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Macron veut relancer l’industrie : mais avec quoi ?

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Michel Gay.

Le Président Macron appelle à relocaliser l’industrie sur le sol français depuis plusieurs années, et notamment après « l’affaire des masques ».

Dans cette optique, il est essentiel de disposer de l’énergie d’avenir qu’est l’électricité , en quantité suffisante et à un prix compétitif.

Or, ces deux conditions ont été totalement négligées par le gouvernement à la fois dans le Grenelle de l’environnement de 2007, dans la loi de transition énergétique de 2015, et dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE ) qui vient d’être publiée le 29 avril 2020.

Les productions d’énergies renouvelables intermittentes (EnRI) promus par la PPE (éoliennes marines et terrestres, agro-carburants, méthanisation, solaire photovoltaïque, hydroliennes…) conduisent toutes à une augmentation des coûts.

Aucun objectif de production ni de coûts n’est fixé. Les mesures proposent simplement « de garantir la protection des consommateurs contre les hausses de prix du marché  » et de « de répondre aux besoins de la PPE dans des scénarios de prix bas  » en… faisant subventionner l’énergie par les contribuables (impôts et taxes sur la consommation).

Conjoncture industrielle

Avant la crise du Covid-19, la conjoncture était déjà médiocre, avec seulement 1,2 % de croissance pour 2019, et 1,3 % prévu pour les années suivantes, correspondant au scénario noir (le plus pessimiste) du rapport Coeuré-Chriqui du Centre d’analyse stratégique.

La crise du Covid-19 va aggraver ces chiffres qui vont même devenir négatifs au moins en 2020 et 2021.

En 2019, les investissements industriels sont repartis à la hausse mais malgré cette tendance, les données de l’INSEE montrent encore une baisse générale des affaires dans l’industrie.

Sans une industrie en croissance, il est impossible de répondre aux besoins d’emplois qualifiés et bien payés que demandent les Français qui rejettent toute écologie punitive (Bonnets rouges, Gilets jaunes…).

La transition écologique ne sera acceptable par les Français qu’adossée à une croissance de l’économie et de l’industrie.

L’industrie et l’électricité

L’industrie consomme actuellement 20 % de toute l’énergie utilisée en France, et la part due à l’électricité y est sans cesse croissante. Elle a même augmenté de 54 % entre 1981 à 2011. La compétitivité des industries, et notamment des 523 usines électro-intensives françaises, dépend donc de plus en plus de son prix.

Parmi elles, cinq secteurs se distinguent comme électro-intensifs (cimenterie, sidérurgie, papier, chimie, alimentaire).

Les fonderies d’aluminium constituent un cas extrême dont la compétitivité est exacerbée par la concurrence mondiale. L’Union européenne fragilisée par la transition énergétique depuis 20 ans est désormais tributaire à plus de 70 % de l’extérieur pour ses besoins en aluminium, essentiels pour toute économie du XXIe siècle.

Les investisseurs étrangers reconnaissent que la qualité actuelle de notre système électrique est un des facteurs de compétitivité de la France.

Mais pour combien de temps encore ?

Les décisions incohérentes des gouvernements successifs concernant l’énergie sont guidées depuis 20 ans par l’émotion et des raisons électoralistes et débouchent sur une politique de renchérissement du coût de l’électricité .

En avril 2020, la nouvelle PPE impose de fermer 14 réacteurs nucléaires d’ici 2035 sans prévoir d‘assurer une production répondant en permanence « à la demande », alors que le président de la République insistait le 27 novembre 2019 sur la sécurité électrique et pour ne pas ouvrir de nouvelles centrales fossiles.

Il va y avoir un « léger » problème…

Cette situation inquiète l’Union des industries utilisatrices d’énergie (UNIDEN) qui déclarait en 2019 que relocaliser l’industrie en France nécessite un accès de long terme à une électricité de base non intermittente, décarbonée et compétitive.

En clair, il faut maintenir un parc significatif d’électricité d’origine nucléaire.

Si la déplorable fermeture des deux réacteurs nucléaires de Fessenheim peut passer pour une manœuvre électorale pour plaire aux partis écologistes, la fermeture de 12 autres constituerait un véritable plan de désindustrialisation.

La PPE constate pourtant que la filière nucléaire représente 6,7 % des emplois industriels et que prolonger la vie des réacteurs est bien la solution la plus économique !

Alors pourquoi prévoit-elle d’en fermer 14, fragilisant ainsi la sécurité d’approvisionnement en électricité en Europe et entraînant la suppression de 14 000 emplois ?

Pour se protéger de l’effondrement suite à sa décision de fermeture de ses centrales nucléaires et à charbon, l’Allemagne a annoncé la construction de nouvelles centrales au gaz alimentées par le gazoduc russe Nord Stream 2, augmentant ainsi sa dépendance et celle de l’Europe à la Russie.

Le prix de l’électricité

Bien que les écologistes veuillent l’attribuer au nucléaire, l’augmentation du prix de l’électricité résultera d’abord des surcoûts des énergies renouvelables sur les 25 prochaines années, incluant les subventions garanties aux producteurs.

Par exemple, le prix d’achat de la production des futures éoliennes marines au large des côtes françaises est de 192 euros par mégawattheure (MWh), soit environ cinq fois le prix du marché. Et ce prix sera maintenu jusqu’en 2045.

Quant aux éoliennes terrestres et aux panneaux solaires, ils produiront pendant encore une vingtaine d’années à des coûts nettement supérieurs au prix du marché en incluant toutes les subventions et « soutiens » divers.

Et RTE demande des milliards d’euros pour adapter le réseau électrique aux variations brutales de productions des énergies renouvelables fatales (EnRI).

Tous ces éléments contribueront à l’augmentation du prix de l’électricité pour les particuliers et pour l’industrie remettant en cause l’un des avantages dont disposait la France dans la compétition internationale pour relancer son industrialisation.

Réindustrialiser sera difficile

Pour absorber les 2000 emplois qualifiés perdus à Fessenheim, et malgré les promesses du gouvernement, il n’y a que le plan social d’EDF qui reclasse tous ses salariés sur d’autres sites. Mais il n’y a rien pour les sous-traitants.

Une généreuse distribution d’argent aux collectivités locales (pour acheter leur silence ?) ne recréera pas de véritables activités industrielles pérennes.

Dans son rapport du 4 mars 2020, la Cour des comptes s’inquiète aussi du flou des coûts d’indemnisation (2 à 3 milliards d’euros par réacteur arrêté prématurément).

Malgré les milliards d’euros d’investissements publics prélevés sur les contribuables, l’industrie française dépend totalement des cellules solaires chinoises et sa contribution est pratiquement nulle pour l’éolien (à terre et en mer) et les projets d’hydroliennes marines.

Et contrairement aux technologies de pointe du nucléaire, la majorité des emplois liés aux énergies renouvelables sont peu qualifiés et se concentrent sur le montage et l’installation.

Réindustrialiser la France ne passera donc pas par les EnRI !

La transition énergétique en Allemagne inquiète ses industriels

L’Allemagne ne croit pas aux 100 % renouvelables puisque pour remplacer le charbon (et le lignite), ce pays construit de nouvelles centrales à gaz. Elles émettent certes deux fois moins de gaz carbonique que celles au charbon mais encore… 30 fois plus que le nucléaire (400 g contre 12 g par kWh).

Elles sont aussi moins durables et compétitives que le nucléaire. Il n’est donc pas surprenant que ce pays ait conditionné sa sortie du charbon à la sortie du nucléaire français « trop compétitif »… et réclamé la fermeture de Fessenheim.

De plus, l’Allemagne est aidée par un organisme « allemand » infiltré au sein même du gouvernement français, « l’Office franco-allemand pour la transition énergétique » (OFATE ) qui œuvre au développement des énergies renouvelables en France comme en Allemagne.

Nouveau nucléaire

Un scénario « 100 % renouvelable » imaginé par les tenants de la décroissance signifierait le déclin et la mort d’EDF. Ce producteur d’électricité serait alors concurrencé par de petites entreprises ayant moins de frais généraux et travaillant avec du matériel solaire et éolien importé d’Asie.

Élisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique, admet que certains réacteurs nucléaires puissent être prolongés jusqu’à 50 ans en relais d’un hypothétique 100 % renouvelable, mais elle fait l’impasse sur le développement du nouveau nucléaire en France.

En effet, si les petits réacteurs nucléaires (SMR) citées dans la PPE sont une opportunité pour l’exportation vers certains petits pays, ils ne sont en aucun cas une solution pour la France.

L’industrie est liée à l’électricité à bas coût

En Allemagne, les coûts de production de l’électricité sont supérieurs à ceux de la France mais son prix pour l’industrie y est comparable parce que favorisé par la loi.

En revanche, le prix est deux fois plus élevé qu’en France pour les particuliers, seuls à supporter ces surcoûts de la transition énergétique.

Faute d’électricité compétitive, la France devra faire face au même choix : pénaliser son industrie et/ou ses consommateurs particuliers.

Décider de développer le nouveau nucléaire est capital pour ne pas handicaper notre industrie, voire même pour la relancer, alors que la consommation d’électricité va augmenter aussi dans la mobilité.

Soutenir les EnRI aux dépens du nucléaire, c’est se tirer une balle dans le pied et dépendre de plus en plus de la Chine et de la Russie.

Est-ce bien ce que nous voulons ?

Les politiques (qui le savent forcément) se décideront-ils à agir au nom de l’intérêt général au lieu de courir derrière des intérêts corporatistes et électoralistes ?

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