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11 Novembre 2014.

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imagesCent ans après le début de la guerre qui a préparé la ruine de la domination européenne sur le monde et provoqué la mort de près de dix millions de combattants, on mesure le changement de lecture qui s’est opéré. Ce n’est plus la victoire des Alliés et de la France en particulier sur les Empires Centraux qui apparaît au premier plan. Ce ne sont plus les Maréchaux couverts de gloire sous l’Arc-de-Triomphe. C’est l’extraordinaire endurance des peuples, et notamment des Français, qui dans la boue des tranchées, ont tenu pendant plus de quatre ans face à un ennemi mieux préparé et mieux armé. Prés d’un million et demi de morts français pour deux millions d’Allemands, mais l’Allemagne, qui se battait sur deux fronts, comptait 65 millions d’habitants quand la population française était de 40 millions. Cette dernière recula à son niveau de 1880. Elle avait perdu le quart des 18-27 ans.

L’hommage aux morts et aux souffrances de la Grand Guerre, le devoir de mémoire, ne doit pas cependant conduire à la facilité des discours humaniste sur les horreurs de la guerre et la solidarité des combattants qu’on se plait aujourd’hui à confondre sur les monuments alors qu’ils étaient adversaires. Certains vont même jusqu’à réhabiliter les mutins de 1917. Si la compassion doit embrasser toutes les victimes, il faut cependant distinguer celles qui ont défendu la France, parce qu’ils voulaient préserver sa liberté, c’est-à-dire la leur, et la nôtre. La connaissance lucide des causes et des conséquences de ce conflit suicidaire pour notre continent ne doit rien ôter à la valeur des sacrifices accomplis afin que leur souvenir éveille le courage de la résistance face aux menaces d’aujourd’hui. Que tant de Français aient accepté de mourir pour que la France survive doit nous imposer le devoir de ne pas laisser disparaître son identité et son indépendance.

Pour autant, sans sombrer dans un anarchisme stérile, il faut mesurer l’ampleur du désastre qu’a été en fait la guerre 14-18, et la part prodigieuse que les gouvernants y ont pris. La volonté de puissance des nations européennes a conduit au suicide du continent. C’est l’occasion de rappeler que si le patriotisme est nécessaire, le nationalisme est une folie. Dans le conflit entre la Serbie et son nationalisme héroïque et l’Empire Austro-Hongrois, au patriotisme dynastique un peu usé, mais à la civilisation si brillante, il n’est pas exclu que le second ait apporté beaucoup plus à l’Humanité que la première. Le décalage entre le temps politique et celui de la mécanique militaire, soumise à la nécessité de mobiliser et d’attaquer le plus vite possible a été souligné par Henry Kissinger. D’une certaine manière, le déclenchement de la Grande Guerre est une anticipation du film de Stanley Kubrick, le « Docteur Folamour », qui évoque sur un mode tragi-comique le déclenchement involontaire d’une guerre atomique par des responsables politiques, prisonniers des systèmes militaires mis en place. Kubrick avait également réalisé « Les Sentiers de la Gloire »pour dénoncer le cynisme du pouvoir militaire à l’occasion des « fusillés pour l’exemple ». Dans les deux cas, ce n’est pas le patriotisme qui est en cause, mais le pouvoir.

Alors que les clapotis du marigot politicien français partagent la « une » avec le souvenir des morts de la première guerre mondiale, c’est aussi à une réflexion sur le pouvoir et sur la nécessité de son contrôle que nous convient ces événements. L’irresponsabilité d’hommes avides de pouvoir entraîne le malheur de millions d’autres qui le subissent. De ce point de vue, la France a été servie puisque la victoire si chèrement payée de 1918, a été annulée 22 ans plus tard en raison de ce mélange de bêtise et de lâcheté qui a prévalu dans les sphères dirigeantes de notre pays dans l’entre-deux guerres. Si l’on excepte la parenthèse gaulliste, qui n’a cependant pas évité la terrible fin du drame algérien, la France est un pays particulièrement mal dirigé alors que l’Etat y joue un grand rôle, et que le pouvoir y est plus concentré qu’ailleurs. Le patriotisme du peuple est nécessaire. La dignité, la compétence et la responsabilité des dirigeants ne le sont pas moins.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...