Nous reproduisons ci-après l’allocution de M. Robert PEREZ, président du Collectif Aixois des Rapatriés (C.A.R) lors de la commémoration du 5 juillet dernier devant le Mémorial des Rapatriés d’Aix-en-Provence.
"26 mars 2020
Nous n’avons pu nous réunir et nous recueillir pour commémorer lors d’une cérémonie officielle, la tragédie de la fusillade de la rue d’Isly à Alger, il y a 58 ans.
Plus de 80 victimes innocentes, fauchées par des armes de l’armée française.
"Mon lieutenant …mon lieutenant, …. Criez HALTE AU FEU, je vous en supplie … "
Cette supplique résonne encore dans nos têtes, avec les plaintes des blessés et des mourants qui étaient venus pacifiquement apporter leur soutien aux populations assiégées et mitraillées de Bab-El-Oued.
5 juillet 2020
Mais il était écrit que les Français d’Algérie et les Musulmans attachés à la France devaient continuer de voir leur sang couler, 3 mois et demi plus tard, lors du massacre d’Oran, perpétré par les nouveaux maîtres du pays, barbares sanguinaires déferlant sur une ville où la population se croyait protégée par l’armée française.
Nous savons maintenant ce qu’il advint.
Nous savons aujourd’hui que Paris et le responsable militaire sur place auraient pu empêcher cela …Nous ne les nommons même pas …
Combien des nôtres périrent dans des conditions atroces ? L’horreur, indicible.
Des centaines de martyrs, jetés au "Petit Lac", sans sépulture.
Aujourd’hui, on ne peut qu’honorer leur Souvenir, leur Mémoire et prier pour eux.
C’est ce que nous faisons dans chacun des villes et villages de France où résident encore des survivants de l’Algérie Française et leurs amis, comme ici à Aix-en-Provence, à Marseille, à Marignane et ailleurs.
Nous n’’oublions pas non plus les 2 800 civils assassinés dans les campagnes ou au cours d’attentats dans les villes qui firent des milliers de blessés durant ces 8 années dramatiques.
Nous n’oublions pas les 90 victimes du 20 AOUT 1955 à El Halia.
Nous n’oublions pas les 3 000 civils disparus après le 19 MARS.
Nous associons dans nos pensées le sacrifice des 25 000 soldats morts, dont 15 500 au combat durant ces 8 années de larmes et de sang. Ils sont rejoints dans nos pensées par les 485 soldats disparus, que nos amis de l’Association SOLDIS, recherchent inlassablement pour leurs familles.
Qui nous dira combien de Harkis fidèles à la France ont été tués au combat et pire encore ont été abandonnés à la vindicte des tueurs
Le saura-t-on jamais ?
Ne les oublions pas. Ils ont connu le prix de l’attachement à la France : des larmes et du sang.
Et puisque nous sommes en JUILLET, nous nous devons de rappeler un autre triste évènement qui s’est produit il y a 80 ans à Mers-El-Kébir, le 3 juillet 1940.
Pris au piège dans la baie d’ORAN, 1 297 marins perdirent la vie, tués par nos propres « alliés ».
Que de morts, que de sang, que de larmes sur cette terre Française d’Algérie !
Mais aussi, 4 ans plus tard, sur les pentes de Monte Cassino et sur les côtes de Provence.
Aujourd’hui, le monde continue sa course, inexorablement, et parfois dramatiquement, comme nous l’avons vu ces derniers mois.
Nos rangs s’éclaircissent. Mais tant qu’il en restera UN ou UNE parmi nous, chaque 5 JUILLET, chaque 26 MARS, nous nous recueillerons devant une stèle, un monument ou une plaque pour nous SOUVENIR de ces victimes.
Que ces quelques fleurs que nous allons déposer soient les messagères de toute l’affection que nous leur portons. "
Robert PEREZ
Président du Collectif Aixois des Rapatriés