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Hong Kong : ils se battent pour leur futur et le nôtre

, par  Christian Michel , popularité : 6%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Heung-Gong-Yan1 avec la contribution de Christian Michel.

Quand les jeunes délaissent leurs études, leurs amours, leurs possibilités professionnelles pour défendre le futur, la société est vraiment pourrie.

C’est la nuit la plus sombre chaque année à Hong Kong, mais la plus scintillante aussi, quand les habitants éteignent les lumières dans les appartements et les bureaux, et allument des bougies aux fenêtres et dans les parcs.

Chaque année le 4 juin, ces petites flammes rappellent le massacre de la Place Tian’anmen . Nous savions que cette 31ème commémoration serait sans doute la dernière possible. Déjà, nous avions ignoré les tout récents décrets sur « la sécurité » lorsque par centaines de milliers nous avons occupé les stades et les places publiques, malgré les ordres braillés dans les haut-parleurs. Il y eut une minute de recueillement.

Puis ce pieux devoir accompli, chacun a repris le cours de sa vie nocturne hongkongaise, trépidante et mercantile.

Avec un ami, je cherchai où diner, un restaurant « jaune », ces lieux pro-démocratie, pro-libéraux, où l’on peut parler librement, par opposition aux établissements « bleus », où se retrouvent les flics, les collabos chinois, les suppôts du régime. Il y avait cet izakaya, un resto japonais hyper « jaune », fréquenté par des étudiants et des activistes, niché au haut d’un immeuble commercial.

C’est là, dans l’ascenseur, que j’ai reconnu sous les masques leurs jeunes visages maintenant célèbres, Agnès Chow Ting (23 ans), Joshua Wong (23 ans), et Nathan Law (27 ans). Les portes automatiques refermées sur nous, il y eut dans leurs regards un instant d’hésitation. Indic ? Camarade ? La répression crée la méfiance, c’est son but. Quelques mois plus tôt, le port du masque était interdit pour que les flics identifient les manifestants, puis il fut obligatoire, pandémie oblige, et pour que les flics tabassent les manifestants sans possibilité d’être identifiés sur les vidéos.

Leur examen conclu, les trois activistes reprirent leur conversation – où ils étaient positionnés dans la manif’, qui d’autre connu y participait, comme s’il s’agissait d’une fête ou d’un grand jeu. Ils menacent le tout-puissant régime chinois, mais ces meneurs sont à peine sortis de l’adolescence, amateurs de fast-food japonais, fans de mangas et de musique.

Arrivés à l’étage, ils sortirent devant moi. Ils s’éloignèrent, tous les trois petits de taille, immenses par le courage, absorbés dans leur conversation. Je compris à cet instant que nous vivions nos derniers jours de liberté.

Un mois plus tard, en effet, Nathan Law dut chercher refuge à Londres, Joshua Wong et Agnes Chow sont sous le coup de poursuites judiciaires. La justice les a laissés en liberté sous caution, en attendant de les juger. Ils vivent sous constante surveillance policière.

Joshua Wong est un activiste de longue date, secrétaire-général du Parti Demosistō, maintenant interdit, déjà un des porte-paroles de la Révolution des Parapluies en 2014. Agnes Chow, aussi cofondatrice de Demosistō, est accusée, entre autres « crimes », de collusion avec des agents étrangers. Ce qui montre la perversité de telles accusations, car qui sur la planète aujourd’hui, ne vivant pas sous un igloo au-delà du cercle polaire, sans connexion internet, ne tisse pas de liens avec des étrangers ?

Le Parti communiste a créé autour du pays une « muraille de Chine digitale », bloquant les sites qui pourraient donner aux Chinois une information objective. Mais de quelle collusion avec quelles forces extérieures, Agnès Chow pourrait-elle être coupable ?

Elle parle japonais couramment, et comme les jeunes Hongkongais, elle est fan de mangas. Mignonne, un sourire angélique toujours aux lèvres, une diction un brin zézayante, elle a son fan club nippon. Peut-être même qu’elle en influence certains là-bas en faveur de Hong Kong.

Mais la réalité est qu’elle est, comme nous tous, Hongkongais, victime d’un gang, habitant le même quartier, s’en prétendant le propriétaire, imposant sa loi par la terreur – la Chine.

Que faire contre l’oppression à Hong Kong ?

Hong Kong aujourd’hui est un de ces tests que l’Histoire fait passer aux partisans de la paix et de la justice. Ils doivent trouver le moyen de contrer une autocratie. S’ils échouent, ils glissent vers la guerre. S’ils réussissent, l’autocrate perd pied, son prestige faiblit, et comme un chien battu, il retourne à sa niche.

Mussolini en Éthiopie, Hitler à Munich, Khrouchtchev à Cuba, sont les cas emblématiques de ces deux options au siècle dernier. Quelles riposte aujourd’hui contre l’autocrate Xi Jinping ?

Comme l’un de nous deux l’a écrit ici , le doux commerce sert toujours la cause de la paix ; les embargos, quotas et rétorsions commerciales punissent les peuples, et paradoxalement dédouanent les dirigeants. Ils savent maintenant qui blâmer – l’ennemi étranger – pour leurs propres erreurs. Il faut au contraire cibler les exécutants eux-mêmes.

Une application de la Loi Magnitski à Carrie Lam, cheffe de l’exécutif de Hong Kong, serait un début (et la déchoir de la Légion d’Honneur un minimum), puis étendre aussitôt cette loi à tous ceux au sein de la police et de la justice qui, par leur brutalité et arrestations arbitraires, ont violé les lois qu’ils avaient charge de faire respecter, et inclure ceux qui en Chine même, au sein du Parti, ont donné personnellement ces instructions scélérates (à ce stade, les plus hautes autorités restent hélas intouchables).

Une deuxième mesure nécessaire est de renforcer la diplomatie des peuples. Continuons d’encourager les Chinois à visiter les pays occidentaux, les jeunes à y étudier, à y travailler, les artistes à y présenter leurs œuvres, les intellectuels à coopérer à travers les frontières, et laissons-les constater par eux-mêmes si la propagande du Parti communiste reflète la réalité qu’ils rencontrent.

Si nous avons confiance en nos valeurs libérales, si nous croyons qu’elles sont vraiment universelles, elles feront le boulot toutes seules.

Enfin, et c’est essentiel, il faut aider les victimes. La priorité est de leur tendre un filet de sécurité. Les États européens, suivant l’exemple du Royaume Uni , doivent absolument garantir un permis d’établissement et de travail à ceux qui voudraient quitter Hong Kong. Le geste est essentiel. Sans être agressif envers la Chine, il témoigne de notre détermination dans la défense des libertés.

Peu de Hongkongais s’établiront sur notre continent, le risque politique est faible pour les gouvernements nationalistes et frileux, mais les Hongkongais qui viendront possèdent un capital culturel et une éthique de travail qui est tout à notre avantage.

Il faut soutenir pratiquement, moralement, psychologiquement, ceux qui restent à Hong Kong, montrer que leur combat est le nôtre , qu’ils ne sont pas abandonnés, que leurs voix sont entendues très loin et clairement.

C’est la mission des journalistes et des ONG, des réseaux sociaux, des éditeurs de livres, des universités, des églises, des multiples associations de défense des droits humains. Chacun a un rôle. Ce sont ces actions sur tous les fronts, depuis le Nobel à Soljenitsyne jusqu’à la diplomatie de Jean-Paul II, le soutien des scientifiques à Sakharov, des intellectuels à Havel, cette réaction outrée des sociétés civiles devant l’arbitraire, qui ont sapé l’autorité morale du Parti communiste de l’URSS et précipité sa chute. Les mêmes causes en Chine produiront les mêmes effets. Heung-Gong-Yan est le pseudo d’une jeune activiste de Hong Kong ↩

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