« Bloc-notes : en finir avec l’omerta qui abrutit la France ! »
La presse est chatouilleuse : elle aime faire la leçon mais déteste en recevoir. Certes, les insanités déversées ces jours-ci par Jean-Luc Mélenchon sur les dos de Radio France et Mediapart ont dévoilé sa fièvre stalinienne. Ces outrances contre des journalistes, coupables d’avoir mis le nez dans le financement de La France insoumise, ont justifié la réplique solidaire, lundi, des sociétés de journalistes, dont celle du Figaro. Reste que les procès en superficialité, voyeurisme ou conformisme, instruits contre les médias, ne sont pas tous infondés. Nombreux sont ceux qui concourent au décervelage de l’opinion. Deux confrères du Monde, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, débarquent comme les carabiniers, ces jours-ci, pour décrire, dans un livre salué par la caste, l’islamisation de la Seine-Saint-Denis. Or cela fait plus de vingt ans que ce basculement a été identifié par quelques-uns. Mais ceux-là, à en croire Lhomme et Davet, n’étaient pas crédibles : ils faisaient de l’idéologie, tandis que les deux compères feraient du journalisme. Quand la presse se laisse ainsi aller à l’arrogance, elle montre son ridicule.
L’idéologie est bien l’écueil du journalisme. Mais, en l’espèce, c’est elle qui a incité les sentencieux limiers du Monde à ignorer la portée des révélations des premiers lanceurs d’alerte. Dès les années 90, le journaliste du Point Christian Jelen, disparu depuis, avait tout dit de la France éclatée, des casseurs de la République, de la guerre des rues. En 2002, les auteurs des Territoires perdus de la République sonnaient à leur tour le tocsin. Votre serviteur a apporté son lot, avec d’autres encore. Cependant, parce qu’il ne fallait pas montrer les banlieues du doigt, ni stigmatiser des minorités, ni discriminer l’immigration, ni contrarier l’islam, ni faire le jeu du FN, une omerta a été avalisée par les autruches à carte de presse. Ceux qui ont refusé cette chape de plomb ont, tous, été marginalisés et caricaturés en fascistes et en racistes. Encore aujourd’hui, le langage médiatique oblige le public à décrypter ses euphémismes, comme le faisait le lecteur de l’Est sous la censure soviétique : un "jeune", une "cité sensible", une "voiture folle", un "déséquilibré", un "migrant" sont des mots flous jetés comme des voiles pudiques.
La violence à l’école et la perte d’autorité des enseignants font partie de ces sujets qui s’observent à l’œil nu depuis des décennies, sans avoir pu percer le mur du déni.