« Il y a déjà douze ans, devant le silence et l’oubli médiatique qui s’étaient abattus sur le sort des disparus, nous avons utilisé, avec mon ami Hervé Cuesta, la légitimité de cette Journée Mondiale des Disparitions Forcées, qui semblait si bien convenir à cette manifestation, pour dire que la France a toujours des otages qu’elle n’a ni recherché, ni réclamé.

En lisant ces simples mots, je ressens au plus profond de moi, l’injustice envers les personnes enlevées, et la terrible angoisse que ressentait leurs familles…Je ressens la colère des dossiers classés, des renoncements devant des dossiers trop chauds, de ceux qu’on n’ose ouvrir pour cause de manque de courage.

Mais, vous êtes venus, dès ce 30 aout 2012, devant cette Stèle des Martyrs de l’Algérie Française, partager avec moi ce besoin de montrer du doigt, la petitesse et la lâcheté de nos gouvernants devant leurs évidentes responsabilités…

Vous êtes venus, pour montrer, votre colère intacte, et dire nous n’abandonnerons jamais les nôtres

Vous êtes venus, pour certains, vous recueillir sur le nom d’un soldat enlevé, car, qui peut le croire, on a aussi enlevé des soldats Français, bien après les accords de Paix leur assurant la sécurité, mais les accords n’ont jamais été respectés…Aussi, nous ne pourrons dissocier les Civils des Militaires, victimes de la même trahison, du même abandon, des mêmes mensonges.

Vous êtes venus, comme des sentinelles qui n’abandonnent pas, pour garder visible cet hommage que la France ne leur rend pas, et entier le respect aux victimes. Nous montrerons que nous sommes là, moins nombreux d’année en année, jusqu’au jour où plus personne ne déposera de gerbes. Ce jour-là, Les Disparus figureront ou pas, dans le livre d’Histoire de la France.

Bien entendu je salue toutes les associations qui travaillent pour ces dossiers, et le Clan y travaille aussi, et malgré la désespérante lenteur, nous n’abandonnerons pas. D’ailleurs, nous pensons que la France devrait donner une résonnance particulière à cette journée en ne mêlant pas les bourreaux et les victimes.

Le souvenir de nos morts vit dans le cœur des vivants, et nous laisse ce sentiment diffus de peine et de responsabilité envers leur mémoire. La Vérité va toujours moins vite que le mensonge, mais elle arrive avec beaucoup plus de bruit.

Merci à vous mes amis de garder la foi et les valeurs qui nous font rester debout. »

François Paz -*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-

Nous avons conclu cette cérémonie par une minute de silence, puis par un chant des Africains. Nous sommes donné rendez-vous le 26 mars prochain, pour nous souvenir ensemble de ceux qui ont été volontairement oubliés.