Les Français consomment de moins en moins d’eau. L’année dernière, la consommation aurait baissé de 3% à 4%. Il faut dire qu’en avril 2023, 45 départements avaient déjà mis en œuvre des mesures de restrictions des usages de l’eau. Il n’y en avait que 10 en 2022, et 7 en 2021. Par ailleurs, le Gouvernement a lancé, l’été dernier, une campagne nationale en faveur des économies d’eau – « Chaque geste compte ».
On devrait donc se réjouir de ce que les Français aient fourni les efforts qui leur étaient demandés. Eh bien non, car qui dit baisse de la consommation dit baisse des recettes ! Comme l’écrivait Arnaud Bazire, président de la Fédération professionnelle des Entreprises de l’Eau (FP2E), dans une tribune au journal Les Échos en février dernier, « en France, plus vous consommez d’eau, plus vos services publics d’eau perçoivent de recettes ». Et le président de la FP2E de s’inquiéter du « Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau » qui prévoit de limiter les prélèvements d’eau douce à moins de 10% d’ici 2030.
Les Échos du 30 mai reviennent sur cette question car les coûts d’exploitation des services de l’eau sont « appelés à augmenter avec l’évolution de la réglementation » : entre 30% et 50% de hausse d’ici 2030. Par conséquent, une augmentation du prix de l’eau est à prévoir.
Toutes les pistes sont envisagées : hausse de l’abonnement, tarification incitative en fonction de la consommation et/ou de la saisonnalité, taxation des pollueurs (agriculteurs et industriels), mise à contribution des particuliers qui disposent d’un forage (qui pourtant n’utilisent pas le réseau), etc. D’une manière ou d’une autre, la facture d’eau douce devrait à l’avenir être plus salée.
Plutôt que de penser immédiatement à une hausse des tarifs, il pourrait être judicieux de chercher des solutions alternatives, comme le stockage de l’eau de pluie et la réutilisation des eaux usées traitées, très peu développées en France. Il conviendrait aussi d’entretenir correctement les canalisations : 1 milliard de m3 d’eau potable serait perdu en France chaque année à cause de fuites sur le réseau, soit 20% de la production totale d’eau potable. Rappelons que l’organisation de la distribution de l’eau potable, de la collecte et du traitement des eaux usées et pluviales relève des communes et des intercommunalités. Encore un service public défaillant !