pourrait traverser de sacrées secousses et qu’il vaut mieux prendre les devants.
Source LCDS