« Bloc-notes : la nouvelle révolution française, acte I »
Quand on cherche le peuple, on le trouve. Au sens propre comme au figuré. Emmanuel Macron aurait pu tenter de renouer avec les Oubliés, sur les terres desquels il était ces jours-ci. Mais il a choisi de se tenir à distance de la colère française lors de son "itinérance" autopromotionnelle sur les lieux de la Grande Guerre : des "gilets jaunes" ont été écartés des cortèges et des caméras. D’ailleurs, Macron a vu " un peu tout et n’importe quoi " dans ces frondes éparses. À l’issue de ses 1 000 kilomètres dans la ruralité, le président n’a apparemment rien saisi de l’attachement des gens à leur nation protectrice, malmenée par la mondialisation. La célébration du centenaire du 11 Novembre, point d’orgue de la mise en scène d’une proximité présidentielle, a été l’occasion d’une pluie d’obus élyséens sur le " nationalisme". À entendre Macron, les citoyens qui n’adhéreraient pas à son idée de "souveraineté européenne", qui efface les nations renaissantes, seraient des xénophobes et des fascistes en puissance. Mais ces canailles-là font masse. Le président a grand tort de les insulter et de s’en faire des ennemis.
Ce n’est pas seulement une révolte fiscale qui s’exprimera samedi, à l’appel des réseaux sociaux, sous le symbole du gilet jaune de la sécurité routière. Les taxes supplémentaires sur le carburant sont l’étincelle. Mais le terreau est depuis longtemps inflammable. Le gouvernement n’éteindra pas les braises avec ses derniers chèques compensatoires ou ses "superprimes" pour changer de voiture. Le chef de l’État n’est pas la seule cible de cette nouvelle révolution française, qui ouvre l’acte I d’un scénario improvisé. L’égotisme de Macron n’a fait qu’exacerber les incompréhensions entre la France d’en haut et celle d’en bas. Le président n’a pas engagé la rupture avec l’ancien monde. La société civile, qu’il a prétendu représenter, ne se reconnaît pas dans cet homme soucieux de sa destinée. Une révolution démocratique, populaire, girondine se dessine. Déjà, les dirigeants ne dirigent plus vraiment. Ils vont devoir apprendre à écouter le peuple. La belle affaire !
Voilà ce qui arrive aux " élites" quand elles diabolisent les "populistes" au lieu de les entendre dans ce qu’ils disent de raisonnable : le système technocratique est contesté par une révolte populaire enracinée.