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Autriche : la non-démocratie européenne.

, par  vanneste , popularité : 8%
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technocrates2Il y a quelques années encore l’Europe prétendait mener de front son approfondissement et son élargissement. La question qui se posait était celle de l’entrée de nouveaux membres dans l’Union et dans la zone euro. Les temps ont changé. L’Euro, une excellente affaire allemande, pénalise les pays du sud. Les inégalités entre les nations se sont renforcées au lieu de se resserrer. Plusieurs pays sont soumis à la purge pour se plier aux critères de Maastricht. Le discours alarmiste tenu à l’Assemblée Nationale par Philippe Seguin se trouve de jour en jour vérifié ( Sénat : intervention de Ph Seguin à l’A.N. 5/5/1992). Les nations européennes perdent leur souveraineté sans gagner la prospérité. Les peuples sont mis entre parenthèses par l’oligarchie des technocrates. Aussi est-il question aujourd’hui davantage du départ du Royaume-Uni que de l’entrée absurde de l’Ukraine ou de la Turquie. En fait, c’est l’Union Européenne elle-même qui sort de la voie démocratique. L’Union Européenne est une anti-démocratie. Les élections autrichiennes viennent de le montrer.

Les Autrichiens devaient élire leur Président. Ils avaient largement placé en tête au premier tour le candidat du FPÖ. Celui-ci avait encore mobilisé 51,9% des bulletins déposés dans les urnes lors du second tour, mais son adversaire est parvenu à renverser le scrutin en sa faveur de 31 000 voix uniquement grâce aux votes par correspondance. Cette victoire à l’arraché a été accueillie par les applaudissements ou au moins les soupirs de satisfaction d’une grande partie de la classe politique européenne et des médias. C’est néanmoins une défaite de la démocratie qui illustre son incompatibilité de plus en plus grande avec l’Europe. L’un des candidats, Norbert Hofer représentait des électeurs qui exprimaient avec lui leur volonté de s’opposer à l’immigration massive et de mettre fin à l’alternance-alliance fastidieuse des socialistes du SPÖ et des populistes de l’ÖVP (qu’on appelle curieusement les conservateurs depuis que le mot « populiste » est devenu péjoratif). Il y avait pour l’Autriche la possibilité d’un nouveau départ.

De partout en Europe sont venus des messages angoissants destinés à l’étouffer dans l’oeuf. Le Président de la Commission Européenne, JC Juncker, l’ancien premier ministre battu dans son confetti fiscalement paradisiaque du Luxembourg, s’est même permis d’exprimer sa crainte de voir la droite pure et l’extrême-droite l’emporter en Autriche, comme si ce Commissaire qui est le chargé de pouvoir des gouvernements élus avait son mot à dire sur les élections nationales. Le Commissaire Moscovici se félicite aujourd’hui de la « résistance » des peuples. C’est cette attitude et cette intrusion qui ont sans doute fait peur à des Autrichiens qui ont vu leur pays mis au ban des instances européennes. Un média titrait : « l’Autriche sous le joug de l’extrême-droite… » ( article euronews ) La fonction présidentielle détient peu de pouvoir à Vienne et ne conduit pas la politique du pays. Le mot « joug » est pour le moins excessif. La seule possibilité de M.Hofer était de dissoudre la Chambre des députés et d’appeler de nouvelles élections législatives. Les deux partis majoritaires actuellement (SPÖ et ÖVP), et qui avaient connu des résultats désastreux au premier tour des élections présidentielles, vont donc garder le pouvoir au mépris du vote des électeurs. Le parti arrivé en tête restera dans l’opposition. Curieuse démocratie où l’on préfère de justesse un candidat « écolo » qui a annoncé qu’il ne nommerait jamais un chancelier FPÖ quelques soient les résultats des législatives de 2018 à un candidat qui promettait seulement de s’en remettre au peuple.

Il est clair que le candidat écolo, à l’électorat hétéroclite, n’a pas été élu pour lui-même mais contre l’autre en raison de la peur suscitée artificiellement à son encontre. L’étranger a donc pesé lourd sur ce vote. Pourtant Norbert Hofer avait été sobre et modéré dans ses propos, comme il l’est habituellement. Il avait dit ne pas souhaiter que l’Autriche quittât l’Union sauf si La Turquie y adhérait. Dans sa région, le Burgenland, le FPÖ et le SPÖ, l’extrême-droite « infréquentable » et les sociaux-démocrates gouvernent ensemble, ce qui montre à quel point l’étiquette d’extrême-droite est excessive et malhonnête pour désigner le Parti de la Liberté d’Autriche puisque tel est le vrai nom en français du FPÖ. Il a dans le passé déjà participé à deux coalitions de gouvernement. La deuxième en 1999 avait déclenché une scandaleuse mise sous surveillance de l’Autriche par l’Union Européenne, annulée l’année suivante faute de la moindre dérive non démocratique. Si dérive il y a, et avec récidive, c’est au niveau de l’oligarchie européenne qui entend s’opposer à la volonté souveraine des peuples. Comme le dit le bon sens populaire, « ça finira mal » !

Le brouillage de l’information et l’emploi de mots stigmatisants cachent l’évolution essentielle qui n’est pas propre à l’Autriche. Des partis qui se trouvent à la droite de la droite approchent de la majorité et du pouvoir parce qu’ils se sont modérés mais avec des idées et des valeurs qui auparavant étaient celles des droites classiques. Celles-ci se sont dissoutes dans la marche aveugle vers une Europe incertaine. Elles ont perdu en chemin l’identité nationale, le conservatisme moral, le patriotisme, la souveraineté populaire. Comment en vouloir à ceux qui vont chercher leurs valeurs là où elles se trouvent. En France, le Front National a prospéré sur la disparition du RPR en tant que parti gaulliste. Dans un pays à l’histoire aussi prestigieuse que l’Autriche dont on semble oublier qu’elle fut l’une des grandes puissances européennes jusqu’à la Première Guerre Mondiale, des traces subsistent : par exemple, les deux sièges subis par Vienne de la part des Turcs Ottomans et les longues guerres qui ont permis aux Autrichiens et aux Russes de repousser les Turcs dans les Balkans. Aussi leur refus d’une Europe qui ouvre ses portes à l’immigration musulmane et qui négocie avec une Turquie de moins en moins démocratique est-elle parfaitement légitime. Il est regrettable qu’il ait manqué une poignée de voix pour se faire entendre d’une Europe sourde à la voix des peuples.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...