J’oublie juste à l’instant ce que je viens de faire,
Il m’en coûte beaucoup à devoir tout refaire :
J’ai capté une idée, elle s’est envolée,
J’ai beau courir après, elle s’est étiolée.
Ma mémoire devient une peau de chagrin :
Au vent je ne sème plus que de mauvais grains
Qui ne donneront rien de ce que j’en attends,
Tout s’efface trop vite dès le premier temps.
J’ai beau barricader quelques beaux souvenirs,
Les voilà qui s’enfuient sans jamais prévenir
Et tout s’enfuit comme par un trou de vidange,
Ma mémoire défaille et jamais plus n’engrange.
C’est une maladie, me dit-on savamment :
La mémoire immédiate est un photo-roman,
Elle ne dure que le temps d’un vain plaisir,
Il lui faut ajouter quelques sérieux désirs.
Aussi me faudra-t-il prendre quelques repères
Qui pourront baliser ce qui est éphémère.
J’en prendrai l’habitude pour que ma mémoire
Ne soit jamais plus rien qu’un trop vieil écumoire. (18/05/2019)