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LE CARICO

, par  popodoran , popularité : 3%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Pour faire un carico il faut :

D’abord un plan, mais quelque chose de sérieux car c’est un engin de transport dans lequel on est pas installé en toute sécurité, soit assis, soit couché dessus et presque à plat-ventre et debout,,,c’est la position la plus casse gueule.

Des planches, ça c’est pas trop compliqué à trouver mais il faut quand même s’en occuper,

Des clous, des vis et même des boulons si on veut faire les choses bien et c’est la quincaillerie qui se trouve le plus facilement dans la caisse à bricolage de nos parents.

Et puis le plus dur à se procurer ,,,, les roulements à billes.

Nous avons écumé tous les garages de la ville,les agences Peugeot, Renault, Citroën, Simca, Panhard et choux blanc, nous n’avons rien trouvé,,, des neufs oui, et là nos tirelires ne pouvaient pas faire face.

- On laisse tomber dit Bernard nous n’aurons jamais temps de nous entraîner correctement.

Car cette construction de carico, c’était pas pour rien, la bande de la place Hoche organisait une grande course et nous avait invité à y participer.

Il y avait une équipe de la rue de la cagaruta (rue Bernardin), une autre de Saint Pierre supérieur, une de Saint Eugène et peut être une ou deux de Gambeta.

- Joai tché , on va pas se dégonfler, on vient de me passer le parcours : Départ rue de Mostaganem, puis rue Beauharnais, on tourne rue de la cagaruta ( Bernardin) ensuite rue de Turenne jusqu’à la rue Dufour, on arrive place Hoche et pour finir arrivée au stade du Caïd. C’est pas mal non ?

- Et à chaque changement de rue il faut changer de pilote ?

- Et oui Bernard , Rue de Mostaganem/Beauharnais un pilote jusqu’au virage de la rue Bernardin et là changement de cavalier jusqu’à la rue de Turenne, descente très raide jusqu’à la rue Dufour. Puis enfin Place Hoche avec arrivée au stade du Caïd. Ce qui nous fait cinq pilotes et deux pilotes remplaçants car les cotes sont raides et je le souhaite pas mais des chutes sont possibles et il faut tout prévoir.

- Et si on a pas de roulements on fait quoi ?

- Demain de très bonne heure avec Georges nous montons à Santa Cruz pour brûler un cierge por si las moscas !!!

- C’est vrai, dit Marcel, que vous êtes de vrais santicos !

Et toute la bande éclate de rires.

Neuf heures, Kader son seau et sa peau de chamois arrive dans la rue, Kader a un grand sourire, il pose le seau devant nous et dit :

- Regardez ce que j’ai trouvé au Hambri.

- T’as trouvé une peau de chamois, t’es fort Kader.

- Mais non, besugo, regarde sous la peau de chamois.

- Purée Kader t’es le roi des rois, comment t’as fait ça ?

- ça c’est mon grand secret et surtout ça reste entre nous, vous dites pas que ça vient du hambri.

- Ecoute Kader c’est souvent qu’on monte au Hambri pour acheter, des jeans, des blousons ou des écussons et on a jamais vu de roulements.

- Les amis le hambri c’est très compartimenté, il y a l’habillement mais aussi l’outillage, la ferraille diverse et variée, le cuir, les pièces détachées auto et plein d’autres choses, si tu veux des babouches tu les trouveras pas à la ferraille etc. Il faut connaître tous les coins et toutes les spécialités, si non tu te perds la bas dedans.

- En tous cas mille fois merci Kader hé les copains un banc pour Kader un, deux, trois

Et toute la bande se met à taper des mains en scandant « un banc pour Kader, un , deux, trois, un, deux trois, quatre cinq un deux trois…. »

- Chuuuut dit Kader vous allez attirer l’attention des folloneros de taxis, et ils vont me poser des tas de questions que j’ai pas, mais alors, pas du tout, envie d’entendre,

Bon maintenant, gros problème, il faut construire le carico en toute discrétion, car nos parents n’aiment pas trop les caricos à cause du bruit et surtout de la dangerosité de l’engin.

Chez moi en sous sol il y a un couloir qui mène des caves des locataires à la cour intérieure de l’immeuble. Les seuls qui empruntent ce couloir sont les deux bouledogues poitrinaires, de la concierge, madame Tobaruela, Mais elle ne parle que l’espagnol et si on ne fait pas trop de jaleo elle ne dira rien.

Et puis ce couloir servira à entreposer notre matériel en toute discrétion, bien entendu à onze heures trente le matin et à dix sept heures trente l’après-midi il faudra tout ranger soigneusement.

Bon les artistes demain huit heures moins le quart chez moi, il faut absolument que demain soir le carico soit prêt, et que l’on décide de chaque pilote pour faire le « road book.»

- Le road quoi ? Purée René tu t’es torché avec le Larousse anglais/français ou quoi ?

- C’est le plan du parcours avec tous les détails, pilotes compris, esta bueno ?

- Aller les amis hasta mañana.

La nuit a été compliquée, j’ai tourné et retourné dans le lit, des roulements mal graissés qui ne voulaient pas rouler, des rues Beauharnais et de Turenne dans la pente n’arrêtaient pas de tomber en à pic, la trousse à pharmacie qui était à moitié vide, le sparadrap qui ne collait pas, enfin tout pour rendre un homme heureux.

Au matin, maman qui voit l’état de mon lit, met tout de suite sa main sur mon front :

- Que passa hijo tu as de la fièvre ? Non tu es frais comme tout et elle me fait une grosse bise sur le front.

- C’est rien maman un peu de cauchemar, j’ai rêvé que je perdais au foot.

- Le foot c’est pas grave, faut pas te mettre comme ça !

- T’as raison maman, mais je commande pas mes rêves.

- Que tonto, heureusement que tu commandes pas tes rêves, dit elle en riant.

Maman et ma frangine sont parties au boulot, les copains ne vont pas tarder à arriver, un grand bol de café con leché et des tartines de pain grillé bien beurrées et me voila prêt pour la réunion de préparation du carico et de la course.

Georges déplies une grande feuille de papier où sont dessinés tous les plans du carico de course, toutes les dimensions sont indiquées avec précision, un vrai travail de pro, il répartit les tâches de chacun et la maison devient un vrai atelier, ça scie , ça coupe, ça visse,ça boulonne, ça ponce et Georges nous peint la tête de Popeye le marin qui est notre signe de reconnaissance, à midi la bête est pratiquement prête, il ne reste que l’assemblage des différentes parties et en fin d’après midi le carico sera opérationnel et il ne nous restera plus qu’à l’essayer.

Un sérieux coup de ménage à onze heure et demi, avant que maman et ma sœur ne reviennent du boulot.

L’après-midi, se passe sans encombre,en une heure les parties sont assemblées, notre carico de course ne demande plus qu’à prendre la route.

Une tournée générale d’eau fraîche et de coco pour fêter ça.

« Bon, demain matin, les amis rendez vous devant le temple protestant de la rue Elisée Reclus à l’angle du boulevard des chasseurs ».

Le lendemain à huit heure trente pile, toute la troupe se retrouve devant le temple.

« Norbert et Bernard vous vous placez au croisement de l’avenue Alsace Lorraine pour faire gaffe aux voitures, Robert et Marcel pareil à l’avenue de la vieille mosquée, dès que le carico est passé on se retrouve boulevard front de mer. »

Georges enfourche le « bolide » et je le suis à pieds. « Pas trop vite Jo gaffe aux autos. »

Tout se passe à merveille, aux deux croisements aucune circulation et nous nous retrouvons fous de joie boulevard front de mer.

Nous emplissons nos poumons de l’air marin du grand large, le carico s’est super bien comporté, tenu de mains de maître par Georges.

La vue est magique de la montagne des Lions à Santa Cruz.

Le port défile sous nos yeux et nous rappelle nos exploits, le souvenir de ma canne à pêche me donne un coup de blues, bien vite passé, car cette fois c’est certain nous somme prêts pour la course.

Comme d’habitude lorsqu’il y a des décisions importantes et secrètes à prendre la bande se retire au petit jardin face au square Cayla le but est d’étudier le parcours dans ses moindres détails et de décider qui pilotera dans chaque secteur.

Pour ne pas attiser la curiosité des riverains du quartier Saint Pierre, nous décidons de nous diviser en deux groupes de trois pour inspecter les lieux de la course.

Georges, Bernard et moi dans un premier temps puis Robert, Norbert et Marcel une demi-heure plus tard et toujours dans un souci de discrétion nous ne ferons pas le trajet dans le sens inverse de la course, mais en partant directement à l’angle de la rue Beauharnais et de la rue de Mostaganem,

Et nous attaquons la rue de Lourmel, à l’angle rue d’Arzew c’est là que se situe le bar le Sphinx une des meilleures Kémia d’Oran et devinez qui est là, attablé devant deux cafés, le papa de Bernard qui joue au Jacquet contre un adversaire inconnu, il a commandé deux boissons et après chaque lancé de dés il change de place et joue contre lui même, comme ça il est toujours sur de gagner.

Bernard se fait tout petit pour échapper à la vue de son père, mais celui ci trop pris par la partie,ne lève pas les yeux de sa plaque de jeu.

Puis, un peu plus haut, le cinéma Richelieu une des plus belle salle d’ORAN . Il faut dire que dans le coin dans un rayon de cinq cent mètres, il sont nombreux les cinémas, le Colisée, le Regent, le Mogador, l’Idéal et même le studio des jeunes que les gamins du tout Oran appellent « le Bazooka », va savoir pourquoi. C’est le cinoche le moins cher de la ville et il drague toute le jeunesse , ses séances ont lieu le jeudi et le dimanche,

Bon revenons à nos moutons et à l’ascension de la rue de Lourmel, car le pente est de plus en plus raide.

Un peu essoufflés nous accostons rue de Mostaganem, après quelques mètres nous abordons la rue de l’Alma, puis la rue de l’abricotier et voila la rue de Turenne.

Plus que quelques mètres et nous arriverons rue Beauharnais le point de départ de notre grande aventure.

Sur le seuil de son magasin, une mamie tout de noir vêtue, les cheveux argentés peignés en un chignon sévère, nous regarde d’une drôle de façon, sur la porte de l’estancot s’affichent les illustrés de la semaine,Diabolo,Akim, le journal de Mickey, Blek le Roc et bien d’autres. Soudain une délicieuse odeur vient chatouiller nos narines,nous arrivons rue Beauharnais et se sont les délicates effluves de la biscuiterie Nord Africaine qui viennent nous ouvrir un appétit de douceurs.

- Voilà les gars c’est ici le point de départ, vous voyez la rue n’est pas large et nous seront au moins cinq équipages, il faudra jouer serré car un moindre écart pourrait nous faire perdre un temps précieux.

- Oh René que nous vaut l’honneur de te voir dans le quartier ?

Je suis surpris, mais je reconnais André le chef d’équipe de la biscuiterie,

- Salut André, je faisais visiter mon ancien quartier à mes amis,

- C’est bien les jeunes, tenez me dit-il l en me tendant une boite de madeleines « la Princesse » C’est notre dernière création, tu m’en diras des nouvelles.

- Un grand merci André, et le vélo c’est toujours d’actualité ?

- Plus que jamais, en ce moment je me prépare pour le critérium de l’écho d’Oran, et ton grand frère t’as des nouvelles ?

- Toujours à Paris encore six mois de stage.

- Tu lui passeras le bonjour.

- Pas de problème, et encore merci pour les madeleines.

Et oui les gars c’est ici que j’habitais à l’angle de la rue Dampierre,, juste en face de la biscuiterie.

On continue, voici la grande menuiserie Viscaino qui fabrique des glacières pour les brasseries et les grands magasins, c’est ici à l’angle de la rue Damremon que l’on faisait la fuguéra de la saint Jean, hum le goût des fèves au cumin que l’on nous offrait me reviennent en mémoire.

Vous voyez comme la pente est abrupte, nous arrivons rue de la cagaruta( rue Bernardin).

- Pourquoi la cagaruta ? Demande Georges

- Autrefois cette rue était un chemin de terre et les bergers conduisaient leur troupeaux par là pour aller sur les herbages de la colline et tu sais, ces bêtes ne respectent rien et caguaient au milieu de la route.

- Que azco dit Bernard,

- Mais non ce sont des petites billes d’herbes sèches et ça ne sent rien.

Bien, vous voyez le virage ne sera pas facile et c’est là que l’on change de cavalier

- Ben moi je veux bien,dit Bernard, car c’est plat et je pourrai tout donner.

- Ok. Mais tu feras bien gaffe la rue est un peu défonce et attention de ne pas péter un axe de roulement. Nous arrivons rue de Turenne et là tu me files le carico et je fonce jusqu’à la rue Dufour et ça descend sec,il ne faudra pas que je m’éclate contre la cave Sénéclauze, (c’est une des plus grande cave d’Oran et en pleine ville ce qui est assez rare, le nectar de chez Senéclauze est réputé dans toute la France,) mais le virage est large et là je proposerai à Robert de prendre le relais, arrivé place Hoche c’est Georges qui si colle jusqu’à l’arrivée au stade du Caïd, je proposerai à Norbert d’être l’infirmier de service et à Marcel d’être pilote remplaçant en cas de casse.

Et voilà le programme,la descente à été plus aisée que la montée rue de Lourmel.

Nous arrivons sous les arcades de la rue d’Arzew.

- Alors vous en pensez quoi ?

- C’est pas mal, mais il faut en discuter avec les autres.

- Bon dés que les autres arrivent on se retrouve à la maison et nous faisons le point en dégustant les bonnes madeleines « la Princesse » et une tournée de limonade bien fraîche que j’ai acheté avec notre cagnotte.

Cette cagnotte est le fruit des épines d’acacia, je vous explique : au campico du front de mer il y a des acacias garnis de grandes épines, de temps en temps, nous en faisons la cueillette et nous les portons dans différentes brasseries, c’est l’outil idéal pour déguster les escargots de la kémia, sans se salir les doigts, les clients peuvent extraire la bête de sa coquille et quand le patron est bien luné ça nous rapporte quelques pièces et une tournée de limonade.

La bande est maintenant au complet on va pouvoir discuter sérieusement du parcours et de ses embûches.

- René tu nous as tout expliqué, mais, dis moi, le carico il descend tout seul de la rue de Mostaganem ?

- Pourquoi tu me dis ça Robert ?

- mais que leche ! Tu es tonto ou tu fais exprés ?

- Purée mais t’as raison

- Je sais et je sais surtout qu’il faut être un peu médio loco pour faire cette première partie et le plus grand médio loco et surtout casse cou c’est Norbert qu’en penses tu amigo ?

- René, dit Norbert, est-ce que je peux avoir une madeleine de plus ?

- Pos bien sur,

- Alors je suis plus que d’accord !

Et toute la bande applaudi, car ce premier tronçon est plus que casse gueule, mais Norbert se sent prêt a y aller et il ne faut pas le décourager, bien au contraire.

- Donc Marcel sera infirmier et pilote en cas de chute et au cas où nous improviserons pour l’infirmier.

Autre nouvelles les amis ce soir il faut présenter notre carico dans la cour à l’arrière du bar Setiens pour l’homologation

- C’est quoi c’t histoire ?

- Tous les caricos participant à la course doivent être présentés pour voir s’il n’y a pas de trempas,

- ils ont peur qu’on branche un moteur électrique ? Dit Marcel.

- Je sais pas, je pense, qu’ils vont coller des numéros bien visible sur nos chars d’assaut, mais nous irons, qui c’est qui vient avec moi ?

- ça me dérange pas.

- Ok Marcel rendez vous à cinq heures ce soir devant l’église adventiste.

- Une dernière chose très importante : Norbert prend le premier relais, Marcel, l’infirmier de service, le suit et suivra la course jusqu’au bout, Bernard prend le relais, Norbert et Marcel sont derrière et ainsi de suite il faut que toute la bande arrive ensemble au stade du Caïd et qui c’est les meilleurs c’est les Popeyes de la rue Élisée Reclus : « Caramous, caramous, caramous cow cow et sardina hé bab riba !!!» crie en chœur toute l’équipe.

Et à Cinq heures ,nous voila, avec Marcel, place Hoche et une bonne odeur de brochettes grillées nous chatouille les papilles.Ben oui le bar Setient est ouvert et tout d’un coup un jaléo, Denis de la rue Nobel à Gambetta que je connais bien, s’embrouille avec le fils du jolatero

- Que passa Denis ?

- Cette bande de tchancléros, y veulent pas homologuer mon carico,

- Et pourquoi ?

- Parce que les roues c’est pas des roulement à billes

- Et c’est quoi ?

- Des roues de landau.

- Tu déconnes Denis, vous êtes tombés du caminico de la muerte à la rue Nobel, da te cuenta un carico avec des roues de poussette et tu t’étonnes qu’il ne soit pas homologué ?

- J’aurais essayé mais trouver des roulements c’est pas évident corre y busquas et tu trouves rien, Aller tchao René et à bientôt avec les « Tchumbos avariés »

- Tchao Denis, hasta la otra.

Ah lala, « les tchumbos avariés » c’est une autre aventure que je vous raconterai un de ces jours .

- Merci René d’avoir convaincu Denis que c’était pas possible, à vous, fais voir l’engin.

- Je présente notre magnifique carico au jury, Laurent, le jolatero fils, emporte le carico et revient dix minutes plus tard,

- C’est d’accord les gars, vous avez le numéro trois que l’on va peindre dessus et on le garde vous le récupérez demain à partir de huit heures et demi, à dix heures moins le quart toute votre équipe doit être en place. Départ de la course dix heures précises, tout retard est éliminatoire.

- Quelle assurance on a que nos engins ne risquent rien au fond de cette cour ?

- La porte sera bouclée à double tour dès que le dernier carico aura passé son homologation.

- Tu ne m’avais jamais parlé de cette clause,

- Le comité d’organisation a décidé cela pour éviter des modifs de dernière minute et que tout le monde soit sur un pied d’égalité.

- Je m’incline mais je te le dis, j’aime pas trop ça, aller tchao à demain.

Le lendemain à huit heures trente pétantes Norbert et Marcel se présentent place hoche pour récupérer le carico, Norbert passe l’inspection de l’engin tout semble correct , et ils attaquent la grimpette vers la rue de Mostaganem.

Cinq caricos se sont vus valider leur participation : place Hoche, Saint Eugène, Élisée Reclus, Saint Pierre supérieur et le plateau saint Michel,

Tout à l’air super bien organisé, des groupes de deux sont prêts a intervenir pour barrer les voies au passage de la course. C’est incroyable mais de nombreux curieux commencent à garnir les trottoirs.

- Purée , Marcel, mais c’est que c’est du sérieux, là faut pas se louper si l’on ne veut pas attraper la jachma de notre vie, j’espère que les copains sont en place et que nous allons tout donner,

Bon Norbert regardes les caniveaux au bord de chaque trottoir, c’est pas du lisse, c’est du pavage si tu te mets la dedans t’es bon pour la casse, t’es N° 3 c’est tout bon, tu seras calé entre les quatre autres, mais attention aux écarts. Et arrivé à la cagaruta prends le virage pas trop sec, Bernard sera prêt pour le relais,

Dix heures moins cinq, Laurent arrive avec un magnifique drapeau à damier noir et blanc, tous les pilotes sont alignés sur la ligne de départ.

- Messieurs, vous êtes prêts : quatre, trois, deux, un, partez !

Dans un infernale vacarme les caricos s’élancent et avalent la rue Beauharnais sans coup férir, arrivés à la cagaruta le n°4 ripe en plein virage et heurte le N°5 qui bugne sur le trottoir et perd son roulement avant L ’arrêt brutal le fait chuter, pour lui la fête est finie.

Heureusement pas trop de mal pour le pilote, juste quelques tchichotes et des éraflures légères . Des spectateurs le prenne en charge un coup de mercure au chrome y basta,

Les autres au coude à coude foncent vers la rue de Turenne, Bernard prend le virage comme un champion et passe en tête, j’ai juste le temps de sauter sur le carico à sa place et en avant la musique à fond la caisse, j’ai l’impression que la cave Sénéclauze va me sauter dessus, un petit coup de volant a droite puis brusque ment à droite et je suis rue Dufour en douceur, Robert prend ma place et vlan direction place Hoche et elle est vite là, virage serré et Georges se jette sur le carico.

Le N°5, plateau Saint Michel fait un tout droit et d’un blinco il abandonne sa monture,un roulé boulée et il est debout, nous ne somme plus que trois et Georges est toujours en tête.

Soudain un grand » CCCCCCCCracccc ! l’essieu arrière casse arrivé rue de Tracktir, le carico ziguezague et stoppe, Georges et fou de rage, place Hoche et Saint Eugène franchissent l’entrée du stade du Caïd et place Hoche d’une courte tête gagne la course.

Bernard vient vers moi et me dit en me montrant le morceau d’essieu cassé avec le roulement à bille bien fixé dessus.

- Regarde René, tu vois comme moi ?

- Oh putain d’enfoirés !

Sur l’estrade dressé les réjouissances vont bon train, j’arrive avec mon morceau d’essieu vers le jolatero

- René désolé mais vous êtes éliminés, c’est vrai c’est rageant mais c’est la loi du sport !

- La loi du sport, tu te fous de moi Laurent ? Regarde l’essieu , si tu appelles ça du sport de scier une partie de l’essieu d’un concurrent, le vrai sport c’est d’annuler cette course truquée, je t’avais dit que laisser les caricos toute la nuit chez vous c’était bizarre.

- Tu m’accuses d’avoir truqué la course ?

- Je t’accuses de rien du tout je constate

- Bon je réunie le comité de d’organisation et je reviens.

Cinq minutes plus tard Laurent revient avec trois autres gars que je ne connais pas.

- René, comme vous étiez bien en tête et que le carico a cassé à l’entrée du stade, nous vous donnons le prix de la combativité et vous serez invités d’office lors de la prochaine course.

- Désolé tout cela c’est très bien, mais je veux que soit reconnu officiellement le sabotage.

Annonces le au micro,

Un quart d’heure plus tard, Laurent saisi le micro et annonce :

- Mesdames et messieurs, nous avons constaté le sabotage du carico des Popeyes, comme ils ont fait la course en tête, le directeur de la société Skill offre à l’équipe trois roulements à billes neufs qui vont leur être remis officiellement, leur donne également la coupe du grand prix de la combativité et les prie de recevoir toutes nos excuses, une enquête va être diligentée dès ce soir, car nous ne pouvons supporter que de tels actes soient organisés place Hoche et merci à tous pour votre participation.

Le pot de l’amitié est offert par la société CLO car tout le monde sait que « si c’est CLO c’est sain ». Bonne journée à tous.

- Bon c’est pas mal les gars et vive les popeyes !!!

Après cette journée bien remplie, retour a casa, maman a mit la table et me tend une enveloppe :

- Tiens fiston on ma porté ça pour toi

Surprise, surprise :

Excuses moi René, je me suis trompé de carico et c’est le tien qui a ramassé les coups de scie, je pensais m’attaquer à celui de la place Hoche, ces enfoirés n’ont pas voulu homologuer mon carico, j’ai crocheté la serrure, un jeu d’enfant pour moi, Désolé ne cherches pas à savoir qui je suis, à titre de revanche je vous dois bien ça,

René Mancho http://oran1954.over-blog.com/ http://oran1954.over-blog.com/

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