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LREM, le parti des tocards

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La France n’a pas déconfiné que ses citoyens, elle a aussi déconfiné sa campagne électorale pour les élections municipales : eh oui, il reste encore quelques milliers de maires à élire et c’est donc avec un entrain mesuré que les candidats se retrouvent à nouveau dans cette drôle de campagne…

Ce qui veut dire qu’en surcroît des pénibles déclarations plurihebdomadaires du Premier ministre et du ministre de la Santé sur l’état des lieux de l’épidémie en France, en plus de leurs atermoiements sur les activités qu’il faut laisser reprendre et celles qu’on doit continuer à asticoter avec des contraintes plus ou moins loufoques, le citoyen français va aussi devoir se cogner le retour navrant de la politique politicienne locale, ses inévitables promesses de forain et les boniments habituels des candidats à la gamelle municipale.

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Ceci explique l’effroi palpable de certains de nos journalistes découvrant que Gérard Collomb, l’ex-ministre de l’Intérieur revenu briguer mandat en terres lyonnaises, lâche l’affaire au profit du candidat Les Républicains : en déroute suite à un premier tour désastreux, le candidat LREM cède donc la place, en invoquant le désir de ne pas laisser Lyon tomber aux mains des écologiques hystériques, souhaitant éviter que la ville ne devienne « un petit laboratoire de la décroissance ni un lieu d’expérimentation d’idéologies hasardeuses pratiquées par des apprentis ».

De cet épisode rigolo qui scandalise évidemment les transfuges et autres novices de LREM, on retiendra donc la lucidité de Collomb, qu’on avait aussi entrevue lorsqu’il avait quitté Beauvau en expliquant que la France se dirigeait vers un face à face rugueux , qui comprend bien le danger de laisser les clés de l’économie d’une ville à des décroissantistes dont les politiques ont pu être testées grandeur nature pendant deux mois avec, déjà, des résultats cataclysmiques .

Lucidité qui n’est, vraisemblablement, pas partagée par tout le monde puisqu’on découvre, au détour d’une presse somme toute fort discrète, qu’Agnès Buzyn – l’infortunée candidate à la mairie de Paris – est toujours dans la course : malgré 17 % des scrutins du premier tour, elle tente donc de continuer une campagne que tout indique pourtant perdue, avec un soutien gêné du pouvoir en place qui comprend qu’il a autant à perdre à la dézinguer qu’à la soutenir franchement.

En effet, ministre de la Santé alors que la pandémie commençait à s’étendre en France, elle prétend avoir averti les membres du gouvernement du danger qui s’annonçait et de leur impréparation. Si l’on peut raisonnablement penser qu’elle fanfaronne, la possibilité qu’elle puisse prouver ses allégations doit laisser quelques moiteurs dans les paumes de beaucoup de nos actuels dirigeants.

Malgré tout, elle sait qu’elle va au casse-pipe : les sondages, les jeux politiques et les Parisiens n’y croient plus mais elle espère probablement, en présentant cet acte comme un baroud courageux, que certains sauront la mettre hors de danger une fois l’heure des procès (en juin) advenue.

L’échec est donc prévisible, il est même annoncé, assumé voire planifié, mais l’explication de cet échec est déjà trouvée : s’il a été aussi difficile pour elle de faire campagne à Paris, si le résultat est aussi médiocre, c’est parce qu’elle était une femme, pardi. Et une femme en politique, cela déclenche, forcément, une violence inouïe (devant laquelle elle avoue qu’elle n’était « pas prête »).

L’argument est particulièrement croquignolet et démontre de façon assez phénoménale le niveau de tocardise des politiciens de LREM en général et de la candidate à la municipale parisienne en particulier.

Difficile en effet d’oublier que les autres candidats à la mairie, mieux placés qu’elle, sont toutes deux des femmes (Hidalgo et Dati) qui n’ont pas eu besoin, elles, de ressortir la carte ultra-usée du féminisme maltraité pour justifier d’un parcours électoral douloureux.

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Du reste, la réalité lui donne tort de façon flagrante : si elle est lourdement critiquée actuellement, si elle est même menacée, ce n’est pas parce qu’elle est une femme mais parce qu’elle a fait n’importe quoi n’importe comment, et tenter cette carte du féminisme pour se dédouaner de ses responsabilités va se retourner contre elle : ici, Buzyn tente de se la jouer comme Ségolène Royal, grande habituée de cette carte ridicule et qui a largement contribué – sans en subir les conséquences – à un nombre considérable de catastrophes économiques dans les différentes institutions qu’elle a dévastées (BPI, Région Poitou-Charentes, ministères divers).

L’autre carte, celle de l’antisémitisme, d’une résurgence de l’extrême droite ou d’un complotisme de mauvais aloi est aussi vaguement tentée mais sans conviction cependant : la situation semble ici trop clairement défavorable pour envisager cette autre excuse traditionnelle des tocards politiques lorsque la situation leur échappe sur le mode « les vilains extrêmes s’acharnent sur moi car je représente ce qu’ils détestent le plus » (on se rappellera de la tentative de Loiseau lors des élections européennes ).

Malheureusement pour Buzyn, l’ampleur des dysfonctionnements à tous les niveaux de l’État que cette pandémie aura mis en exergue est telle que le parapluie victimaire semble bien insuffisant pour éviter des condamnations et faire oublier sa lourde responsabilité dans le désastre.

Les semaines permettront peut-être d’y voir plus clair, mais indépendamment du sort de Buzyn, cette médiocrité ainsi affichée en dit long sur le niveau des autres politiciens actuellement rassemblés autour de l’équipe présidentielle : on finirait par croire que le président est tombé sur un nid de tocards particulièrement peuplé et qu’il s’ingénie à tous les employer dans les tâches les plus risquées.

Rappelons en effet que la brave Agnès remplaçait tout de même, au pied levé, un autre lieutenant de la macronie, c’est-à-dire littéralement un branleur qui s’était fait choper en bien piètre position à deux mois du scrutin.

Rappelons qu’elle fut elle-même remplacée par Olivier Véran, dont le parcours en tant qu’actuel ministre de la Santé ne laisse pas non plus de doute sur sa médiocrité, l’accumulation des injonctions paradoxales sur les masques, inutiles mais obligatoires, suffisant amplement à caractériser l’individu… Sans même parler de sa gestion globale de la crise, résolument placée sous le signe de l’improvisation complète, du centralisme jacobin parisiano-centré et d’une bureaucratie procédurière dont le ridicule méticuleux n’a même pas fini de se surpasser encore actuellement.

En réalité, les déclarations pitoyables de Buzyn illustrent fort bien le drame de ce demi-quinquennat dans lequel le chef de l’État a su manœuvrer brillamment pour parvenir au pouvoir, mais qui a, depuis, laissé son hubris prendre le dessus, ce qui l’a amené, pour mieux briller, à ne choisir de s’entourer que de médiocres et d’imbéciles.

La France en paye maintenant le prix, exorbitant. Alors qu’il nous faudrait des hommes d’État, nous écopons de pitres et de tocards.

Ce pays est foutu.

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