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Les gens de mon quartier en 1950

, par  lesamisdegg , popularité : 4%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Les gens de Victor Hugo à ORAN, parlaient Pataouète, mélange d’espagnol francisé, d’expressions et de mots tirés de l’espagnol, du français, de l’italien, de l’arabe. Mes parents parlaient espagnol avec mes frères et ma sœur aînée, ils s’adressaient à ma jeune sœur et moi en français. Lorsque que ceux-ci ne voulaient pas que l’on comprenne ce qu’ils étaient en train de dire ils disaient en espagnol « papel blanco« (carre blanc).

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Cette population cosmopolite était riche par le cœur, et, souvent c’était notre propre malheur que nous tournions en dérision. Dans mon quartier, il y avait des lieux et des personnages hauts en couleurs, caricatures de notre mode de vie, mettant en scène les détresses de certaines situations. Il était constitué par des pâtés de petites maisons basses tassées les unes contre les autres, j’habitais l’un de ceux-ci que l’on appelait du nom de sa propriétaire. Parfois de la rue, il suffisait de pousser une porte pour accéder à une cour intérieure autour de laquelle il y avait plusieurs habitations de deux ou trois pièces, sombres et humides dans lesquelles s’entassaient des familles nombreuses, parmi les plus célèbres de ces cours il y avait :

- EL PATIO LABIRENTE , cour intérieure formée de ruelles étroites et tortueuses formant des impasses comme un labyrinthe d’où le nom en espagnol de labyrinthe.

- EL PATIO A REMEDIO ou SIETE (N° 7 de la rue) ou SIETETINA (y vivait 7 familles) situé en face de l’épicerie Keller, devenue par la suite épicerie Romboni, même configuration d’une dizaine d’appartements de deux ou trois pièces sombres et humides sans eau ni électricité donnant sur une cour où se trouvait une unique fontaine servant de point d’eau pour l’ensemble des habitants.

Malgré les aléas de cette promiscuité, la pauvreté, la vie se déroulait avec entrain et joie, toujours une histoire pour rire, un chant ou le son d’une guitare. Rémédio était là pour l’entrain, c’était une femme vive dynamique et enjouée avec une fort jolie voie, à elle seule c’était un spectacle. Qui n’a pas connu « Pitiilimaçon, Rémi el Tonto, Pépica la létchéra, El Jholatero, Juanito catcharo, Patricio-tarzan, Padéla l’ivrogne, Ayouciyoubé, Marie-cochon, El cojho.

PITIILIMACON c’était un petit homme crasseux, pouilleux, en haillons, ses cheveux étaient ébouriffés, il avait de tout petits yeux tchoutchourios y lagagnossos, son surnom est probablement dû à la contraction de deux mots, petit, et, maçon prononcés par un indigène « piti li maçon ».

REMI EL TONTO : c’était un accordéoniste des rues un peu simplet qui déambulait avec un vieil accordéon jouant faux.

PEPICA la lèchera : c’était une femme grande et forte qui vendait le lait de ses chèvres.

El JHOLATERO, ou, JUANICO CATCHARO, vendait dans les rues des casseroles et poêles en criant « jholatero, jholatas ! ».

PATRICIO dit AYOUCIOUBE, un simplet parcourant les rues du quartier de Victor Hugo, toujours vers la même heure tantôt faisant Tarzan, ou, bien Zorro.

PADELA était un ivrogne issu d’une famille musulmane connue et respectable, inoffensif dans les premières années, il avait pris l’habitude d’insulter les gens dans la rue, Il est mort en 1958 au cours d’une bagarre qu’il l’a opposé à deux jeunes arabes d’une vingtaine d’années, qu’il venait de traiter de « sales zarabes ».Au cours de cette bagarre, ceux-ci, lui ont fracassé le crâne à coups de pieds, cela s’est déroulé boulevard de Sidi Chami pas très loin de l’église de Delmonte, vers le bidonville qui s’était constitué sur un terrain vague entre le quartier de Cavaignac et de Bastié dans un secteur que l’on qualifiait à risque.

MARIE-COCHON : c’était une femme qui vivait seule, ou, presque, elle habitait avec ses cochons comme d’autres avec leurs chiens.

EL COJO dit LA MADRE : c’était un boiteux, un pied-bot, que les jeunes du quartier en bisbilles venaient consulter afin de régler leurs différends d’où le surnom de madré qui signifie mère en espagnol.

D’autres personnages plus anodins ont animés le quotidien de la vie de mon quartier, il y avait ce vieil homme marchand de calentica poussant son carrico, (chariot en espagnol), qui à 11h30 le matin, à la sortie de l’école, nous vendait pour « 5 sous », une tranche de calentica toute chaude qu’il saupoudrait avec un mélange de sel et de poivre. L’après-midi à 16h30 il arrivait avec son carrico nous proposer des piroulis au miel.

Je me souviens de l’arabe marchand d’eau agitant une clochette et criant « agua, agua fresca ! », il portait en bandoulière une outre faite en peau de chèvre à laquelle étaient attaché des quarts en métal blanc.

L’indigène, marchand de tchoumboss (figues de barbaries), criant « tchoumbos ! sé caguo ! » qu’il nous décortiquait habilement sur place, et, ….sé caguo pour désigner des escargots, cela nous faisait rire car « sé caguo » en espagnol signifiait « se chier ». Ces petits escargots gris nos mères les préparaient généralement en frita, ou, en sauce piquante. Un autre marchand, lui s’écriait « cacaouètèss, cacaouètèss toutes chaudes, torraïcos ! ». (pois chiches grillés).

Je me souviens de la mercerie de mademoiselle Yvonne située à Bastié, de l’autre côté de la voie de chemin de fer, où, nous allions acheter des bonbons que nous partagions, des berlingots, les boites de coco de Calabre que nous léchions, ou, les bâtons de réglisses que nous mâchouillons.

Dans mon quartier, le soir venu, à la belle saison, les gens sortaient s’asseoir sur le pas de leurs portes, sur des chaises, ou, sur le trottoir pour discuter « tchatcher  », se raconter les histoires du quotidien parfois de manières ironiques ou caricaturales, il y avait toujours quelqu’un pour faire le pitre et raconter des blagues, parfois les enfants écoutaient les anciens raconter les histoires de familles .

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Ou alors, nous jouions « aux quatre coins »,« à cache- cache », ou bien, « à tchintchi-ribola queso de bola « , (les initiés sauront ce que cela veut dire), à Bourro flaco, Capitoulé. En ce temps-là, nous n’avions pas de Gameboy ni de play- station, nous jouions aux billes, des billes en terre cuites, des billes en verre que nous appelions des Agates, ou bien, des boulitchis, (billes provenant des roulements à billes). Nous jouions à la jholata, aux pignols (noyaux d’abricots), aux osselets, aux carrelettes, les filles jouaient à la marelle, les garçons au pitchac, ou encore, nous allions au petit lac jouer aux pirates, nous faisions mancarota, ce qui signifiait faire l’école buissonnière. Nous construisions des carricoss (ancêtre du skate board), il nous suffisait de 2 planchettes de bois de 3 ou 4 roulements à billes, et, c’était l’aventure sur les rues en pentes du quartier.

Nos mamans nous faisaient des plats consistants pour caler nos estomacs affamés. Nous mangions des loubias (genre de cassoulet) avec ou sans saucisses, des pois cassées, des lentejhas (lentilles), des potajhes parfois viudos c’est à dire sans viande avec des cotes de blettes, puis, les fameuses migass avec leurs côtelettes espagnoles, (nous appelions ainsi les sardines salées et séchées). Nos mères savaient accommoder les sardines de diverses manières, grillées, cuites, en escabèche, en beignets. Le dimanche, parfois, nous avions le droit « à la carné que se véa », c’est à dire de la viande, ou, une volaille (selon l’état des finances). Pour les fêtes, elles nous préparaient les mantécaoss, les rollicoss, Le dimanche matin nous faisaient des bignouéloss, ou, des tayoss.

A Pâques, c’était dans la bonne humeur que nos mères allaient faire cuire la Mona au four du boulanger. Les enfants avions notre petite mona avec « au-dessur » un œuf cuit que nous décorions parfois. En attendant qu’elles soient cuites, c’était la tchatche pour les femmes du quartier. A Paques c’était aussi le temps des bilotchas (cerfs-volants) que nous faisions avec des bouts de roseaux fendus, et, du papier journal, nous leurs donnions la forme de barrilétèss, de bacalaoss, ou de lunass, en guise de colle nous utilisions de la farine et de l’eau, des bouts de chiffons noués servaient de queues.

Avec peu de chose et beaucoup d’ingénuité nous jouions dans les rues de Victor Hugo, Bastié. Je me souviens du petit train que nous faisions à partir de boites de sardines vides, que nous amarrions les unes aux autres, les chargeant de terres, de pierres, et, que nous tirions avec un bout de ficelle. Notre vie était simple, et, s’adaptait aux rythmes des saisons. L’hiver, doux et clément était marqué par les fêtes de Noël, 3 petits soldats de plomb, et, une orange, les mantécaoss, et, rollicoss, les dattes confites que nous allions acheter chez Soussi à la sortie des écoles (5 sous la poignée). Le printemps, c’était le temps de l’éclosion des milles et une couleurs, le rouges des coquelicots dans les champs d’orges, et, de blés durs qui ondulaient sous le vent léger des mois de Mars et Avril, le blanc parfumé de la fleur d’oranger et du jasmin odorant du jardin de mon grand-père, de la traditionnelle fête de Paques, et, de la Pentecôte, de ses sorties à Misserghin, à Aïn-franin, ou, à la forêt de M’sila, pour les plus aisés d’entre nous. L’été commençait par la foguera (les feux de la saint jean), et se poursuivait par les après-midi torrides du mois de Juillet et Août, avec le sirocco, vent chaud qui desséchait tout. Il n’y avait pas un chat dans les rues au moment de la sieste. Pour les plus chanceux les sorties en famille à la plage (aux genêts, à la cueva del agua, à Kristel)….en Automne, c’était le temps des figues, des jujubes, des grenades, des tchoumboss, des fourmis d’ailes (Aludes, ou, fourmis volantes) qui nous servaient d’appâts pour les pièges à oiseaux qu’avec mon frère Roger nous allions poser à la marsa, prés de la Sénia, de la capture des chardonnerets au moyen d’une cage à trappe, ou des bâtonnets de glues.

Voici quelques noms des gens, d’amis, vivant dans mon quartier qui forment mes souvenirs : à Bastié rue facio, Anica la cantinera, Martinez le coiffeur en face l’épicerie Bareto, sur le haut faisant angle avec le bd de sidi chami Selva, une rue en dessous Soler, Kaplan, les Vaquero, le vieux marchand de calentica, la famille Vera, plus bas en direction du passage à niveau, rue Facio la mercerie de Mlle Yvonne, le marchand de glaces Manolo et Maravilla, en face la famille Hostein (louisou). Rue de Vauconson les Carasco (marcel, lucien, perito), Estève (Claude, Norbert, Yolande), Martinez, et son frère Georges, Mme Chantreux, Ramirez, Ribés Francis, la maison de Mme Pelloux. Rue Gal Bruat (coté Bastié), Pujol, Barcelo, le dépôt de charbon de Roccamora, Mme Tari l’infirmière, le dépôt de la Cipon, les Sanchez ; Rue Jarsaillon les Romero (pépica la léchera, et, charlot). Rue Krauss de l’autre côté de la voie de chemin de fer Oran Colomb Béchar, Garcia Albert, mes cousins Garcia manu Gilbert, Thérèse, Jeanine, mes cousins Fuentes et Ramos, puis M Benamou le cordonnier et ses enfants jasnhia (au destin tragique) Zora, Fatima et Mohamed, plus loin la famille Anton, robert et Daniel et leurs sœurs. En remontant la rue courbi de coignard les Castejon (Ninette), la famille Mira par la suite la charmante Geneviève Boismoreau et ses parents venu de la région nantaise créé le magasin Primax, puis, mes parents, mes frères joseph Roger mes sœurs Denise Odette et moi Claude, en face le marchand de cycle Ben Abbou, Ortega Michel, la menuiserie Saguero .Rue de Suffren mes cousins Garcia marcel Gilbert, Yvonne, plus loin les Fronton, en face l’école de Victor Hugo son directeur M Abadie, ainsi que, la concierge de l’école de Victor Hugo , Mme Cortes et ses 3 enfants Claude Yvon et Alain, puis le poste de police qui faisait angle avec l’école M Régir le brigadier de police, sur l’autre trottoir les Vargas, puis la petite mercerie, et la boucherie Abouche, plus bas les familles Pichon et Ivars les Penales l’épicerie Gumiel l’épicerie Soussi. En revenant sur le passage à niveau non gardé vers le bd de sidi Chami les Caravajal, et, ma cousine Josiane garcia. Rue de Bône Gomez. Coté extérieur la Shell avec son entrée rue herbager, vers la place korte l’épicerie Aberca, Jourdan, la famille Pico. Rue gal Vinoy, Schmidt puis l’épicerie Keller devenue Romboni, en face le cordonnier Benamou, le patio à Remedio, les Rodriguez Alejandro, Stani, Ben krouf, les Diez (Paquito), l’épicerie Ravasco, en face, les Bogi. Rue zouave Crémades, en face du jeu de boules, les Ruiz, l’épicerie Moreno. Rue de Guelma les Cano, les Ripoll et Mme Maréchal (catéchisme).la marchande de poisson Madame Perez (la malaguenia)….

Claude GARCIA de Tirigou

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