La « rue arabe » française pèse sur la politique d’Emmanuel Macron. Un an après le pogrom du 7 octobre mené par le Hamas et des milliers de gazaouis contre Israël (plus de 1200 morts, près de 250 otages), le chef de l’Etat redoute de déplaire aux banlieues islamisées. Un mélenchonisme d’atmosphère est perceptible à l’Elysée, fasciné par la nouvelle France immigrée. La collaboration avec l’islam conquérant a été théorisée par Jean-Luc Mélenchon, qui appelle mardi les étudiants à sortir des drapeaux palestiniens. Or cette capitulation incite pareillement le pouvoir flageolant à flatter la diversité sacralisée, au détriment de l’intérêt national. Lors de la manifestation « Pour la République, contre l’antisémitisme » du 12 novembre 2023, qui répondait aux massacres djihadistes, le président avait choisi, à l’instar du leader LFI, de rester à l’écart au nom de « l’unité du pays ». Il s’agissait pour lui de ne pas froisser la communauté musulmane, présumée solidaire de la cause palestinienne et judéophobe. Samedi, une même dérobade, à la veille de la commémoration du carnage, a poussé le président à appeler à cesser les livraisons d’armes à l’Etat hébreu, en réclamant un cessez-le-feu sur Gaza. Là encore, la position élyséenne est venue rejoindre celle de l’extrême gauche antisioniste et anti-juive, avec qui le parti présidentiel avait fait une alliance tacite pour constituer un front républicain contre le RN. « Honte à vous ! », a répliqué Benyamin Netanyahou, qui affronte, au Liban, un Hezbollah surarmé (150.000 missiles) par l’Iran. Macron arme l’Ukraine contre la Russie mais refuse de prêter main forte aux Israéliens, qui se battent contre le totalitarisme islamiste en guerre contre l’Occident. Les rabatteurs de cette idéologie appellent, notamment à Sciences-Po-Paris, à l’intifada contre la France, c’est-à-dire à l’affrontement civil.
Toutefois, la pression de l’électorat musulman n’est pas le seul ressort de la lâcheté présidentielle. La guerre que mènent Israël et ses citoyens-soldats, sur sept fronts, n’est pas comprise non plus du Pouvoir, ouvert à l’apaisement avec l’islam. La France couchée n’aime pas voir Israël debout, écrivais-je ici le 25 septembre. De surcroit, la volonté israélienne de préserver sa nation, son identité, sa religion, ses frontières, est vue comme une régression populiste par les intellectuels du cosmopolitisme, révulsés par le patriotisme moisi du peuple ordinaire. « Les Israéliens sont ce que nous regrettons de ne plus être, pris dans la spirale des transfrontières et des transgenres, dans un univers d’indifférenciation qui évoque le tohu-bohu de la Genèse », écrit Georges Bensoussan (Le Figaro, 4 octobre). Dans ce contexte, les représentants des Français juifs (Crif, Consistoire, Grand-rabbinat, etc.) font preuve d’incohérence quand ils dénoncent ceux qui les abandonnent mais récusent les soutiens quand ils viennent du RN. « Je ne me sens pas défendu par le RN », explique Bernard-Henri Lévy (dimanche, LCI). « Le monde juif résiste largement à la tentative de séduction du RN », assure Yonathan Arfi, président du Crif (Le Monde, 5 octobre). Or, si Israël est en première ligne dans la résistance au djihad planétaire, Marine Le Pen est devenue exemplaire, avec LR et Reconquête, dans le soutien à l’Etat paria et aux compatriotes juifs cibles du nouvel antisémitisme. Celui-ci a été importé par les adeptes de la société ouverte et « antiraciste », dont beaucoup pleurent désormais leur sort. Israël, un an après le 7 octobre, a brisé le Hamas, le Hezbollah et a affaibli l’Iran des mollahs. Il lui reste à se garder de ses faux amis progressistes habités par la haine de soi et la fascination pour l’Autre. Ces donneurs de leçons se sont trompés sur tout.