Par Pierre-Guy Veer.
Une autre année bissextile, une autre élection présidentielle aux États-Unis. Comme les Républicains les plus influents semblent tous se ranger derrière Donald Trump , sa nomination pour 2020 n’est qu’une formalité.
Mais du côté Démocrate, une chaude lutte à plusieurs se dessine pour savoir qui remportera les primaires du parti. Comme le « super mardi » (le premier de mars, qui inclut des États populeux comme le Texas) n’a pas encore eu lieu au moment d’écrire ces lignes, l’analyse pourrait être incomplète. Néanmoins, la lancée sur laquelle se trouve le sénateur du Vermont Bernie Sanders a de quoi inquiéter.
Oh, il est certain qu’on ne peut pas dire ignorer ce à quoi s’attendre s’il est élu, puisqu’il prône sensiblement les mêmes mesures depuis qu’il est entré en politique active il y a une quarantaine d’années.
Très régulièrement, ses comptes Twitter et Facebook répètent ses slogans familiers contre les milliardaires – il semble avoir délaissé les millionnaires – les pétrolières , Wall Street , les pharmaceutiques et pour les syndicats, une hausse du salaire minimum et des salaires , la nationalisation des soins de santé et d’autres industries .
La fossilisation de l’industrie de la santé
Mais malgré cette constance idéologique, le fait que de plus en plus de gens pensent que ses idées sont non seulement un bien net, mais aussi réalistes, a de quoi sérieusement inquiéter tout libéral qui se respecte.
Concentrons-nous sur son rêve le plus cher (dans tous les sens du terme) : un régime de santé universel « afin de rattraper les autres pays industrialisés. » Il est certain que la santé coûte très cher aux États-Unis : 17 % du PIB, avec des projections allant jusqu’à 20 % du PIB d’ici la fin de la décennie.
Malheureusement, la solution imaginée par Sanders est la pire possible. En effet, diriger le système de santé depuis Washington – et donc avec un moule unique – tuerait toute chance d’innovation. Au Canada, pays qui semble un modèle pour Sanders, il n’y a pas un système de santé mais dix pour chaque province.
Certes, Ottawa réglemente les soins de santé, mais n’a qu’environ 140 pages de lois. En comparaison, l’Affordable Care Act (Obamacare) et les titres XVIII et XIX du Social Security Act (Medicare et Medicaid) totalisent près de 2500 pages de réglementation. « Medicare-for-all » ajouterait donc un autre bottin de réglementation.
Et que dire de son prix. Les estimations varient, mais les plus récentes chiffrent cette entreprise gouvernementale entre 24,7 et 36 trillions (12 zéros) de dollars. Pour vous donner un ordre de grandeur : le PIB actuel chez l’Oncle Sam est à 22 billions, tandis que les dépenses fédérales se situent à près de cinq billions.
Pour financer pour tout cela (et toutes ses autres mesures, trop nombreuses pour écrire en moins de 700 mots), il propose une panoplie de nouvelles taxes qui feraient passer les mesures imaginées par Ayn Rand dans La Grève comme bien timides. Les héritages , la richesse « extrême », les revenus au-delà de 250 000 dollars, la valeur nette, la masse salariale , l’impôt des sociétés ; bref, il veut véritablement « stopper le moteur de la planète ». Et considérant que le Colorado et son État natif du Vermont ont rejeté des propositions similaires, les faire passer au niveau fédéral risquerait de s’attirer les foudres des contribuables.
Encore plus de pouvoir centralisé
Mais qu’à cela ne tienne : Bernie Sanders a l’intention d’émuler Franklin Roosevelt, qui a émis plus de 3700 arrêtés présidentiels pour outrepasser la branche législative. Le magazine socialiste Jacobin l’encourage fortement ; il suivrait la trace de sa collègue Elizabeth Warren, qui prétend pouvoir outrepasser le Congrès pour annuler les dettes étudiantes si elle est élue.
L’éditorialiste Paul Krugman aurait donc intérêt à enlever ses lunettes roses en s’imaginant qu’un président Sanders n’abuserait pas de son pouvoir comme Trump le fait.
Bref, si Bernie Sanders continue sur sa lancée actuelle et si le parti démocrate ne le poignarde pas une nouvelle fois, il est bien parti pour obtenir la nomination démocrate en 2020. Même s’il ne gagne pas, sa projection devant les caméras et l’élucubration de ses idées socialistes sur tous les plateaux sans contrepoids auront un effet durable et dévastateur.
Après tout, 40 % de la population considère le socialisme comme une bonne idée, et plus de la majorité des jeunes adultes sont vendus à l’idée.
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