« Bloc-notes : la modernité est dans la France profonde »
Emmanuel Macron incarnerait donc l’air du temps. À entendre un complaisant récit médiatique, la droite serait en train de payer ses idées réactionnaires. D’ailleurs, dans Le Point du 8 juin, l’ex-conseillère de Nicolas Sarkozy, Emmanuelle Mignon, l’assure : "Il faut clairement abandonner les sujets de mœurs. (…) Les Français sont devenus libéraux : les gens vivent comme ils veulent." Il est vrai que la droite aurait mieux fait de créer, naguère, une union civile entre homosexuels. Ce statut aurait peut-être évité d’en venir au mariage gay et à ses filiations artificielles, promues par la gauche transhumaniste. Toutefois, les gens demeurent partagés sur l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes célibataires et aux couples de femmes. Jérôme Fourquet (Ifop) : "Les Français se divisent en trois blocs : 40 % sont pour l’extension de la PMA, 40 % y sont opposés et 20 % basculent de l’un à l’autre en fonction de la question" (La Croix, mardi). Les oppositions sont plus vives pour la gestation pour autrui (GPA), que réclament des couples d’hommes au nom d’un "esprit du temps" bricolé pour l’occasion.
La macronie se dit portée par la pensée dominante, forcément progressiste. Mais rien n’étaye sa prétention. Après avoir laissé croire que LREM avait gagné les européennes, remportées par le RN, les propagandistes du nouveau monde assurent qu’une vague d’élus LR rejoindrait la majorité, fuyant le monde rétréci et fané du conservatisme. Or, sur les 72 signataires d’une tribune du JDD qui disent préférer Macron, la majorité n’était déjà plus chez LR. Ceux qui partent font des phrases solennelles sur le gaullisme. Ces traîtrises sont plus simplement la caricature d’une classe politique sans grandeur. Les retournements de veste restent méprisables. Parce qu’il n’a pas compris son époque, exigeante et critique vis-à-vis des " élites", Macron s’est heurté aux "gilets jaunes". C’est dans leur pays profond et sa fureur de vivre que se trouve la modernité.
Les Françaises ne trépignent pas d’impatience devant la PMA pour toutes, attendue par une infime minorité.