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LE PROCES DU GENERAL SALAN - 3ème et dernière partie

, par  Cercle Algérianiste d’Aix en Provence , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Troisième et dernière partie : Le mécanisme du chaos.

Massu, « L’homme de la bataille d’Alger, le garant par sa présence des engagements du 13 mai », se fait piégé dans une interview par un journal étranger ; il est renvoyé d’Algérie.

Le 24 janvier. Les Barricades « A ce moment les deux obstacles : civils et armée, qui se trouvaient sur la route du chef de l’Etat, se sont manifestés avec plus de force et de poids que le général De Gaulle ne l’avait pensé. Nous avons eu des civils qui ont fait des barricades. Et l’armée qui a refusé de les attaquer. »

Le 25 janvier 1960. JLTV cite le général De Gaulle : « j’ai pris la tête de l’Etat pour faire triompher en Algérie une solution qui soit française. » et le 29 janvier : « Rien ne causerait plus de joie à la patrie et à De Gaulle que de voir choisir par les Algériens entre telle ou telle solution celle qui serait la plus française. ». Que fallait-il comprendre ? Du point de vue du général de Gaulle quelle était la solution qui lui semblait le mieux servir les intérêts de la France ?

Septembre 1960. De Gaulle : « Si les rebelles déposent les armes, l’armée les prendra mais je n’y crois pas. Alors il faut que l’armée aille les chercher… La sécession est une vue de l’esprit, mieux une monstruosité »

Peu après, dans un discours au ton toujours martial, De Gaulle déclare au sujet du FLN : on ne permettra pas que « le droit de la mitraillette l’emporte d’avance sur celui du suffrage ». Pourtant il n’est maintenant plus question d’aller chercher les armes des rebelles.

5 septembre 1960 procès de M Jeanson soutien du FLN. Le général Salan se trouve à Alger. Il se croit autorisé, comme général d’armée du cadre de réserve et président d’une association d’Anciens Combattants, à dénoncer les appels à la désertion et à la négociation avec le FLN qu’on lance impunément. Il est expulsé d’Algérie.

Des mutations interviennent dans l’armée mais sans résultat déterminant. Pour l’avocat du général Salan, l’armée reste toujours le principal obstacle à la politique du général De Gaulle, plus encore que les civils.

Le putsch du 21 avril 1961 Selon JLTV la perspective d’une "révolte militaire" n’inquiète pas réellement Paris "parce que pas de putsch pas d’article 16, pas d’article 16 pas d’épuration de l’armée, pas d’article 16 pas de Tribunal militaire et pas davantage de Haut Tribunal militaire. ". L’avocat évoque la visite que de nombreux hommes politiques, y compris étrangers, ont rendue au général Challe dont on pensait qu’il avait été choisi pour prendre la tête de la révolte. Des assurances données avant le 11 avril lui seront retirées ensuite. JLTV déclare, non sans humour, que Challe verra "une à une se dissoudre comme sucre fondu, le colonel de Boissieu tenant la carafe, toutes les espérances qu’il avait mises dans l’entreprise.. "

Lors de sa conférence de presse du 11 avril 1961, le général De Gaulle met le feu aux poudres : "On dit qu’en cas de sécession, l’Algérie connaîtrait le chaos et la misère, c’est hélas bien possible. On dit aussi que la Russie ou l’Amérique s’efforceraient alors de prendre pied en Algérie, d’y prendre la place de la France ; je dirai en ce cas, qu’à toutes les deux je souhaite bien du plaisir. Et deuxièmement la France considèrerait avec le plus grand sang-froid une solution telle que l’Algérie cessât d’appartenir à son domaine, solution qui, en d’autres temps aurait pu paraître désastreuse pour nous, mais, qu’aujourd’hui, nous considérons avec un cœur tranquille."

JLTV répète : " … Mais qu’aujourd’hui nous considérons avec un cœur tranquille. ". Cette déclaration " c’est un jet d’acide sulfurique projeté sur la peau du général Challe, comme sur celle de beaucoup d’autres. ".

Quel rôle a joué le général Salan dans le putsch ? Selon JLTV il n’a pas participé à sa préparation. D’ailleurs, dit-il, s’il l’avait fait, il aurait su évaluer d’un coup d’œil la situation et le putsch n’aurait peut-être pas eu lieu. Cependant il va rejoindre Alger car il ne pouvait en être autrement après le rôle qu’il avait joué le 13 mai 1958 ; parce que, comme général d’armée "il avait tant de fois proclamé son attachement à l’Algérie " et par fidélité au serment " que l’Armée française, garante de l’Algérie française, doit la garder à la France et la garder française. (Ordre du jour du 6 juin 1958 signé : Charles de Gaulle) ".

Naissance de l’O.A.S. "Il ne faut jamais que le pouvoir commence ! "

JLTV précise que le général Salan n’a pas joué de rôle dans la création de l’O.A.S, organisation née à Madrid, "entre cinq ou six exilés originaires d’Algérie " après l’échec du Putsch, mais il décrit le processus dont elle fut le résultat. Dans les mois qui ont suivi le 21 avril, l’inquiétude des Français d’Algérie s’est seulement manifestée par de l’agitation : des concerts de casseroles, des arrêts de travail limités, des concours de pavoisement, par les klaxons jouant les notes "Algérie Française". "Est-ce que vous ne croyez pas – demande JLTV- qu’un mouvement du cœur… une main tendue, une explication donnée…. Que s’est-il passé en fait d’appel ? Il s’est passé la guerre. Et j’ajoute mais qui a commencé ? ".

"La guerre" : C’est en s’appuyant sur des rapports officiels et des certificats médicaux qu’il raconte l’internement, dans la nuit du 12 au 13 septembre 1961, de 225 Européens au camp de Djorf, à 15kms de M’sila dans le sud constantinois. Ils ne sont coupables de rien sans quoi ils auraient été déférés au Parquet et au juge d’instruction. La description qu’il fait de leurs conditions de détention est insoutenable. "Sur 225 internés 225 devaient être transportés dans un état lamentable à l’hôpital de Bouira".

Insupportable également l’interrogatoire infligé à l’épouse du docteur Salasc, arrêtée dans la nuit du 7 septembre 1961, à M. Falcone, ainsi qu’à bien d’autres. Pourtant ces excès commis par les forces de l’ordre vont être amnistiés, comme ont été amnistiés les Fellagahs, sans susciter de réactions de la part de "la conscience universelle" et de ses spécialistes. La Ligue des Droits de l’Homme ne fait même pas semblant de protester. "Une balle, cela vaut mieux qu’un rapatriement " déclare même l’un de ses responsables.

D’ailleurs, lors de ce procès, M. Morin, Jannin et Debré se sont autorisés à mentir sous serment en niant l’existence des barbouzes dont le général Ailleret avait pourtant reconnu existence. JLTV déclare :"L’O.A.S. a été combattue de telle sorte qu’il ne s’agissait pas d’un combat de l’autorité légitime contre des rebelles, mais qu’il s’agissait d’un combat par les camps de concentration, par les tortionnaires, par les polices parallèles, d’un combat illégalement mené par l’autorité légale". Désormais constate-t-il « Aux morts vont s’opposer les morts » mais ils n’auront pas le même écho dans la presse.

Le 26 mars 1962. JLTV évoque longuement la fusillade de la rue d’Isly qui fait cent morts parmi les Algérois.

Dans le bled les armes sont reprises aux groupes d’autodéfense et aux Harkis. Par contre l’ALN peut conserver les siennes.

JLTV constate : On demande "le poteau dans les fossés de Vincennes" pour le général Salan mais l’application de l’amnistie pour Yacef Saadi.

Il est près de 21 heures. L’avocat va conclure. Il déclare qu’on ne connaîtra que dans trente ans les conséquences de la politique du général De Gaulle, mais comment ignorer ses conséquences actuelles :

- Une population est affamée parce que le gouvernement a réduit les stocks alimentaires.

- Une population est déchirée " après 130 ans d’une cohabitation qui a été qualifiée de détestable par ceux qui n’avaient jamais habité l’Algérie, mais qui avaient accoutumé de tirer, et avaient toujours tiré dans le dos de nos soldats, où qu’ils combattent, Outre-mer ou en France."

- Une population est martyrisée comme le sont les Anciens Combattants musulmans devenus la cible préférée des jeunes FLN. Ils ont été passés à la chaux vive ou cuits dans des chaudrons, comme à Saïda.

- Une population est en état d’exode, alors qu’on a réduit d’un cinquième les moyens de transport.

" Et vous croyez que dans des circonstances comme celles-là vous êtes habilités à demander la tête du général Salan alors que les conséquences immédiates imposent la réserve".

Le procès se termine. L’accusé est reconnu coupable mais avec des circonstances atténuantes.
Il ne sera pas condamné à mort. "De sa voix de basse, Tixier-Vignancour lance : Allons enfants de la patrie. La Marseillaise explose, frénétique… le chant s’amplifie… Le Président Bornet blême, sans voix, tente en vain d’arrêter le chant…"

A l’issue du Conseil des ministres, le pouvoir exprime sa colère envers le Haut Tribunal militaire qui est dissout. Une Cour militaire de justice lui sera substituée. Il s’agit d’une juridiction sans appel, sans recours.
Elle condamnera à mort le sergent Dovecar du 1er R.E.P. et Claude Piegts fusillés tous les deux le 7 juin 1962. Le lieutenant Roger Degueldre sera fusillé le 6 juillet 1962.

Evelyne Joyaux

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Voir en ligne : http://congraix.over-blog.com/2020/...