C’est une douce émotion faite d’un bruissement léger, profond qui va comme une vague partant du cœur en frissons jusqu’aux yeux...des souvenirs de votre cher Lycée !
De mon vieux Lycée...
Tout d’un coup là, dans la demi-obscurité et la douce chaleur de la maison reviennent des parfums : violettes et mimosas. .
Des voix .. des voix encore, des rires, des jeux de garçons ... Votre cher Lycée pour moi, fut ma maison.
C’est difficile n’est-ce pas de parler de la solitude bruyante d’une petite fille qui a grandi entre ses murs, de ses escapades aux jours et heures où vous n’étiez pas là .. ou même quand vous étiez en cours..
Comment dire ces lumières affleurantes qui dessinaient sur les vieilles pierres, au fil des heures, une lumière dorée..
Vous étiez élèves, greffant jour après jour, le savoir et l’amitié dans une toile de maître telle une tapisserie d’Aubusson pendant que moi, je humais, je respirais, j’osais faire du vélo sans lumière à toute vitesse, mélange d’audace et d’inconscience, dans l’immensité des caves du Lycée après avoir tenu un grand discours à Moïse... ou à M. Aubertie.
Vous étiez attentifs, disons... disciplinés, alors que ma curiosité m’amenait tous les matins avant d’aller à l’école, à rendre visite à ces messieurs-dames jusqu’à la lingerie, l’infirmerie, à grimper jusqu’en haut du Lycée, à regarder, accrochée à la hampe du drapeau, le vieux port et la ville… parfois un peu secouée par le vent... et, merveille des merveille, m’installer dans l’atelier de M. Boréda.
Comme j’aime depuis l’odeur du bois !
Vous avez au fond du cœur et de votre mémoire, mes si chers potaches, des noms, des jeux communs, des confidences ... un parcours de vie multiple et si personnel où se mêlent aussi vos propres souvenirs de famille...
Je n’étais en classe ni au Lycée Lamoricière ni à Gsell... Parfois j’ai l’impression d’être comme un électron libre, accrochée par la pointe du cœur dans une histoire de vieux copains …
Moi, j’ai ramené de mon enfance le secret des caméléons, fourmis, lézards qui musardaient sous les palmiers.
J’ai appris avec mon père à observer, noter, me souvenir du comportement de tant de choses, de petites et de plus grosses bêtes qui peuplaient parfois les poches de mon short, au grand dam de ma sœur aînée qui avait une peur bleue des cafards et scorpions !!!
Je crois bien que c’est là, dans un silence relatif où sur le port qu’est née l’envie d’apprendre à observer les comportements humains.
J’ai tellement regardé les élèves qui passaient, les pierres des couloirs, de la façade, du Monument aux Morts, respiré l’odeur de craie de vos salles d’études, fait de tours dans la cuisine du Lycée, de détours dans les salles où les stocks étaient rangés ... qu’il me semble que le Lycée est toujours un peu là…
De nombreux souvenirs du Lycée sauvés !
C’est tout d’un coup la petite fille qui se trouble , qui pense à ses parents , car là, dans tous ces documents, c’est aussi l’histoire, les noms de ceux que j’ai croisés , trop jeune alors, c’est leurs traces, leurs pas..., au fond la Vie du Vieux Lycée de Garçons qui va survivre !
Voilà qui mériterait un jour un livre... Un gros pavé dans la mare de la Mémoire, un faire-savoir de l’existence de ces Michel, Jean, mais aussi Moshé, Moktar, Julio..... non ?
Réveiller les archives, ces belles endormies qui attendaient...
Ce n’est pas une coïncidence... c’est la façon dans ce monde totalement fou et sans repères que prend Dieu pour faire un clin d’œil....aux Potaches et me dire que mon vieux cœur peut bien s’emballer un peu de joie, cela ne lui fera pas de mal !…
Renée IVANES-CHALANCON
fille de l’ancien concierge-infirmier du Lycée François Ivanès