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La France et son indépendance (II)

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imagesLe Président Hollande a rencontré brièvement le Président Poutine. S’il a amorcé les retrouvailles de la France et de la Russie, c’est une excellente nouvelle. S’il s’est contenté d’être le messager de l’Europe, et à travers elle des Etats-Unis d’Amérique, et de leur obsession anti-russe, cela ne traduirait que l’état de dépendance de notre pays à l’égard d’une puissance dont les errements, les échecs et les contradictions n’en finissent pas de déstabiliser le Moyen-Orient et l’Afrique. Fortement engagée dans ce continent, la France participe également à la lutte de 60 pays contre le prétendu « état islamique ». Malgré la disproportion des forces, cette guerre au ralenti renforce l’impact des fanatiques. Elle souligne la faiblesse de l’Occident et la confusion de sa politique qui l’amène aujourd’hui à être objectivement allié de l’Iran et non de la Turquie.

Après la dernière tentative de Chirac et de Villepin de faire preuve d’indépendance au Moyen-Orient en général et en Irak, en particulier, la politique française s’est coulée dans le moule américain et atlantiste, puisque l’Europe semble oublier que la guerre froide est terminée. La France a servi les intérêts de l’Allemagne, des Etats-Unis et de leurs amis musulmans dans les Balkans. Son alliée traditionnelle était la Serbie orthodoxe, elle-même épaulée par la Russie. S’il fallait nous désolidariser de la politique stupide et mortifère de Milosévic, fallait-il pour autant suivre les Allemands et les Américains contre les Russes ? L’Allemagne a permis à la Croatie de chasser les Serbes au-delà de ses frontières. Les Etats-Unis ont favorisé la naissance d’un Etat fictif, la Bosnie à dominante musulmane, l’indépendance du Monténégro, et surtout celle du Kosovo, ces confettis qui morcellent l’Europe et la fragilisent. Ce dépeçage de la Serbie s’est effectué avec le consentement de la France, alors que notre intérêt commun avec celui de la Russie était de maintenir une Serbie forte.

De même, elle a adopté une attitude semblable à celle des Etats-Unis pour soutenir les pétro-monarchies du golfe, sunnites wahabites, très éloignées de notre conception des Droits de l’Homme, en condamnant les nationalistes arabes et les Chiites, qui trouvent leur appui à Moscou, comme si rien n’avait changé depuis l’effondrement du bloc soviétique. Le Président Obama s’est permis naguère devant François Hollande de menacer les entreprises françaises qui s’aventureraient en Iran. Une firme comme Peugeot a, déjà, beaucoup souffert des restrictions commerciales imposées par les Etats-Unis sur le marché iranien. L’installation d’une base à Abou Dabi, de l’autre côté du Golfe, était-elle nécessaire ? La participation en première ligne à la chute de Khadafi était-elle indispensable ? Le rôle de chien de chasse à la tête de la meute contre la Syrie fut une maladresse qui démontrait notre dépendance et notre soumission. Cet épisode et la totale indifférence au sort des Chrétiens d’Orient, que la France a protégés durant des siècles et qui se tournent maintenant vers la Russie ont été indignes de la France.

La crise ukrainienne, qui n’est pas terminée a souligné le rôle grandissant de l’Allemagne en Europe et à l’Est, en particulier. Que resterait-il à la France au-delà du mirage euro-méditerranéen perdu dans les sables libyen et syrien, affaibli par les difficultés économiques du sud de l’Europe ? Elle est le gendarme de l’Afrique francophone subsaharienne. Personne ne lui conteste ce rôle qui correspond à son dispositif militaire, à sa connaissance du terrain, et à des intérêts économiques comme l’uranium du Niger. Cela évite la création de bases terroristes, comme il en existe en Afghanistan, dans les zones tribales du Pakistan, au Yemen ou en Somalie. Son action efficace au Mali est appelée à durer tant qu’aux confins de l’anarchie libyenne des groupes tenteront de pénétrer vers le sud. Son engagement en Centrafrique est plus préoccupant. Comme l’ancien Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan le souligne dans son livre « Interventions », les guerres civiles et ethniques demandent des moyens d’actions considérables en hommes et ne peuvent se limiter à une simple interposition. C’est la victoire militaire du FPR de Kagame qui a rétabli la paix au Rwanda, l’intervention musclée des Britanniques en Sierra Leone. La diminution du budget de la Défense, la réduction des effectifs sont en contradiction avec les responsabilités assumées par la France. Elles condamnent celle-ci à renoncer à toute politique souveraine et indépendante, à se contenter de s’inscrire dans un dispositif qui n’est pas le nôtre avec des moyens déjà insuffisants.

Cette politique repose sur un discours moins triomphant à mesure que la réalité lui échappe : défense des Droits de l’Homme face aux tyrans sanguinaires qui méprisent l’Etat de Droit ; lutte contre les armes de destruction massive et le terrorisme ; protection des peuples en dépit de la souveraineté des Etats et droit d’ingérence. L’application de ces beaux principes est sélective. La souveraineté demeure absolue à partir d’une certaine taille, ou d’une certaine richesse, soit de l’Etat, soit de son protecteur. Le Kosovo doit être indépendant, le Tibet non. On peut critiquer l’Ouganda, mais pas l’Arabie Saoudite pour leur législation dans le domaine des moeurs. La Libye est tombée, non la Syrie. La frontière qui sépare apparemment le Bien du Mal emprunte toujours le tracé qui oppose les intérêts des Etats-Unis à ceux de la Russie. Notre vieille alliance ne doit pas nous aveugler. L’espionnage de la NSA, la manipulation des effervescences printanières et colorées avec leur curieux air de parenté, l’affaiblissement des Etats qui en découle, doivent éveiller des doutes. Il serait légitime d’arracher le Kosovo à la Serbie, mais pas la Crimée à l’Ukraine ? Il faudrait la guerre chaque fois qu’un bavard irresponsable comme BHL la réclame ? Aujourd’hui que la confrontation des blocs, l’un démocratique et libéral, l’autre totalitaire et collectiviste a cessé, la liberté réside dans l’indépendance et le non-alignement. Celui-ci n’exclut pas le soutien à un ami, lorsqu’il en a besoin, mais doit maintenir la France à l’écart d’organisations contraignantes. L’Europe a du mal à exister autrement que comme une vitrine et un tiroir-caisse à l’extérieur, une technocratie inhibante et sans visage à l’intérieur. L’Euro est un boulet qui condamne la zone qui l’utilise à un taux de chômage inacceptable pour les pays qui n’ont pas l’économie de cette monnaie. Sa croissance étique, son absence de volonté stratégique la placent dans l’ombre des Etats-Unis. Le souhait du Général de Gaulle d’une Europe pesant de tout son poids sur le destin du monde n’est pas réalisé. Plus la France suivra donc sa propre voie, plus elle pourra garantir ses intérêts et jouer quand ce sera nécessaire un rôle de médiation efficace. La politique absurde d’Obama reconstitue un bloc russo-chinois face aux « occidentaux ». La France doit au contraire briser la tentative d’isolement de la Russie.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...