« Bloc-notes : les non-dits, trop policés, du grand débat »
Et l’immigration, le communautarisme, l’avenir de la France… ? Chut ! Naguère, les familles bourgeoises s’interdisaient de parler d’argent à table. Le grand débat national juge de bon ton, pareillement, d’éviter les sujets trop "peuple ". Le maire de Montauban, Brigitte Barège (LR), en a fait l’expérience : en janvier, elle avait regretté que les Gilets jaunes soient souvent plus maltraités que les étrangers. La salle l’avait grondée. Reste que ces réalités existent. Il est vain de paraître poli aux yeux de ceux qui nient l’insécurité culturelle des vaincus de la mondialisation. Mardi, dans Le Figaro, Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France, a rompu le train-train du "small talk" en rappelant ceci : dans sa région, 80 lycées ont été attaqués en décembre par des bandes "cagoulées, organisées et extrêmement violentes". Des enseignants ont été aspergés d’essence. L’élue prévient : "La situation des banlieues est explosive." En fait, cela fait des décennies qu’une contre-société s’étend dans les cités. Or ces non-dits du grand débat font craindre la duperie comme issue.
Le grand débat se clôt dans deux semaines. L’état du pays, rendu plus visible encore avec la révolte des laissés-pour-compte, ne se contentera pas de propos sirupeux sur le vivre-ensemble ou de savoir-faire technocratiques. La décision du groupe français Decathlon, mardi, d’"assumer complètement" la commercialisation d’un hidjab (couvre-tête) pour les sportives a révélé l’emprise islamiste sur des musulmanes. Cette décision marketing, indifférente au symbole séparatiste qu’est devenu cet étendard, est la conséquence d’une communautarisation de la nation. Il aura fallu une levée de protestations pour que la marque suspende son initiative. Reste que la fracture du pays n’est pas abordée. Pourtant, l’actuelle crise algérienne risque d’aggraver la pression migratoire, à l’origine des banlieues-ghettos : des milliers de jeunes sont prêts à franchir la Méditerranée au premier prétexte. Bref, se contenter de désigner les Gilets jaunes comme le danger revient à ignorer les enjeux vitaux.
L’application que met le président à réduire les manifestants à des "complices du pire", en les assimilant aux casseurs qui empoisonnent leurs rangs, permet de balayer les sujets qui fâchent.