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La révolte des Oubliés ne fait que commencer

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« La révolte des Oubliés ne fait que commencer »

Le comité consultatif national d’éthique rendra son avis, mardi, sur le projet du gouvernement d’étendre la procéation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules. Samedi, à l’invitation des Universtés d’été de la Manif pour Tous, j’ai assez longuement abordé un thème qui m’est cher : celui du réveil de la société civile. Je publie ici l’introduction de mon intervention.

Nous vivons un moment historique, qu’il s’agit de ne pas louper : ce moment unique est celui du réveil des nations, du réveil des peuples, des cultures, des consciences, des intelligences collectives.Une même lucidité, un même sursaut vital se généralisent en Europe. Cette réactivité, que certains voudraient présenter comme une menace, est celle de la démocratie retrouvée, tout simplement. La menace est chez ceux qui s’en effraient.

Nous tous, qui sommes décontenancés par l’état d’abandon du pays et par la pauvreté extrême des débats, avons la possibilité de reprendre notre destin en main. Nous, société civile, pouvons recréer une dynamique, une rupture, une révolution en somme.

Des vides sont partout à remplir, tant la réflexion a laissé place aux discours clonés, imposés, autoritaires. L’idéologie a arasé les débats et réduit la démocratie comme peau de chagrin.

L’enjeu est donc de participer à la coécriture de l’histoire, en palliant les impensés, les défaillances, les somnolences, les interdits du pouvoir politique et médiatique.

Il s’agit, dès à présent, de profiter de ce mouvement d’impatience qui se généralise pour réveiller ceux qui dorment et apporter la contradiction à ceux qui raisonnent (enfin, c’est un grand mot) par mimétisme et par slogans, prisonniers qu’ils sont d’idées devenues dangereuses pour les peuples et pour la personne humaine.

Si nous, société civile, voulons tenter de reconstruire, au moins en partie, ce qui a été déconstruit, une place essentielle est à prendre dans le débat public, ici et maintenant. Quitte à descendre dans la rue si cela devient utile.

Langage de vérité

Je l’observe tous les jours, depuis des années : il y a, au cœur du peuple français, une aspiration à un langage de vérité, suscitée par le constat des désastres accumulés par trop de pensées fausses, trop de dénis des faits, trop de propagandes.

Les réseaux sociaux, qui permettent de contourner les médias, leur monopole et leurs choix, fédèrent déjà facilement cette exaspération collective.

J’en fait l’expérience quotidiennement avec mon blog, diffusé par Le Figaro, que j’ai appelé Liberté d’expression. Il est devenu, depuis plus de dix, ans un vrai forum ou s’écrivent les nouveaux cahiers de doléance. J’y puise moi-même des idées pour mes blocs-notes. Les éditorialistes professionnels sont souvent moins originaux.

La France silencieuse a les moyens techniques de prendre la parole. Elle a les moyens intellectuels de la garder.

Cet accès à la libre expression est devenu une arme redoutable pour faire démocratiquement pression sur ceux qui ont détourné le pouvoir à leur seul profit.

Cette arme du Verbe, il faut en user, en abuser. Le pouvoir à prendre est d’abord celui de la Parole.

Cette arme est d’autant plus redoutable que le sursaut démocratique, on le voit, est désormais partout semblable en Europe. Sa force, celle du nombre, en devient donc considérable.

Insurrection civique

Ce que nous vivons, en France et ailleurs, à toutes les caractéristiques d’une insurrection civique : l’insurrection de citoyens qui, depuis 50 ans, ont délégué leur sort à des représentants qui ne les ont pas toujours entendus, quand ils ne les ont pas méprisés, voire trahis.

D’ailleurs, ces dirigeants en place n’aiment pas ce vent qui se lève. Le président du Sénat (qui n’est pas le pire) a eu récemment cette réflexion significative de l’inquiétude des élites, quand il a confié : < On court le risque de voir les peuples se réveiller >.

Oui, mais c’est déjà fait. Les peuples se sont réveillés. Et ils ne sont pas prêts de se rendormir. Les dirigeants ont raison de s’affoler du courant protestataire qui conteste leurs bilans, singulièrement dans ce qui a trait à l’humain, à sa fragilité, à sa vulnérabilité, à ses aspirations spirituelles.

C’est d’ailleurs le grand paradoxe de cette mobilisation qui parcourt l’Europe : elle est menée par des hommes et des femmes qui ont à affronter ceux qui se disent avantageusement humanistes, mais qui ne voient rien, n’entendent rien, des inquiétudes et des souffrances qui s’expriment chez leurs compatriotes.

Force est de constater que ces drôles d’humanistes n’aiment pas tous les gens.

Ce qui s’observe, ce que j’observe depuis longtemps comme journaliste attaché aux questions de société, c’est la montée en puissance d’une révolte chez les Oubliés qui n’ont pas accès à la parole ou qui se voient imposer le silence, la relégation, par la pensée dominante.

C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de me faire l’un des porte-voix de cette colère, que je partage bien souvent. Je la crois motivée par des sentiments de tromperie, d’abandon, d’injustice, de vulnérabilité. Ces sentiments, je les éprouve également. Ils sont les moteurs d’une révolution.

La Manif pour Tous a été, en 2013, l’incontestable pionnière dans ce réveil protestataire d’une société naguère silencieuse. Mais rien n’est venu, depuis, apaiser les craintes liées aux manipulations de la nature humaine, manipulations rendues possibles par une science sans conscience.

Demain, vous le savez mieux que moi, si rien ne vient faire obstacles aux docteurs Folamour et aux exigences consuméristes de clients ne voyant pas plus loin que leur droit à l’enfant, il sera possible à l’homme-dieu de tuer le miracle du vivant. Il lui sera possible de fabriquer et de vendre des bébés produits en laboratoire. Le meilleur des mondes, d’Aldous Huxley, n’est pas loin.

Ce monde infernal est même à portée de mains. C’est lui qu’il faut combattre, en visant la tête, c’est-à-dire l’idéologie qui est derrière tout cela.

Pensée dominante

Le réveil de la société civile déborde néanmoins de la sphère familiale. Il pose le problème plus général de l’avenir de notre civilisation, menacée par la pensée dominante, prête à tous les accommodements, à tous les renoncements, au nom de < l’ouverture d’esprit. >

Mais, justement, où est l’esprit aujourd’hui ?

Cette pensée dominante est sèche, sans âme, mesquine. Elle est celle du relativisme et de l’individualisme, et de son monde plat, matérialisme, imperméable à toute idée de transcendance.

Son influence est pourtant considérable. Elle est comparable, dans sa dialectique, à ce que fut celle du marxisme naguère. Je m’en expliquerai un peu plus loin.

Cette nouvelle idéologie consiste à faire croire que tout se vaut, dans la promotion d’un grand trou de mémoire, d’une amnésie collective, d’une table rase prélude à l’Homme nouveau.

Tout est indifférencié, remplaçable, utilisable, négociable : un peuple en vaut un autre, mais aussi une religion, une culture, une civilisation, une identité, une filiation. Plus rien ne différencie non plus le citoyen de l’étranger.

Dans cette logique, le beau vaut le laid, le bien vaut le mal, la musique vaut la variété, l’art vaut le barbouillage, etc.

L’homme lui-même ne se différencie plus de l’animal. Certains intellectuels américains (j’y reviendrai tout à l’heure) sont prêts à donner raison à Stéphanie de Monaco quand elle déclare que < les animaux sont des hommes comme les autres >.

Dans ce principe de non-discrimination et d’égalitarisme, il n’y a plus non plus de sexes. Il n’y a plus de différence entre l’homme et la femme.

Il est possible de choisir d’être l’un ou l’autre. Tout peut s’échanger, se commercialiser. L’homme peut devenir un produit comme un autre.

Mur des Bernés

Ce relativisme est un poison. Il est porteur d’un monde uniforme, technique, sans affect, totalitaire en somme. Ce monde est pareil à un mur, qui resterait à abattre. C’est ce mur, justement, qu’il faut mettre à bas.

Symboliquement, je comparerai ce mur idéologique à celui de Berlin, qui s’est effondré il y a près de trente ans sous les mensonges du communisme et le poids des évidences.

Je propose de nommer ce mur-là le Mur des Bernés. Car nous sommes tous des bernés. C’est bien ce sentiment de tromperie et d’abus de confiance qui est commun à tous ceux qui contestent aujourd’hui la politique de l’autruche des promoteurs du relativisme.

Les adeptes du déni croient pouvoir isoler le monde réel derrière des constructions édifiées cul-pardessus-tête. Mais ces gens-là se trompent : les désinformations et les propagandes ne peuvent rien contre la force des faits.

Les réalités sont le meilleur allié des peuples réveillés. Elles sont vos meilleurs alliés. Et le libre Internet, que l’Etat aimerait tant contrôler, leur offre une formidable caisse de résonnance.

Mais ce vent de l’histoire qui s’est levé partout en Europe est, plus profondément encore, une révolution conservatrice. Elle n’en est qu’à ses prémices.

Ce mouvement réactif est particulièrement sensible dans la France profonde. La Manif pour Tous l’a prouvé en 2013 en multipliant spectaculairement, avec un savoir-faire remarquable, les manifestations de masse que les < progressistes > seraient bien incapables de susciter aujourd’hui.

Cette révolution conservatrice est la nôtre, la vôtre. Elle peut préfigurer le monde de demain si elle est menée intelligemment. Elle s’observe déjà aux Etats-Unis comme en Europe. Elle se nourrit des impensés d’un progressisme ayant produit, depuis cinquante ans, beaucoup trop d’erreurs et de désastres humains.

Cette révolution conservatrice, qui veut renouer avec la mesure et le réel, a des objectifs qui font sa force : elle entend protéger aussi bien la nature que la culture, les nations que les familles et les enfants qui y naissent. La patrie, littéralement le pays des pères, est intiment liée à la filiation.

Ceux qui voient dans ce grand mouvement de fond un rejet de l’esprit de mai 68 ont raison, même si tout n’est pas à rejeter dans cette révolution d’enfants gâtés qui a malgré tout libéré la société de rigidités parfois excessives. C’est l’adolescent de 1968, j’avais 15 ans, qui parle là.

Noms d’oiseaux

Mais rien n’est plus sain que ce nouvel esprit contestataire qui gagne une opinion sensible aux lanceurs d’alerte.

Certes, les noms d’oiseaux ne vont pas manquer, chez ceux qui croient détenir la vérité au prétexte qu’ils seraient progressistes. Ils ne voient rien de leur propre régression.

Ces beaux esprits vont dénoncer, chez vous, les obscurantistes, les populistes, les réactionnaires, les racistes, les homophobes, les extrémistes, la fachoshère, le retour aux années trente, la lèpre qui monte, les propos nauséabonds et que sais-je encore. Des juges en viennent même à exiger l’expertise psychiatrique d’un responsable politique, comme au bon vieux temps de la psychiatrie punitive en vogue en URSS. Des pétitionnaires réclament la tête d’un journaliste mal pensant.

Personnellement, cela fait des décennies que je supporte ces procédés de diabolisation de la meute, qui sont les b a ba de la pensée totalitaire.

Ces procédés ont pu intimider, et intimident encore probablement certains. Mais ce terrorisme intellectuel est celui des faibles, qui voient leur pouvoir ébranlé. Ces procédés sont devenus inopérants tant les faits sont têtus. Ils caricaturent ceux qui s’y adonnent.

Ce manichéisme est plus simplement la marque de la crise de l’intelligence qui, avec la crise de la démocratie qui l’accompagne, frappent le débat public depuis des décennies.

Ceux qui professent ces insultes redoutent la confrontation d’idées. Ils s’enferment dans un magistère qui ne tient plus que par l’autoritarisme et le coup de force.

C’est cette idéologie faussement humaniste que la société civile en révolte doit combattre, par les mots et par les idées nouvelles, en arrachant le masque doucereux des faux gentils et des faux démocrates.

Je développerai rapidement cette idée dans ma première partie.

Il appartient également à tous les Oubliés de remplir le vide intellectuel causé par 50 ans d’endoctrinements.

Liberté d’expression par Ivan Rioufol

Voir en ligne : http://blog.lefigaro.fr/rioufol/201...