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Le rôle positif de la France outre-mer. (I)

, par  vanneste , popularité : 7%
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mariannefragmentLe dérapage de M. Macron en Algérie n’est pas une anecdote. C’est un fait puissamment révélateur, un fait d’une haute portée symbolique, dans un domaine, la politique, où les symboles sont souvent plus importants que les faits eux-mêmes. Ce pur produit de l’ère du vide et de la civilisation du spectacle, cet énarque sûr de lui, a trouvé naturel d’aller en Algérie parler de la colonisation comme d’un crime contre l’humanité, une barbarie. Apparemment, c’est stupide. En fait, cela traduit un cynisme et un mépris que l’image dessinée par les médias tente en vain de travestir. M. Macron inscrit ce qui lui tient lieu de pensée dans les stéréotypes de la gauche : il y a des dictatures fréquentables, comme Cuba ou l’Algérie. On peut sans vergogne y salir l’image de la France, en pensant aux très chers immigrés qui vont voter demain, et beaucoup moins aux Pieds-Noirs ou aux Harkis, que l’Histoire a balayés. Ils ont été bien gentils les rapatriés qui sont venus lui parler. Sa réponse, curieux mélange de de Gaulle ( je vous ai compris) et de fausse sentimentalité à l’américaine ( je vous aime) qui ne pouvait que raviver les blessures mémorielles des rapatriés ne soulève qu’une question : est-il un salaud d’arriviste cynique ou un pantin débitant des phrases stéréotypées dont il ne maîtrise pas la signification ?

Il paraît qu’une moitié des Français est pourtant d’accord avec les propos honteux de ce personnage. En fait, cela n’a rien d’étonnant puisque les médias, après l’Education dite « nationale », décérèbrent les Français en permanence. La « droite », celle de Chirac, notamment, n’a pas été la dernière à abandonner le terrain à l’adversaire, quand elle ne s’en faisait pas la complice. En 2004-2005, j’ai vécu cette désertion idéologique, et sur le même sujet. Lors de l’élaboration de la « Loi portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés », j’avais introduit un amendement qui fut approuvé à quatre reprises par les parlementaires, deux fois par les députés, une fois par les sénateurs, et à nouveau par les députés en repoussant une motion socialiste. Le texte en était équilibré : » les programmes de recherche universitaire accordent à l’histoire de la présence de la France outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu’elle mérite. Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l’histoire et aux sacrifices des combattants de l’armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit. » Il s’agissait pour moi d’apprendre aux jeunes Français qu’ils pouvaient être fiers de ce qui avait été réalisé dans les colonies et de ce qui aujourd’hui encore se fait dans la France d’Outre-Mer. La comparaison entre Haïti qui s’est « libérée » et les Antilles françaises est éclairante. Le rappel du rôle des combattants, pieds-noirs ou musulmans, avait pour but de réunir les jeunes, métropolitains, immigrés, rapatriés ou harkis, dans une même célébration de la mémoire. La gauche, tardivement réveillé, sans doute par l’Ambassade d’Algérie, a attaqué ce texte. Des historiens ont affirmé que le Parlement ne devait pas interférer avec leur travail et l’enseignement qui en découle. Chirac a fait en sorte que le Conseil Constitutionnel annule ce texte. Peu importent les arguties utilisées, la Loi Taubira qui impose l’enseignement de l’esclavage restreint à la traite négrière atlantique est, elle, toujours en vigueur. L’Histoire peut-être contrôlée par les parlementaires lorsqu’ils lui imposent, à gauche, de médire de la France.

Il est pourtant facile de défendre la colonisation française. Elle n’a pas exterminé de populations. Elle ne les a pas remplacées. Elle ne les a même pas forcées à abandonner leurs croyances. Ce ne sont pas les Français qui ont colonisé l’Amérique ou l’Australie. Les Espagnols ont converti ou massacré. Les Anglo-saxons ont remplacé ou exploité. Comme l’a montré Jacques Marseille, la colonisation française a globalement été une mauvais affaire. Si on met à part l’exploitation sucrière sous l’Ancien Régime, évidemment liée à l’esclavage, la seconde colonisation, au XIXe siècle, celle qui est en cause pour l’Algérie, pour l’Afrique en général, pour Madagascar et pour l’Indochine, a engendré plus de dépenses que de profit. Elle a permis à la France de conserver une place enviable dans le monde, et elle a joué grâce à l’Empire un rôle déterminant après le désastre de 1940 et pour la Libération. Mais elle a freiné le développement de la Métropole et sa modernisation. Les industries déclinantes se sont maintenues grâce aux débouchés coloniaux alors que la concurrence internationale hors Empire a favorisé la productivité et l’innovation. L’abandon de l’Empire dans les années 1960 a d’ailleurs correspondu à un rebond de notre compétitivité et de notre économie. Au delà des investissements directs, les crédits offerts par la France à ses colonies pour financer leur déficit structurel a représenté entre 1900 et 1970 trois fois le total des aides américaines entre 1945 et 1955, et quatre fois les emprunts russes. Le but n’était pas économique. Il s’agissait de faire rayonner la civilisation française. Cette finalité « ethnocentrique », selon le terme de Levi-Strauss a été revendiquée surtout à gauche de Ferry à Blum. La droite était réservée voire hostile.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...