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À l’approche des élections, Macron déclare la guerre aux contribuables

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
Article du 22 février

Nous sommes le 26 mai 1981. Le président du Conseil italien Arnaldo Forlani est contraint de démissionner après seulement 6 mois à la tête du gouvernement suite à un scandale impliquant le milieu maçonnique italien, de hauts dirigeants ainsi qu’un des principaux journaux nationaux. Les démocrates, au pouvoir depuis 35 ans, sont contraints de céder le pouvoir.

De ce côté des Alpes, François Mitterrand adresse un message au personnel de l’Élysée. Il s’est installé au Palais 5 jours plus tôt et a dissout l’Assemblée nationale dans la foulée. La campagne des élections législatives ne se fera pas attendre, avec pour principal challengeur un certain Jacques Chirac .

Toujours ce même 26 mai, ce dernier tient une conférence de presse visant à sonner le tocsin de l’arrivée imminente d’une majorité socialiste pouvant déboucher sur la nomination de ministres communistes. La crainte n’est pas qu’une stratégie de communication, puisque moins d’un mois plus tard, le PCF verra nommer quatre de ses membres dans le deuxième gouvernement Mauroy.

Lors de cette même intervention, celui qui aurait contribué de manière cryptique à la victoire du premier président socialiste de la Cinquième république offrira à son auditoire une de ses phrases les plus symboliques, mais également les plus méconnues :

On fait les cadeaux avant les élections et on décide les impôts tout de suite après.

41 ans plus tard, à moins de 50 jours du premier tour, alors que seule une demi-douzaine de candidats disposent de leurs parrainages et que le président de la République rechigne à entrer dans l’arène, la petite phrase de l’ancien chef de l’État mort il y a deux ans et demi sonne comme un écho étrangement d’actualité.

Après deux ans de « quoiqu’il en coûte », Emmanuel Macron semble avoir adopté la politique du chéquier cher à son prédécesseur.

Jean Castex en pèlerinage

Un des piliers du diagnostic libéral-conservateur consiste dans le fait que l’État a remplacé les structures traditionnelles, jusqu’au travail et parfois même l’entreprise dans les régimes collectivistes. Sans aller aussi loin, la religion est également en partie remplacée par la structure étatique qui cristallise toutes les attentes autrefois rattachées au divin : on attend d’elle qu’elle soit à notre écoute, qu’elle pourvoie à nos besoins voire qu’elle nous guérisse. Cette attente est d’autant plus prégnante depuis l’émergence de l’État-providence où l’administration publique s’est arrogé le monopole de la solidarité, remplaçant ainsi également souvent la famille, premier vecteur de solidarité dans les sociétés les moins étatisées.

En France, tous les cinq ans, nous prions à notre façon, dans un isoloir, pour que certains décident quoi faire pour régler des problèmes qu’ils ont eux-mêmes souvent créés. Les hommes politiques sont devenus les apôtres d’une démocratie qui n’est plus la libre concurrence des idées mais celle des intérêts catégoriels pour le contrôle de ce magnifique instrument de spoliation qu’est l’État.

En cette période préélectorale, il est donc à la fois ironique et iconique que ce soit à Lourdes que le Premier ministre Jean Castex se soit déplacé ce jeudi 17 février. Le chef du gouvernement est venu signer un plan de relance pour la cité mariale sobrement intitulé Plan Avenir Lourdes , ou PAL pour les intimes, symbolisant d’avance ce qui attend le contribuable.

En effet, sur l’enveloppe de 100 millions d’euros annoncée, 38 sortent directement de la poche de Paris, les 62 restants étant partagés entre quatre collectivités, dont les recettes dépendent pour moitié des transferts financiers de l’État. Qu’il s’agisse de financement direct ou indirect, 7 euros sur 10 mis dans le PAL proviennent d’un contribuable national, le reste provenant spécifiquement du contribuable lourdais, haut-pyrénéen ou occitan.

Enjamber l’élection

Ne nous y trompons pas : ces annonces relèvent de la stratégie d’enjambement du prochain scrutin présidentiel par l’exécutif. Ce dernier jouant habilement avec la limite entre campagne électorale et gouvernance du pays , il est difficile de ne pas avoir dans les annonces successives autre chose que des promesses électorales déguisées. Le plan d’investissement France 2030, dont l’échéance est similaire à celle du PAL, devrait déployer près de 30 milliards d’euros. Un plan que le chef de l’État détaille dans différents déplacements, comme ce fut le cas le 10 février à Belfort .

Une fin opportune du pass sanitaire par Macron

Autant d’annonces qui ne sont pas sans rappeler le célèbre adage selon lequel « les dépenses d’aujourd’hui sont les impôts de demain et la dette d’après-demain ». Autant d’annonces auxquelles s’ajoute un certain nombre de cadeaux étrangement bienvenus à moins de deux mois de la remise en jeu du mandat macronien.

En effet, la politique sanitaire semble soudainement se distendre, au point que même Jean-François Delfraissy, autrefois chef de file de ceux qu’on appelait alors « les enfermistes » estime désormais, de concert avec son ministre de tutelle, que la fin du pass vaccinal est envisageable pour la mi-mars . Le motif serait un nombre de patients en réanimation qui ne devrait pas dépasser les 1000 à 1500 dans 3 semaines, soit un nombre similaire à celui que l’on connaît durant les périodes estivales. Cette potentielle fin programmée du pass fait suite aux annonces relatives à la fin du masque dans différents lieux clos tels que les écoles où le protocole sanitaire devrait être allégé après les vacances d’hiver.

Or, de la même manière que les dépenses publiques appellent des impôts, il y a fort à parier que le relâchement des contraintes sanitaires en cette période préélectorale ne saurait durer une fois l’élection-reine passée.

Un déluge d’argent magique de la part de Macron

Outre la fin d’un certain nombre de restrictions sanitaires, le gouvernement se permet quelques cadeaux à l’approche du 10 avril.

L’exécutif a ainsi annoncé par exemple une enveloppe de 45 millions d’euros pour la rénovation de l’hébergement des personnes âgées , d’une autre de 270 millions pour la sauvegarde de la filière porcine , d’une revalorisation des salaires des accompagnateurs médico-sociaux et des pensions des retraites des conjoints agricoles ou encore d’une extension du blocage des tarifs réglementés du gaz et le relèvement de l’indemnité kilométrique .

Entre la politique énergétique, la politique sanitaire et évidemment la question du pouvoir d’achat, l’exécutif semble soudainement épouser le podium des principales préoccupations des Français .

Le retour de Hollande bis

En 2016, un an avant une potentielle candidature à sa propre réélection de François Hollande qui n’aboutira finalement jamais, la droite dénonçait « une politique du chéquier  » visant à faire du clientélisme électoral sur le dos du contribuable français avec en ligne de mire près de 4 milliards d’euros de dépenses visant notamment les agriculteurs, les fonctionnaires et les jeunes.

Une politique du chéquier qui n’est pas sans rappeler celle pratiquée depuis septembre par l’actuel gouvernement.

Entre le 2 et le 17 septembre, ce sont près de 6,5 milliards d’euros de dépenses nouvelles qui avaient été annoncées.

À l’approche des élections, Emmanuel Macron rappelle aux Français qu’il est bel et bien l’héritier de François Hollande .

Plus que jamais, les Français ne doivent pas être dupes de la gueule de bois fiscale qui arrivera dans les prochains mois.

Voir en ligne : https://www.contrepoints.org/2022/0...