« Bloc-notes : Le poilu, où comment s’en débarrasser… »
Le poilu faisait la guerre à un envahisseur. Il se battait pour protéger sa patrie, ses frontières. Il voulait chasser l’indésirable. Le soldat était prêt à se faire tuer au nom de l’honneur, de la grandeur, du courage. Il croyait en la force des armes. Bref, cent ans après la fin de la Grande Guerre, le poilu a tout pour effarer la délicate Macronie, cotonneuse et complaisante. Quand le chef de l’État s’obstine à faire un lien entre les "nationalistes" d’aujourd’hui et les années 30, il insulte ceux qui ont péri pour défendre la France de ses ennemis. Emmanuel Macron ressemble aux pacifistes de l’entre-deux-guerres. Or ceux-ci furent nombreux à choisir Vichy et la collaboration, au nom de l’apaisement avec Hitler. En fait, le président de la République se montre désemparé devant la bravoure de ceux de 14-18. Il évite de prononcer le mot "guerre", sinon pour dire qu’elle fut et reste inutile. Son "itinérance mémorielle", effectuée cette semaine sur des zones de combats du Nord et de l’Est, a pris soin d’éloigner l’exemplarité militaire, au profit d’une autopromotion souvent déplacée.
Tout à sa dénonciation d’un "nationalisme belliqueux", le chef de l’État en est venu à se contredire sur les héros de la Première Guerre mondiale, qu’il voulait dépeindre en victimes. Aux Éparges (Meuse), mardi, il a évoqué sur Europe 1 "l’absurdité de ces conflits". Peu après, néanmoins, il a annoncé l’entrée prochaine au Panthéon de l’écrivain Maurice Genevoix et, "à titre collectif", de "ceux et celles de 14 " (en référence à Ceux de 14). But de cet heureux choix : rendre hommage à "l’armée victorieuse". Mais si l’armée sut vaincre les Allemands, c’est donc que son sacrifice ne fut pas inutile. La pompeuse "itinérance mémorielle" tient plus de l’errance en marche que du souvenir enraciné. D’ailleurs, le centenaire de l’Armistice fera l’économie, dimanche, d’un défilé militaire. Le chef de l’État, qui n’entend pas froisser Angela Merkel, n’a pas souhaité rappeler la défaite de l’Allemagne. Il ne se rendra pas davantage aux Invalides samedi, où l’armée rendra hommage aux maréchaux de la Grande Guerre, en évitant toutefois le fantôme de Philippe Pétain. Le poilu, ou comment s’en débarrasser.
Le chef de l’État ne veut admettre que ce sont les "nationalistes" qui nomment le mieux les ennemis de l’Occident culpabilisé, de l’Europe passoire, de la France endormie.