N’avoir école que l’après-midi, nous en avions tous rêvés lorsque nous foulions les bancs de l’école. Pourtant, ce qui était un doux rêve pour beaucoup s’apparente aujourd’hui à un cinglant cauchemar.
L’annonce nous vient du ministre de l’Éducation nationale , Pap N’diaye, lors de l’Educatech Expo qui s’est tenue en fin de semaine Porte de Versailles à Paris. Ce rendez-vous incontournable de l’innovation éducative a donc été paradoxalement l’occasion pour le ministre de faire une des annonces les plus régressives pour le secteur : la fin de l’école matinale les jours de coupures programmées d’électricité. Ces coupures se diviseraient en trois créneaux : 8 h-10 h, 10 h-12 h et 18 h-20 h, soit les heures d’école et de périscolaire qui étaient pourtant totalement exclues selon le chef de l’État en juin dernier.
Si la capitale était un temps exclue du dispositif, c’est bel et bien l’ensemble de l’Hexagone qui devrait être concerné, à l’exception de la Corse, reliée au réseau italien.
Numéros d’urgence et alarmes indisponibles
Afin de préparer progressivement la population à ces coupures, une circulaire était publiée par Matignon ce jeudi à l’attention des préfets.
Une préparation est d’autant plus nécessaire qu’Internet et les téléphones mobiles devraient évidemment être eux aussi mis hors service durant ces coupures, à l’exception des lignes téléphoniques en T, connectées à des lignes en cuivre. De façon parfaitement surréaliste, ces coupures devraient également concerner les systèmes d’alarmes et même les numéros d’urgence. Le 112, qui devrait être l’objet d’une campagne de communication dans les prochains jours, serait quant à lui légèrement épargné.
Outre l’éducation, c’est donc l’ensemble de notre mode de vie, y compris salarié, qui est ici rationné.
Six à dix délestages
En tout, près de quatre millions de clients du réseau électrique devraient être simultanément concernés par les six à dix délestages électriques que la cellule interministérielle de crise prévoit cet hiver.
Ces délestages seront annoncés trois jours à l’avance par SMS avant d’être confirmés le lendemain, soit 48 heures avant. Dans la foulée, RTE, la société publique qui gère, depuis sa création en 2000, le réseau électrique sous contrôle d’EDF, conseille l’utilisation de l’application EcoWatt, équivalent de Bison Futé ou de Météo France permettant de visualiser en temps réel le réseau électrique.
Une nouvelle conséquence des mesures écologistes
Ces coupures inédites de l’aveu même de RTE sont destinées à éviter toute panne généralisée du réseau.
Les causes de ce nouveau rationnement de notre mode de vie sont connues : inflation post-covid, conflit russo-ukrainien et surtout démantèlement en règle du parc nucléaire français . À l’heure où nous écrivons ces lignes, ce sont 30 réacteurs, soit plus de la moitié des 56 que compte la France, qui sont aujourd’hui à l’arrêt en raison de l’abandon des infrastructures énergétiques françaises depuis de nombreuses années, grâce à des évangélistes écologistes pour qui l’inflation et la pauvreté ne sont que des dommages collatéraux dans leur combat contre le progrès.
L’électricité comme signe de civilisation
L’homme se distingue de l’animal par la découverte puis la domestication qu’il a opéré sur le feu. Cette maîtrise a permis à notre espèce de nombreuses avancées techniques et biologiques, de la nourriture moins énergivore au travail des matériaux en passant par le rôle social du feu autour duquel s’est constitué le foyer, mot dont la sémantique même ne cache rien de son rôle social.
De la même manière, ce qui distingue l’homme moderne de son prédécesseur est la maîtrise cette fois de l’électricité au XIXe siècle et dont dépend aujourd’hui l’ensemble de la vie humaine récente.
L’absence d’électricité est donc un signe profond de dé-civilisation et de régression de notre mode de vie.
La tiers-mondisation heureuse
Si vous avez aimé les pénuries de masques, les confinements, les couvre-feux, l’inflation, la fin de l’abondance et les pénuries d’essence, vous devez être profondément heureux de ce qui s’apparente donc à un nouvel épisode de soviétisation de l’Hexagone.
Ce nouvel épisode n’est rien d’autre qu’une tiers-mondisation heureuse car planifiée. L’effondrement économique et social n’est plus une fatalité puisqu’il est annoncé tout sourire par une élite politique expliquant joyeusement que tout est sous contrôle.