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Covid = 2 % des hospitalisations en 2020. Étonnant, non ?

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Nathalie MP Meyer.

Je découvre l’ATIH ou Agence technique de l’information sur l’hospitalisation. Rattachée au ministère de la Santé et à la Sécurité sociale, elle a pour mission de gérer la nomenclature des maladies et des actes médicaux et de livrer ensuite une analyse fine de l’activité hospitalière en France. Pandémie oblige, son rapport 2020 publié récemment comporte un volet spécial sur les hospitalisations liées au Covid-19.

Le rapport de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation

Amis lecteurs, accrochez-vous, car voici « l’effroyable » bilan de l’année hospitalière 2020 (cliquer sur les schémas pour agrandir) :

« Les patients covid représentent 2 % de l’ensemble des patients hospitalisés au cours de l’année 2020, tous champs hospitaliers confondus (Figure 1). »

« Au cours de l’année 2020, les patients covid représentent 5 % de l’ensemble des patients pris en charge en service de soins critiques. En outre, 8 % des journées d’hospitalisation au sein de ces unités de soins critiques ont été dédiées à la prise en charge de la Covid-19 (Figure 2). »

À ce stade, un petit peu de vocabulaire s’impose. Le secteur hospitalier français comprend quatre champs (qui, tous, ont accueilli des patients covid) : L’hôpital qu’on pourrait dire « classique », le plus important en nombre de patients et de journées, intitulé MCO dans les statistiques de l’ATIH pour « médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie ». Les hospitalisations à domicile ou HAD, qui peuvent aussi avoir lieu en EHPAD (particulièrement vrai en 2020 avec le Covid). Les hospitalisations pour soins de suite et réadaptation ou SSR. Les hospitalisations pour soins psychiatriques ou PSY.

Au total, 218 000 patients ont été hospitalisés pour Covid-19 en 2020 pour une durée moyenne de 18 jours, dont 186 000 (85 %) en MCO ou hospitalisation « classique » pour une durée moyenne de 13 jours.

Autre point de vocabulaire important, les « soins critiques », qu’on ne trouve qu’en MCO, comprennent des services de réanimation, des soins continus et des soins intensifs. Même si la plupart des patients hospitalisés en soins critiques ont besoin d’oxygène, l’intubation et la surveillance spécifique qu’ils demandent relèvent des compétences propres aux services de réanimation. Autrement dit, cette dernière fait partie des soins critiques qui font eux-mêmes partie de l’hospitalisation MCO.

Ainsi donc, la figure 1 ci-dessus représente la part des patients covid dans l’ensemble de l’activité hospitalière 2020 (2 %) puis décompose cette activité selon les quatre champs d’hospitalisation tandis que la figure 2 donne la part des patients covid MCO dans l’activité MCO (2 %) puis descend au niveau des soins critiques (5 %) au sein desquels elle descend ensuite au niveau des réanimations (11 %).

Ceci étant dit, quels résultats incroyables – et passablement inattendus ! Le covid, avec ses effets, ses traitements, ses vaccins et ses coercitions, occupe presque 100 % de notre actualité ; le président de la République lui a déclaré la guerre « quoi qu’il en coûte » pour nos finances et nos libertés ; et voilà qu’on apprend par un rapport tout ce qu’il y a de plus sérieux et de plus autorisé qu’il n’a représenté que 2 % des hospitalisations totales de 2020 dont 5 % des prises en charge en soins critiques !

À entendre nos dirigeants et nombre d’experts en santé apparemment très à l’aise dans le catastrophisme sanitaire, on était plutôt sous l’impression que l’hôpital avait été submergé par les cas de covid, qu’il risquait de l’être encore plus et qu’il était de notre devoir de citoyen solidaire et responsable d’accepter sans broncher les restrictions d’activité économique, les confinements et les couvre-feux pour sauver notre système de santé donc des vies.

Petit exemple parmi d’autres, le Premier ministre Jean Castex n’avait-il pas décidé l’an dernier que les remontées mécaniques des stations de ski resteraient fermées car « il ne serait pas prudent de laisser se rassembler des flux très importants de population avec des activités susceptibles de solliciter par ailleurs les services hospitaliers » ?

Il est vrai que les 2 % d’hospitalisations covid ne se sont pas étalés régulièrement sur l’année 2020 mais se sont concentrés autour des deux périodes critiques des deux confinements (avril 2020 et novembre 2020), ce qui pourrait expliquer certains embouteillages aux urgences ainsi que la volonté gouvernementale de procéder à un étalement des hospitalisations via les confinements.

Mais cet argument s’affaiblit nettement lorsque l’on se souvient que l’engorgement des services d’urgence est pratiquement devenu une caractéristique structurelle de notre système de soins. Pas une année sans que les urgentistes et d’autres soignants ne se mobilisent contre la submersion qui les engloutit régulièrement sous l’effet des épidémies de grippe , de bronchiolite ou de gastro-entérite, quand ce n’est pas un nouvel épisode caniculaire . Dès le départ, il n’y avait aucune raison que l’épidémie de covid, indépendamment de ses caractéristiques sanitaires particulières, n’entraîne pas les mêmes effets.

Une baisse des hospitalisations pendant la pandémie covid

De plus, et c’est peut-être le résultat le plus étonnant du rapport de l’ATIH, on observe que dans le même temps, l’activité hospitalière MCO de 2020 a significativement baissé par rapport à 2019 : de l’ordre de 10 à 12 % suivant que l’on parle en nombre de patients, en nombre de journées ou en nombre de séjours.

Si l’on retranche l’activité liée au covid, le nombre de journées d’hospitalisation a reculé de 13,3%, mais si l’on réintègre les 2,5 millions de journées liées au covid, le recul par rapport à 2019 est quand même de 10 % ! Même schéma pour les nombres de patients et de séjours, comme indiqué dans le tableau suivant :

Mieux, si l’on se livre à une analyse mensuelle du nombre de séjours comme le fait l’ATIH dans le schéma ci-dessous, on constate que le recul est particulièrement marqué lors des fameux pics covid d’avril et novembre 2020 :

Autrement dit, il semblerait bien que par un mélange détonnant de panique et de principe de précaution exacerbé face à l’inédit de la situation pandémique, les autorités sanitaires aient engagé des réorganisations et des reports de soins dans des proportions sans commune mesure avec la réalité plus banale de la pandémie. Mais non sans impact sur de futurs engorgements des soins, puisqu’il faudra bien reprogrammer un jour (si ce n’est déjà fait), ni sur une possible détérioration de l’état de santé de la population qui n’a pas bénéficié des chirurgies ou des traitements nécessaires au bon moment.

Il serait prétentieux de dire aujourd’hui ce qu’il eût fallu faire en mars 2020. En revanche, alors qu’Emmanuel Macron s’engage nettement dans la voie liberticide de l’universalisation du pass sanitaire après avoir dit ou fait dire par ses ministres un peu tout et son contraire sur le sujet, peut-être ces données de l’ATIH pourront-elles apporter un peu de raison et de sérénité dans les débats sur le Covid-19 et les recentrer sur les carences d’organisation de notre système hospitalier.

Avec le recul, on sait très bien quelles sont les catégories de population qui courent le plus de risque face à cette maladie. Le bilan de l’INSEE sur la mortalité en France en 2020 en avait déjà dressé un profil très précis que le rapport ATIH vient de confirmer et préciser : les risques d’hospitalisation et de décès se concentrent nettement sur les personnes âgées de 65 ans et plus avec une petite prédilection pour les hommes et un focus sur celles qui présentent une ou plusieurs des 18 comorbidités associées au covid.

En 2020, 72 % des patients hospitalisés pour covid présentaient de telles comorbidités, les facteurs de risque cardio-vasculaires (hypertension artérielle, cholestérol, diabète, obésité) comptant à eux seuls pour 52 % des hospitalisés :

Compte-tenu de tous ces éléments qu’il importe de porter à la connaissance de tous afin que chacun prenne ses responsabilités, est-il bien nécessaire de s’enferrer plus longtemps dans les sombres arcanes des régimes d’exception ?

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