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La Réforme constitutionnelle ne doit pas être ajournée, mais abandonnée !

, par  vanneste , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

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L’affaire Benalla est un grand moment de vérité sur nos institutions tant les contradictions qu’elle suscite entre leurs représentants révèlent combien le mensonge, le secret, la dissimulation, l’hypocrisie des personnes, le déguisement des propos sont inscrits dans leur fonctionnement. La République, l’Etat de droit sans cesse invoqués c’est donc ce système où n’importe qui, avec l’onction présidentielle peut outrepasser la loi et contourner ceux qui, à différents échelons, doivent l’incarner. Ainsi, le Ministre de l’Intérieur ignorait qui était Alexandre Benalla. Ainsi le Préfet de police n’avait donné aucune autorisation pour que celui-ci soit présent comme observateur lors de la manifestation du 1er Mai. Alain Gibelin, le Directeur de l’Ordre Public et de la Circulation ne l’avait pas donné non plus, et pourtant Benalla était bien là, et muni de moyens réservés aux policiers, de même qu’il participait à des réunions durant sa suspension tellement implacable. Tout au moins l’a-t-il affirmé sous serment devant la Commission des Lois, pour revenir sur ses propos le lendemain, sans bien sûr qu’il y ait eu des pressions de l’Elysée. Du moins, l’Elysée l’affirme, la main sur le coeur… Autrement dit une sorte de bulle protectrice permettait à ce curieux membre du cabinet présidentiel de s’affranchir de toutes les hiérarchies légitimes. D’audition en audition, devant les parlementaires, les hauts fonctionnaires comme le Ministre de l’Intérieur braquent les projecteurs sur l’Elysée, et sur les privilèges de ceux qui y séjournent, qu’ils soient élus ou désignés souverainement par les « Présidents ». Cette crise sans précédent fait apparaître deux paradoxes : d’abord, Emmanuel Macron qui avait été élu pour purifier nos institutions est à l’origine d’une ténébreuse affaire dans laquelle un proche dénué de tout titre ou mérite détenait des pouvoirs occultes du seul fait de sa proximité avec le Président ( Il disposait par exemple des clés de sa résidence personnelle au Touquet ! ). Toutes les autorités légales courbaient l’échine devant lui du seul fait de l’onction du monarque. En second lieu, M.Macron souhaitait réformer la Constitution au profit de l’Exécutif présidentiel, et au détriment du Parlement. L’affaire Benalla montre que cette intention est un contre-sens dangereux, et que l’affaiblissement des Assemblées comme le renforcement de la Présidence sont des menaces gravissimes à l’encontre de ce qui reste d’une démocratie française déjà bien malade.

La réforme constitutionnelle est donc ajournée jusqu’à la rentrée. Ce report doit être l’occasion pour les Français d’en mesurer le risque et de prendre conscience de la manipulation éhontée dont ils sont les victimes depuis « l’affaire Fillon » montée avec succès pour faire élire M.Macron.

Dans un Etat de droit, une démocratie parlementaire, qu’elle soit d’ailleurs une monarchie ou une république, on ne doit toucher à la Loi fondamentale, à la Constitution, que d’une main tremblante. Ainsi les Etats-Unis sont soumis à la même Constitution depuis leur indépendance. Elle a été votée en 1789, avec 10 amendements, notamment celui sur la liberté d’expression. Depuis, 17 amendements sont venus s’y adjoindre, par exemple celui abolissant l’esclavage. Pendant la même durée, la France à subi un minimum de 13 constitutions appliquées et « légitimes ». La dernière, celle de 1958 a été modifiée 24 fois. La comparaison entre les deux pays doit nous faire prendre conscience de notre légèreté politique et institutionnelle, et nous inciter à y mettre fin.

En 2017, M. Macron, et à sa suite, la bande hétéroclite des députés macroniens ont été élus sur fond d’antiparlementarisme. Il ne faut pas oublier que ce représentant caricatural de la haute administration et du monde des affaires qui dénonce le « populisme » à tout bout de champ a gagné l’Elysée porté par le réflexe « populiste » le plus contestable qui soit, la méfiance mélangée d’envie à l’encontre des privilèges des Parlementaires, et notamment des députés qui sont pourtant les élus les plus proches du peuple à participer au fonctionnement de l’Etat. Qu’on réfléchisse un instant au salaire de M. Benalla, 10 000 Euros par mois, et qu’on le compare aux indemnités d’un député, élu, et devant faire face à ses obligations en entretenant une permanence et une présence sur le terrain, on verra que la situation du premier est scandaleuse, non celle du second. Le cumul, la durée dans le temps, l’emploi de membres de sa famille sont des vétilles à côté des possibilités qui s’offrent à des gens que personne n’a élus dans la pénombre des cabinets. Qu’on limite les premiers, soit, mais pas en diminuant le nombre des députés, et moins encore pour renforcer les pouvoirs exorbitants de l’Exécutif, dont l’affaire Benalla révèle les dérives.

La Ve République a voulu remédier aux défauts de la République précédente où le gouvernement était à la merci des remous d’une Chambre des députés issus d’un vote proportionnel. Elle a ainsi privilégié l’Exécutif, tout en permettant à l’Assemblée Nationale de renverser le gouvernement et au Président de la République de dissoudre l’Assemblée en donnant le dernier mot au peuple. Ainsi, il y avait un équilibre dynamique entre le Président chargé du long terme pour sept ans, l’Assemblée Nationale élue pour cinq ans, et les gouvernements qui dépendaient de la majorité des députés. C’est le gouvernement qui était le maître de l’ordre du jour législatif, mais des parlementaires élus et réélus, dans des circonscriptions définies, à des dates distinctes du scrutin présidentiel étaient dotés d’une autonomie, de racines locales et d’une expérience solide et constituaient un pouvoir d’équilibre sans lequel il n’y a pas de démocratie digne de ce nom. Le quinquennat a altéré profondément cet équilibre puisque les députés sont élus dans la foulée de l’élection présidentielle. C’est ainsi qu’a été élue la majorité actuelle qui est composée de rescapés socialistes, de transfuges « de droite » et d’une masse d’élus inconnus de leurs électeurs, sans racines et sans expérience. La diminution du nombre des députés va rendre impossible l’enracinement des parlementaires en raison de l’étendue de leurs circonscriptions et notamment parce que 61 sur 404 seront élus au scrutin proportionnel. Ils seront comme les « députés européens » hors-sol, et choisis dans le copinage malsain des partis. Autrement dit la réforme constitutionnelle va ériger en système la dérive que la crise actuelle met en pleine lumière : le pouvoir personnel du Prince et de ses « amis » !

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