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En Cisjordanie, les destructions d’infrastructures financées par l’UE se multiplient

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Depuis bientôt une année, les démolitions de maisons et de structures palestiniennes subventionnées par l’Union européenne, et présentées comme « ¡llégales » par le gouvernement de Benyamin Netanyahou, se sont multipliées

Dans la nuit de lundi à mardi, il a suffi de quelques secondes pour qu’une quinzaine de soldats israéliens lourdement armés prennent position sur les toits du hameau de Zaatara, un paisible hameau situé au sud de Naplouse, en Cisjordanie. Et pour que deux bulldozers militaires détruisent dans la foulée un petit jardin d’enfants financé par la Belgique à concurrence de quelques dizaines de milliers d’euros.

Les soldats se sont présentés sans ordre de démolition émanant d’un tribunal et sont passés directement à l’action malgré les protestations de quelques habitants. Pour quelle raison ? Mystère. Créé dans le cadre d’un programme européen visant à faciliter la gouvernance locale ainsi que les contacts entre divers villages palestiniens se trouvant dans la zone A (sous contrôle de l’Autorité palestinienne), la zone B (sous le contrôle mixte israélo-palestinien) et la zone C (sous contrôle israélien exclusif), ce petit espace communautaire ne dérangeait personne. En tout cas, aucun incident grave ne s’était jamais produit et il constituait une bouffée d’oxygène pour les habitants des environs de Naplouse.

Le raid de Zaatara n’est pas isolé. Car depuis le milieu de 2015, le premier ministre Benyamin Netanyahou et son ministre de la Défense, Moshé Yaalon, ont accéléré la destruction de maisons et de structures palestiniennes présentées comme « illégales ». Principalement visés : les hameaux bédouins des environs de Hébron établis sur des terres que Tsahal a érigées en terrain de manœuvres, mais également des infrastructures financées en zone C (60% de la Cisjordanie) par l’Union européenne ou par certains de ses membres.

Ces donateurs ont engagé plus de 100 millions d’euros dans ces projets dont certains se trouvent dans la très sensible zone « E1 », une vallée des environs de Jérusalem sur laquelle Israël veut construire des colonies afin de couper la Cisjordanie en deux. Or, les autorités israéliennes considèrent qu’il s’agit d’une « intervention extérieure » et il ne la supporte. Sur les 974 constructions « illégales » répertoriées par l’administration de l’Etat hébreu depuis 2014, 408 ont donc été détruites. Des aires de jeu pour enfants et des écoles en préfabriqué, des caravanes, ainsi que des tentes données aux Bédouins après que ces dernières eurent été réduites en bouillie par des bulldozers. Pour effectuer ce nettoyage par le vide, les dirigeants israéliens profitent du désintérêt actuel de l’opinion internationale pour le conflit israélo-palestinien.

Mais cette politique de démolition n’est pas née de cette seule circonstance. En fait, elle est inspirée par l’ONG Regavim, un groupe de réflexion créé en 2006 par les colons Yehouda Eliahou et Betzalel Smotrich « afin de défendre nos droits et notre terre ». Quelques années plus tard, le second a d’ailleurs poursuivi son combat à la Knesset où il a été élu sur la liste du parti d’extrême droite Foyer juif. Là, il s’est notamment fait remarquer pour ses déclarations homophobes ainsi que ses prises de position favorables à la séparation entre patientes juives et arabes dans les maternités.

Quoi qu’il en soit, en mai 2015, Regavim a publié un rapport accusant l’UE de « financer des centaines de constructions illégales en zone C » et appelant le gouvernement, dans lequel le Foyer juif est partie prenante, à les détruire. « Nous agissons parce que l’on nous vole nos terres », affirme Ari Biggs, le directeur des relations internationales de Regavim. A l’en croire, l’UE serait passée d’une simple assistance humanitaire à une « coopération active visant à jeter les bases d’un Etat palestinien sous les yeux de nos dirigeants ». Et de poursuivre : « Les Palestiniens se livrent à un grappillage quotidien avec le soutien de l’UE ».

A contrario, Ghassan Daghlas, un responsable de l’Autorité palestinienne (AP) en poste à Naplouse, affirme que « le nombre de destructions n’a jamais été aussi élevé et qu’il est en constante augmentation ». Pour le fonctionnaire palestinien, « le phénomène est désormais quotidien et généralisé, ce qui explique pourquoi il se déroule dans l’indifférence générale ».

Voir en ligne : http://www.letemps.ch/monde/2016/04...