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Témoignage de Jose ARNAU

, popularité : 2%
Cet article provient d'une édition antérieure de NJ.
Publié en 2009

J. ARNAU raconte :

Le 23 mars, j’étais dans Bab el Oued, à la tête d’un commando qui avait pour ordre d’aborder les militaires et de leur demander de leur remettre leurs armes.

Il était 9h30, BEO vivait normalement, circulation, passants, magasins.
La rue Livignston qui est une rue très passante est en sens unique, dans le sens Bd Guillemin vers la place Desaix. Je vois mal un 4X4 ( cela n’existait pas à l’époque) stationner au milieu de la rue sans gêner la circulation, faire demi tour et repartir à contre sens.

J’habitais BBO et je n’ai jamais vu une affiche sur les murs menaçant les gendarmes !

La fusillade a eu lieu devant le 29 avenue Général Verneau à 9 heures 30.
Nous attendions le G.M.C. qui véhiculait « la patrouille du matin ».
Il arrive à l’heure prévue et s’arrête devant le 29 rue Général Verneau à Bab-El-Oued.

Les militaires en descendent, abaissent la bâche sur le dernier d’entre eux. L’intérieur du véhicule, sensé être vide, est ainsi masqué à nos regards.

Nous entourons immédiatement la patrouille qui se forme, comme à l’habitude le plus près possible afin d’être en contact avec les militaires, et de les désarmer, dans le calme, sans violence et sans menace, un procédé qui nous a réussi, une technique déjà plusieurs fois utilisée.

Cette fois là, un piège, inattendu pour nous, va surgir de l’intérieur du camion présumé vide.

La bâche se relève brusquement, accompagnée d’un tir d’armes automatiques, sans sommation, dans une violence accentuée, si possible, par l’effet de surprise !

Il en émane 3 zouaves... français musulmans (?).

Sur le trottoir, civils et militaires, « au contact », du fait d’être étroitement mêlés, sont littéralement fauchés.

Les hommes s’écroulent, les uns sur les autres, les nôtres et les soldats de la patrouille, tués ou gravement blessés.

Les militaires encore en état de le faire, hurlent : « halte au feu ! », ce qui n’empêchera pas l’inévitable.

Ils sont contraints de tirer sur les trois soldats de leur propre régiment, et de les abattre.

Il ne nous reste, une fois de plus, qu’à constater l’indicible : le bilan de cette opération entre soldats de l’armée française :

7 tués et 11 blessés, pour les militaires, 5 tués et 10 blessés pour les civils .

Des patrouilles des forces de l’ordre, alertées par le bruit des tirs, se portent immédiatement au secours des victimes.
Le constat fut établi, qu’aucun civil n’était armé.

La rumeur qui se répand dans les heures qui suivent, accusant les civils d’avoir tiré sur les soldats du contingent, est une accusation mensongère sans fondement.

Dès 13h30, BAB-El-OUED est décrétée en état de blocus total. Nul ne peut y entrer ni en sortir.

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Ils savent (grâce à Achard ?) qu’à partir de cet instant tout l’O.A.S. d’Alger et de sa banlieue se trouve prisonnier dans le Faubourg et qu’il ne leur sera rien épargné.

Les gendarmes rouges et les Zouaves procèdent aux perquisitions violentes et systématiques de tous les immeubles du faubourg.

Je vous rappelle que le "cesser le feu" est décrété depuis le 19 Mars. Et que les trop fameux accords d’ Evian, sont sensés protéger les personnes et les biens !

Les forces de l’ordre procèdent dans le même temps à la récupération de tout l’armement abandonné par l’OAS en fuite, les perquisitions étant effectuées dans ce but.

L’acharnement provoque des dégâts considérables chez les habitants qui ne sont en rien responsables. A noter que des armes légalement acquises, de chasse, voire de collection, seront-elles aussi saisies.

En l’absence des hommes de la maison, des femmes terrorisées jetèrent purement et simplement dans les poubelles et les dépôts d’ordures les armes qui avaient échappé à la fouille !" (fin de citation)

Cette relation a été reprise par le docteur Jean-Claude PEREZ dans son dernier livre, "ATTAQUES ET CONTRE ATTAQUES"----

Mais, il se trouve qu’un autre témoin s’est mis en rapport avec moi, et en me priant de ne pas révéler son identité, m’a demandé d’accorder mon attention à une autre relation qu’il propose du même incident. Ce qui est très intéressant, c’est qu’il situe son récit "à la même heure" et très sensiblement "au même endroit" que les faits relatés par Jose ARNAU.

(F.....)