Un texte de Jean Mazard, publié à la demande de Marcel Lizon
NON A L APPELLATION " RAPATRIES "
1°) Suite à la proposition de supprimer le terme de "Rapatriés" du vocabulaire des PN et des noms d’associations :
La terme de Rapatrié m’a toujours heurté car il s’agit d’une personne ramenée dans son pays pour des raisons majeures de sécurité (guerre, catastrophes naturelles etc…)
Ce terme est donc inapproprié.
Je cite la définition suivante :
"Pied noir : Rapatrié qui a dû montrer patte blanche pour rentrer dans son pays."
Marc Escayrol
Encore n’est-elle pas tout à fait exacte en raison du fait que pour "rentrer dans son pays » il aurait fallu que nous y soyons accueilli en tant que Français, et on sait de quelles manières nous l’avons été.
Nous serions des « rapatriés » si nous avions été ramenés dans ce pays dont on nous avait laissé croire que nous étions ses enfants, donc par la volonté des dirigeants de l’époque, ce qui n’est pas le cas.
Pour se retrouver ici, il nous a fallu payer notre voyage de "retour" définitif. C’est peut être pour éviter d’avoir à nous le rembourser que tous les gouvernements de « droite » et de gauche ont fait et font tout ce qu’il faut pour ne pas nous y intégrer.
Quel intérêt y aurait-il maintenant à l’être dans ce pays pourri jusqu’à la moelle ?
"Français d’Algérie" encore faudrait-il que nous ayons été considérés comme tels, sauf lorsqu’il s’est agit de conscriptions (16%) des européens en 1942.
J’ai la triste impression que les européens d’ Algérie étaient plutôt considérés comme de l’élevage en réserve pour les conflits, pendant lesquels l’amère « patrie" en danger était incapable d’assurer sa défense.
A noter qu’après la sanguinaire campagne d’Italie, De Lattre de Tassigny n’a pas pu sur le territoire métropolitain reconstituer les pertes subies à l’aide d’engagements volontaires (excessivement rares). Pour quelle raison allaient-ils s’engager pour terminer le travail déjà accomplis par ces connards de Pieds Noirs bien conditionnés pour le terminer à leur place et continuer à se faire exterminer ?
Nous sommes donc des « expatriés » en France, ce qui n’est pas exact non plus puisque cela sous- entendrait que nous soyons algériens, mais plus certainement des exilés sans patrie, puisque le pays de nos racines n’existe plus.
Celui qui ne nous a pas accueilli ne nous a pas encore permis d’implanter de nouvelles, profondes et durables racines. Il continue de nous traiter comme des moins que rien, sauf s’il s’agit de soutirer les votes de quelques crétins pour mieux nous humilier par la suite avec en plus la complicité de certains d’entre nous, spécialistes idéologiques autoproclamés d’une histoire de l’Algérie qu’il n’ont pas vraiment connue, durant les quelques dix premières années de leurs vie avant leur départ, mais ça leur rapporte.
En tout état de cause, cela fait plus de 50 ans que je sais avec certitude pour qui ne pas voter, car je suis un exilé sans patrie, mais avec droit de vote.
Sommes nous des Européens Apatrides Originaires du Nord de l’Afrique ?
Amicalement.
Jean Mazard.