Monsieur le Maire,

Mon arrière-grand-père est né en plein cœur de la France profonde, dans une famille de « sans-dents », là où il n’existait même pas « une rue à traverser »…. C’est dire … ! Si vous me permettez de l’écrire ainsi.

A l’âge légal, il est désigné pour effectuer son service militaire. Au cours de ces longues années il apprend à lire et à écrire. A sa libération, il est devenu sous-lieutenant des cuirassiers. Il a pour son pays une reconnaissance profonde, une gratitude infinie. Il a 27 ans.

Et en raison de la publicité émise et diffusée à ce moment-là, par l’Etat pour la Nation, il préfère continuer de servir la France et décide de partir en Algérie.

Les tracts, distribués aux jeunes gens, nous racontent l’histoire. Cela commence par : « Jeunes gens - Militaires libérés … Allez aux colonies - » …

Et finira en 1962 par ….. « Restez-y » - tracts de la Vème république : … « … une paix conforme aux intérêts des Français d’Algérie »…

Vous connaissez la suite, quel cynisme n’est-ce pas ? Quel abus de confiance ! Des mensonges à relents d’obscénité ! L’Etat se vautre dans le viol collectif !

Je vous demande, comme premier devoir aujourd’hui, de rendre hommage à ceux que la France a exhorté à servir.

Vous honorez aujourd’hui, celui qui a fait assassiner et massacrer ceux que l’Etat, dont vous êtes le serviteur, a exhorté à rester en Algérie. C’est insensé !

Et dans les urgences, il y a également à reconnaître l’assassinat collectif du lundi 26 mars 1962 à Alger, toujours dans le silence d’Etat, enfoui sous 57 années de plomb.

Avant d’examiner le cas de celui qui a assassiné et fait assassiner dans la haine mais le cœur léger, des civils, des militaires, de jeunes Français de France du contingent, il faudra bien expliquer à ces parents-là que la France d’aujourd’hui veut honorer celui qui a fait assassiner leurs fils.

Veuillez agréer, Monsieur le Maire, mes salutations les plus distinguées.

Simone Gautier