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DE L’ALGÉRIE FRANÇAISE… À LA FRANCE ALGÉRIENNE

, par  popodoran , popularité : 13%
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6 décembre 2025
DE L’ALGÉRIE FRANÇAISE… À LA FRANCE ALGÉRIENNE

Par José Castano

« A l’occasion de votre élection à la présidence de la République algérienne, je vous adresse mes félicitations. Cette indépendance algérienne, nous l’avons voulue et aidée » (Message de Charles de Gaulle à Ben Bella, le 4 septembre 1963)

Le 1er juillet 1962, une Algérie épuisée, privée de la plupart de ses Européens, fut appelée à trancher sa propre destinée. En répondant « oui » à l’indépendance, chaque électeur effaçait une part de l’Algérie française ; et l’addition de ces voix mit fin à l’entité née le 5 juillet 1830, lorsque les troupes du général de Bourmont, après avoir débarqué à Sidi-Ferruch, s’emparèrent de la capitale des deys. La France officielle, lasse, indifférente, telle un Ponce-Pilate moderne, se lava les mains de cette histoire et tourna la page.

L’enfantement de la nouvelle République algérienne fut un tumulte : un mélange de liesse, de vengeances et de violences aveugles avec, parmi les drames, l’assassinat de musulmans restés fidèles à la France, les massacres d’Européens comme ceux d’Oran, le 5 juillet 1962 et les enlèvements par milliers. L’ivresse de l’indépendance fit bientôt place au vertige du vide : la foule dansait autour d’un buffet déjà déserté. Le pays s’effritait sous les pas de ceux qui avaient espéré l’élever. Car après les saccages, après les premiers mois de sang répandu comme une pluie trop lourde, après les luttes internes et l’incompétence d’un pouvoir improvisé, l’Algérie se retrouvait nue. Les bâtiments s’écroulaient comme des carcasses, l’agriculture agonisait, les machines jadis entretenues avec précision grippaient au soleil. Les ingénieurs venus de l’Est contemplaient l’étendue du désastre, impuissants, comme devant un navire échoué trop loin de toute aide.

Tout au long de la guerre, les chefs du FLN avaient promis justice, bonheur et dignité pour la « malheureuse » population musulmane. Mais l’indépendance n’apporta ni l’aisance espérée, ni l’apaisement. Dévorée par la corruption, l’Algérie sombra dans un désastre économique que la manne pétro-gazière, accaparée par une oligarchie, ne parvint jamais à enrayer. Le pouvoir, loin de revenir au peuple auquel il avait été solennellement promis, fut confisqué par un groupe restreint, d’abord choisi par la France pour préserver ses intérêts, puis consolidé par des alliances successives. Pour demeurer au sommet, cette élite n’hésita pas à manipuler les islamistes, replongeant, dans les années 1990, le pays dans un nouveau cycle de violence. Une décennie sombre où la nuit semblait descendre chaque jour un peu plus tôt.

Dans « La colonie française en Algérie. 200 ans d’inavouable », Lounis Aggoun décrit un système façonné par des Algériens, avec l’appui successif de Paris puis de Washington, au détriment du peuple tout entier. Ainsi, minée par la corruption, l’intégrisme, les luttes internes du pouvoir et les séquelles encore brûlantes de la guerre civile des années 1990, dont les causes jamais éradiquées attisent toujours les braises, la société algérienne se délite lentement. Le peuple attendait la lumière ; on lui servit l’ombre.

Craignant alors la colère de ce peuple qu’on avait bercé huit ans durant d’illusions et soucieux de contenir sa jeunesse frondeuse devenue « classe dangereuse », le gouvernement algérien, incapable de lui offrir du travail, exigea « la libre circulation » et « l’installation de ses ressortissants en France » en menaçant de Gaulle d’une rupture qui eût contrarié sa « grande politique » arabe. De Gaulle, obsédé par sa politique méditerranéenne qu’il voulait préserver, céda et l’ouverture presque sans contrôle de nos frontières à l’immigration algérienne devint un fait accompli… Par ce transfert massif de populations désœuvrées, le pouvoir algérien entendait assurer sa propre stabilité en exportant ce qu’il ne parvenait à gérer… espérant n’avoir jamais à les reprendre.

La moitié des quarante-sept millions d’Algériens ont aujourd’hui moins de vingt ans. Ils sont nombreux à rêver de s’installer en Europe, particulièrement en France… nombreux, aussi, à profiter de la crise migratoire pour s’infiltrer dans les filières des « réfugiés ». En témoignent les assassins qui ont défrayé la chronique, Merah, Coulibaly, Couachi, Sid Ahmed Ghlam, Yassin Salhi, Salah Abdeslam, l’organisateur des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, Karim Cheurfi, l’auteur de l’attentat du 20 avril 2017 sur des policiers à Paris et Mohamed Lahouaiej-Bouhle, celui de Nice, le 14 juillet 2016 (86 morts et 458 blessés). Ils étaient, comme Salah Abdeslam, Français, ou, pour ceux qui ont rejoint ce qu’ils croyaient être le « Paradis d’Allah et ses soixante-douze vierges », le seraient devenus.

Alors, avec eux, ce furent des milliers d’autres jeunes issus de cette immigration arabo-africaine qui, en quête d’horizons, d’identité ou d’absolu, s’abandonnèrent à l’attrait funeste du djihadisme et de la violence. Autant de destins fragiles, manipulés, exposés aux dérives idéologiques mortifères, semblables à des ressorts comprimés dont nul ne sait quand ni où ils pourraient se rompre.

« Les Français qui n’ont pas voulu de l’Algérie française auront un jour la France algérienne », écrivait Georges Bidault dans « D’une Résistance à l’autre ». Il reprenait, en écho inversé, les paroles lancées en 1957 par Larbi Ben M’Hidi, figure redoutée du FLN, aux parachutistes venus l’arrêter au cours de la bataille d’Alger : « Vous voulez la France de Dunkerque à Tamanrasset ? Je vous prédis, moi, que vous aurez l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque. »

Ainsi, tandis que l’« Algérie française » —dont les cinq coups de klaxon scandés autrefois (« Al-gé-rie fran-çaise ! ») ne subsistent plus qu’à l’état de réminiscence— s’est dissoute dans le passé. La France contemporaine avance au milieu de ses propres turbulences, traversée de contradictions, de violence, de manifestations enfiévrées, de colères et de crépitements d’armes… une réalité nouvelle, née du fracas du passé, et que nul n’avait vraiment imaginée.

José CASTANO

Voir en ligne : https://popodoran.canalblog.com/202...