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Macron, Jupiter, Narcisse, et maintenant Tartufe !

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La lecture attentive du discours du Président de la République à la Conférence des Evêques de France devrait susciter un malaise chez tous ceux qui s’y appliqueraient. Ce sentiment n’aurait rien à voir avec la colère exagérée feinte par les laïcards patentés. Ceux-ci en rajoutent dans la tradition d’un esprit républicain dévoyé qui entretient la guerre civile au lieu de promouvoir le rassemblement autour du bien commun. Pour eux, la laïcité, c’est le refus égal des religions, avec une discrimination négative à l’encontre du catholicisme, qui doit payer aujourd’hui l’inégalité dont il a bénéficié avant-hier. Soyons justes : le niveau du discours d’Emmanuel Macron laisse ces petits esprits sur le bord de la route. Mais, c’est justement sa perfection rhétorique qui devrait soulever nos inquiétudes. On pourrait d’abord se demander si le Président n’est pas un philosophe frustré qui confond parfois la mission qui est la sienne, de conduire le pays dans une voie qu’il détermine, avec le plaisir très narcissique de disserter publiquement en exhibant avec ostentation sa culture. Le nombre des citations et des auteurs cités, le choix des mots étaient autant de signes de reconnaissance en direction de l’élite intellectuelle, avec un soin de balancement méticuleux qui lui fait employer dans un même phrase le concept cher à l’Eglise de « discernement » et celui d’ »anomie », hérité du sociologue républicain Durkheim. C’est une deuxième source de doute, voire de soupçon, que ce talent d’une équipe de communication qui cisèle toujours les allocutions présidentielles en fonction des auditeurs, quitte à se contredire par rapport aux précédentes ou aux suivantes, devant d’autres parterres. Aux « Bernardins », le Président a parlé « catho » comme il a parlé anglais à Davos. La notion de « dialogue en vérité » semble tirée d’une encyclique, la « vocation de l’Eglise » en parallèle au « devoir de l’Etat » pourrait figurer dans une exhortation apostolique. La condamnation du relativisme, voire du nihilisme, c’était du Benoît XVI. Le contenu n’était pas simplement un appel à l’engagement des catholiques dans l’action politique actuelle, c’était aussi, en passant, une révision de l’histoire qu’on n’espérait plus. Il y avait un côté « Français et catholique toujours » dans le rappel du rôle positif du catholicisme dans l’histoire de France, de Jeanne d’Arc jusqu’à la résistance et à la protection des juifs durant la guerre, qui nous changeait de la trilogie « croisades, inquisition, pétainisme » à laquelle nous nous pensions condamnés. Le soupçon d’insincérité naît de la capacité du Président à tenir des propos qui distillent comme une odeur d’encens autour du public à séduire. Ici, l’encens était particulièrement approprié.

D’ailleurs, les autres « communautés » n’étaient pas vraiment oubliées. Au début, le « parcours maçonnique » du Colonel Beltrame est cité comme l’une des trois motivations possibles de son geste. Et à la fin, le dialogue avec l’islam est évoqué. Surtout, d’un bout à l’autre de son intervention, M. Macron a ouvert en grand les fumigènes. Curieux quand même qu’un Président qui doit guider un pays soit si attaché à l’incertitude ! Il est vrai que c’est le Cardinal de Retz, bien venu dans ce contexte, qui disait : « on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens ». Ainsi donc, le Président nourrit avec les évêques un sentiment « confus », puis parle des « réalités contradictoires et complexes », vante la liberté du paradoxe et propose de fonder les relations entre l’Eglise et l’Etat sur le partage des incertitudes. Pour quelqu’un qui dit craindre le relativisme, un tel goût pour le brouillard est inquiétant. Heureusement, quelques arêtes émergent des nappes épaisses. L’Eglise est invitée ainsi affronter la tension entre son idéal et le réel, à se poser des questions plutôt que de détenir des réponses. Son allusion aux familles au pluriel, qu’il précise ensuite pour souligner que la charité de l’Eglise ne fait pas la distinction, est en revanche assez claire : l’Eglise est bien obligée de s’adapter. Le Conseil Economique Social et Environnemental vient de cimenter une nouvelle pierre sur le chemin que l’Eglise ne peut emprunter, mais qu’elle acceptera comme le reste, parce que cela fait partie de la réalité « en marche », l’autorisation de la sédation létale qui est à l’euthanasie ce que l’IVG est à l’avortement. Qu’on ne dise pas que le CESE est éloigné de la pensée élyséenne !

Le Président a aussi parlé des Chrétiens d’Orient. C’est sans doute à ce moment que Tartufe a fait le plus fort. Il est vraiment très charitable à celui qui a été le complice, lorsqu’il était au Secrétariat Général de l’Elysée, d’un gouvernement qui a soutenu les islamistes en Syrie, de penser aux Chrétiens que les rebelles syriens ont massacrés dans plusieurs villes du pays, comme Maaloula. Là, ce n’était pas l’Etat islamique, mais Al-Nosra, dont Fabius disait qu’il faisait du bon boulot… avec les armes livrées par notre pays. Comment ne pas percevoir la duplicité d’un homme qui caresse les catholiques si naïfs pour continuer son OPA sur l’électorat de droite et qui se dit prêt à prolonger la guerre en Syrie en attaquant un gouvernement, que les chrétiens soutiennent, pour complaire à son généreux client saoudien ? La complexité est estimable, sauf lorsqu’elle n’est que le refuge de l’hypocrisie !

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