Par Moon of Alabama – Le 2 novembre 2022
Le mois dernier, j’ai disséqué les propos alarmistes de l’administration Biden sur les prétendus menaces nucléaires russes :
[Le rapport ] cite Biden disant : « [Poutine] ne plaisante pas lorsqu’il parle de l’utilisation potentielle d’armes nucléaires tactiques ou d’armes biologiques ou chimiques parce que son armée est, pourrait-on dire, nettement en mauvaise position. »
Le fait est que Poutine n’a pas parlé de « l’utilisation potentielle d’armes nucléaires tactiques ou d’armes biologiques ou chimiques. » Pas. Du. tout.
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Tous les discours et rapports belliqueux sur la prétendue menace russe d’utiliser des armes nucléaires en Ukraine sont totalement infondés. Le fait que tous les médias « occidentaux » les répandent soudainement montre que cela fait partie d’une campagne de propagande bien dirigée.
J’ai émis l’hypothèse que l’intention de cette campagne était de préparer un incident sous faux drapeau en Ukraine.
Deux semaines plus tard, les services secrets russes ont découvert que l’Ukraine préparait une « bombe sale » qui répandrait des substances radioactives à l’aide d’explosifs chimiques. Ces bombes ne constituent pas une menace militaire significative, mais elles ont un fort pouvoir terrorisant. Si elle utilisait l’une d’entre elles, l’Ukraine accuserait certainement la Russie d’avoir lancé une telle bombe.
Lorsque le Kremlin a découvert le plan de l’Ukraine, il a ordonné au ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu, et au chef d’état-major général, Valery Gerasimov, d’appeler leurs alter ego aux États-Unis, en Turquie, en Grande-Bretagne et en France. Shoigu a même appelé deux fois le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin :
Le ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu, s’est entretenu dimanche avec le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, pour la deuxième fois en trois jours, et a tenu une série d’appels avec trois autres homologues de pays de l’OTAN.
Moscou n’a fourni aucun détail sur la conversation avec M. Austin, qui a eu lieu après que les deux hommes se soient entretenus vendredi pour la première fois depuis le mois de mai. Les comptes rendus des autres appels ont indiqué que M. Shoigu avait déclaré que la situation en Ukraine s’aggravait.
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Shoigu s’est entretenu séparément avec le ministre turc de la défense, Hulusi Akar, et le Britannique Ben Wallace.
Le ministère de la Défense a indiqué que M. Shoigu avait fait part à ses homologues français, turc et britannique de la crainte de Moscou de voir l’Ukraine faire exploser une « bombe sale« , c’est-à-dire un engin contenant des matières radioactives. La Russie n’a fourni aucune preuve à l’appui d’une telle affirmation.
Les appels à des niveaux aussi élevés ne sont effectués que pour des affaires sérieuses. Ils ne sont pas effectués à des fins de propagande ou pour mettre en garde contre des menaces inexistantes. Le fait que ces appels aient eu lieu signifie que la menace de l’Ukraine était réelle.
Les appels semblent avoir eu l’effet escompté. Pendant quelques jours, les rumeurs de « bombe sale » se sont calmées. Elles ont maintenant été relancées.
Aujourd’hui, le Washington Post et le New York Times recommencent à semer la panique à propos de prétendues menaces que la Russie n’a jamais proférées. Les deux articles s’appuient sur des « fonctionnaires de l’administration« , ce qui signifie que c’est l’administration Biden qui a inventé ces histoires.
Les menaces de « bombe sale » de la Russie remettent en question le calcul nucléaire – WAPO
Les responsables américains maintiennent qu’il est peu probable que Moscou utilise le nucléaire en Ukraine. Mais Washington n’a pas beaucoup de bonnes options pour empêcher les pires intentions de Poutine.
La spéculation sur la bombe sale est liée aux commentaires du ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu, répétés la semaine dernière par Poutine, suggérant que l’Ukraine prévoyait de faire exploser un dispositif chargé de matières fissiles sur son propre territoire. Les responsables américains pensent qu’il est plus probable que les avertissements de la Russie étaient en fait les prémices d’une opération sous faux drapeau, signalant les intentions du Kremlin d’utiliser une telle arme et de blâmer les Ukrainiens pour les retombées, littéralement.
Les conversations ont alarmé l’administration Biden car elles montrent à quel point Moscou est devenu frustré par ses revers sur le champ de bataille en Ukraine.
De hauts responsables militaires russes ont récemment eu des conversations pour discuter du moment et de la manière dont Moscou pourrait utiliser une arme nucléaire tactique en Ukraine, ce qui a contribué à accroître l’inquiétude à Washington et dans les capitales alliées, selon plusieurs hauts responsables américains.
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Le président Vladimir V. Poutine n’a pas pris part à ces conversations, qui se sont déroulées dans un contexte d’intensification de la rhétorique nucléaire de la Russie et de revers sur le champ de bataille.
La Russie n’a pas intensifié sa rhétorique nucléaire et, depuis que la poussée de l’Ukraine dans la région vide de Kharkov-Est s’est arrêtée fin septembre, elle n’a pas connu de revers récents sur le champ de bataille. Toutes les tentatives de l’Ukraine de percer les lignes de front ont depuis été vaincues, au prix d’un coût élevé pour les unités ukrainiennes attaquantes.
En réalité, la Russie renforce ses lignes de front à mesure que les 300 000 réservistes mobilisés rejoignent ses forces. Elle a dégradé les infrastructures de transport et de communication de l’Ukraine en détruisant environ 40 % des postes électriques de 330 000 volts du pays. Les transformateurs détruits sont des équipements de l’ère soviétique sans substitut « occidental » et l’Ukraine n’a aucun moyen de les remplacer en temps voulu. La Russie a réalisé cette opération à moindre coût en utilisant des drones suicide iraniens. En échange , l’Iran recevra des avions de combat SU-35. Les dommages financiers de ces frappes pour l’Ukraine sont bien plus élevés que les coûts pour la Russie.
Il n’y a absolument aucune raison pour que la Russie envisage d’utiliser quoi que ce soit de nucléaire. Cela contredirait ses politiques et doctrines sans lui donner le moindre avantage.
Si, à la mi-octobre, les chefs militaires russes ont effectivement parlé entre eux de quelque chose de nucléaire, il est beaucoup plus probable qu’ils aient parlé d’armes ukrainiennes ou américaines que de celles que leur pays possède.
La question centrale dans tout cela reste la même qu’il y a un mois. Pourquoi l’administration Biden fait-elle cela ? Pourquoi invente-t-elle des histoires sur des « menaces russes » inexistantes ?
Lors d’un récent discours du président russe Vladimir Poutine au Valdaï Club, cette question lui a été posée. Il y a répondu ainsi :
Ivan Safranchuk : Ivan Safranchuk, Université MGIMO.
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La rhétorique nucléaire s’est fortement intensifiée ces derniers temps. L’Ukraine est passée de déclarations irresponsables à la préparation d’une provocation nucléaire ; les représentants des États-Unis et du Royaume-Uni font des déclarations qui suggèrent l’utilisation possible d’armes nucléaires.
Biden, disons, parle de l’Armageddon nucléaire, et immédiatement, des commentaires sont émis aux États-Unis selon lesquels il n’y a rien à craindre. Dans le même temps, les États-Unis s’empressent de déployer des bombes nucléaires tactiques modernisées en Europe. On dirait qu’ils agitent le sabre tout en refusant de reconnaître les leçons de la crise des missiles de Cuba.
Mr le Président, pouvez-vous nous dire s’il est vrai que le monde est au bord de l’utilisation possible d’armes nucléaires ? Comment la Russie agira-t-elle dans ces circonstances, étant donné qu’elle est un État nucléaire responsable ?
Merci.
Vladimir Poutine : Écoutez, tant que les armes nucléaires existeront, il y aura toujours un risque qu’elles soient utilisées. C’est la première chose.
Deuxièmement, l’objectif de l’agitation actuelle autour de ces menaces et de l’utilisation potentielle d’armes nucléaires est très primitif, et je ne me tromperais probablement pas en expliquant de quoi il s’agit.
J’ai déjà dit que le diktat des pays occidentaux et leurs tentatives de faire pression sur tous les participants à la communication internationale, y compris les pays neutres ou amis, n’aboutissent à rien, et ils cherchent des arguments supplémentaires pour convaincre nos amis ou les États neutres qu’ils doivent tous affronter la Russie collectivement.
La provocation nucléaire et l’exacerbation de la possibilité que la Russie puisse théoriquement utiliser des armes nucléaires sont utilisées pour atteindre ces objectifs : influencer nos amis, nos alliés et les États neutres en leur disant, regardez qui vous soutenez ; la Russie est un pays tellement effrayant, ne la soutenez pas, ne coopérez pas avec elle, ne faites pas de commerce avec elle. Il s’agit, en fait, d’un objectif primitif.
Que se passe-t-il dans la réalité ? Après tout, nous n’avons jamais rien dit de manière proactive sur la possibilité que la Russie utilise des armes nucléaires. Nous n’avons fait que des allusions en réponse aux déclarations des dirigeants occidentaux.
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Quant à la Russie… Nous avons une Doctrine militaire, et ils devraient la lire. L’un de ses articles explique les cas où la Russie considère qu’il est possible d’utiliser des armes de destruction massive sous la forme d’armes nucléaires pour protéger sa souveraineté, son intégrité territoriale et assurer la sécurité du peuple russe.
La réponse de Poutine me semble plausible. Je n’en vois pas de meilleure.
Pour moi, tout cela semble très bas de gamme, dément et même primitif. Lorsqu’on lit ces histoires inventées et qu’on vérifie leur véracité, on finit par secouer la tête. Aucune personne sérieuse ni aucun pays étranger ne se laissera influencer par de telles absurdités.
Ce que ces histoires montrent réellement, c’est que les néoconservateurs de l’administration Biden n’ont plus aucun instrument réel ni aucune capacité à influencer l’exécution des nouveaux plans russes en Ukraine. Dans un mois ou deux, lorsque les troupes russes auront chassé l’armée ukrainienne de Donetsk et d’autres régions, ils n’auront plus rien à dire.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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