Et voilà. Il n’aura pas fallu longtemps pour que, comme disent les anglo-saxons, le « business (reprenne) as usual ». En commençant par nos irréprochables médias et leurs poissons pilotes, les instituts sondagiers. Depuis le 7 janvier, Hollande aurait repris 21 points de popularité, un record jamais égalé, qui récompenseraient le « sans faute » (dixit les mêmes thuriféraires ) d’un capitaine courage, président-skipper impeccable dans la tempête. Impeccable dans son apparence, costume noir, cravate noire, chaussures noires, lunettes noires, œil noir, cheveux noirs, le deuil de la France incarné par le premier des Français. Impeccable dans sa parole, compassionnelle, rassurante et fédératrice, à peine quelques bafouillis, pas de grossière confusion entre terrorisme et islamisme, pas d’amalgame, pas de stigmatisation, l’icône d’une France unie derrière son « guide ». Impeccable dans son rôle de chef de guerre, omniprésent et martial à la tête des milliers de policiers, gendarmes et militaires lancés dans la traque des trois ennemis de la République, animant la « war room », expliquant leur métier aux spécialistes, autorisant, avec un courage inouï, le GIGN, à tirer sur les frères Kouachi qui les canardaient copieusement.

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Mais de qui se moque-t-on (de nous, bien sûr) ? Est-ce un exploit que le président n’ait pas laissé échapper une de ces petites blagues qui l’ont rendu si populaire dans les maisons de retraite ? Est-ce extraordinaire qu’il n’ait pas confondu la carte des implantations de l’État Islamique avec la courbe du chômage ? Est-ce stupéfiant qu’il ne soit pas allé manifester affublé d’un nez rouge, habillé en Auguste et jouant du bandonéon ? Est-ce époustouflant qu’il n’ait pas appuyé par inadvertance sur le bouton rouge et déchaîné le feu nucléaire sur Dammartin-en-Goële ?
Qu’a-t-il fait d’exceptionnel ? Était-ce le rôle du Président des Français de se montrer à tout bout de champ à la télé pour commenter les commentaires de commentateurs qui n’avaient rien à dire ? Devait-il absolument se mêler de la phase opérationnelle de la traque et de l’élimination des djihaddistes ? N’y aurait-il pas en France, cinquième puissance du monde, des ministres pour administrer, des officiers pour commander, des soldats, des gendarmes et des policiers pour exécuter, sans que le Président apparaisse sur la photo ?

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Alors, comme ça, les défileurs du 11 janvier, ça y est, vous êtes contents, repus d’émotions, rassurés. Vous croyez de nouveau en Hollande. Vous n’avez plus honte d’avoir voté pour lui. Et vous vous dites que quand bien même Hollande retomberait dans ses (oh combien innocents !) travers, il y aurait Valls, qui a été si bon, si intelligent, si Premier Ministre, si beau, si ténébreux. Avec ces deux-là, nous sommes sauvés. D’ailleurs, ils ont tout de suite pris la mesure du défi : le président en trouvant les solutions : un jour de célébration de la laïcité, et peut-être, mais c’est à l’étude, tant le sujet est délicat, le port de l’uniforme obligatoire pour tous les élèves dans les écoles de la République.
Tandis que le premier Ministre, lui, parfaite répartition des rôles pour un tandem gagnant, a trouvé le problème : l’APARTHEID ! Tout est de notre faute, Français de souche, sans cœur et pleins de reproches, qui avons installé « un apartheid territorial, social, et ethnique », vis-à-vis des populations étrangères ! Les salauds, c’est nous, les terroristes, c’est nous, les racistes, c’est nous, les islamophobes, c’est nous, les antisémites… c’est pas nous, mais c’est nous quand même, si on y réfléchit bien, vu que les antisémites, en France, ils sont Français !

En refusant encore et toujours de constater que si apartheid il y a en France, il n’est pas le fait des autochtones, mais qu’il est pratiqué par des populations étrangères qui s’installent puis s’enferment dans des territoires dont elles chassent les occupants non communautaires, en pratiquant leurs propres règles au mépris de celles du pays qu’elles circonviennent peu à peu. Mais le dire, c’est être au choix xénophobe, ou islamophobe, ce qui, on ne se lasse pas de nous le répéter, n’est pas une opinion, mais un délit…

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Avouez que vous ne vous attendiez pas à un tel épilogue pour cette merveilleuse journée d’Union Nationale, les « Je suis Charlie » ? Vous vous sentiriez même quelque peu cocus ? Si cela peut vous consoler, les « je ne suis pas Charlie », nous ne sommes peut-être pas cocus, comme vous, mais une chose est certaine, c’est qu’on se fait enc…, tout pareil.