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Trump monte un « shadow GIEC » sur le climat

, par  Auteur invité , popularité : 5%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Par John Siciliano.
Un article de Watts Up With That

L’administration Trump commence tout juste à mettre sur pied une « équipe rouge », sorte de « shadow GIEC » censé jouer l’avocat du diable dans le débat sur le réchauffement climatique et apporter des arguments contradictoires à ce que les climato-sceptiques appellent l’alarmisme climatique.

La Maison-Blanche et l’Agence pour la Protection de l’Environnement (Environmental Protection Agency ou EPA) sont en effet en train de recruter des scientifiques avec l’aide du Heartland Institute, lequel est considéré comme le Think Tank de référence dans la remise en cause du consensus scientifique majoritaire sur le climat.

L’équipe rouge

L’Institut possède sa propre « équipe rouge » : antithèse du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU), elle a été baptisée sans complexe Groupe d’experts international non gouvernemental sur l’évolution du climat..

« La Maison-Blanche et l’Agence pour la Protection de l’Environnement ont fait appel au Heartland Institute pour les aider à identifier les scientifiques qui pourraient participer à une équipe rouge, et nous avons été heureux de pouvoir leur rendre service », a expliqué Jim Lakely, Directeur de la communication de l’Institut, au Washington Examiner.

« Un projet de cette nature est attendu depuis longtemps », a-t-il ajouté. « Les scientifiques du climat qui dominent les délibérations et les publications du GIEC n’ont rencontré pratiquement aucune contradiction. C’est une violation de la méthode scientifique et une atteinte à la confiance de l’opinion publique. »

Revenir à la science du climat

Le Heartland Institute soutient l’idée d’une « équipe rouge » depuis longtemps. Selon Jim Lakely, il s’agit « d’examiner de façon critique ce qui est devenu depuis trop d’années un dogme alarmiste plutôt qu’une sobre évaluation de la science du climat. En fait, l’Institut Heartland a travaillé étroitement avec une équipe rouge qui étudie la science du climat depuis de nombreuses années : le Groupe d’experts international non gouvernemental sur l‘évolution du climat* ou GINEC. »

L’équipe rouge envisagée par l’administration Trump pourrait ressembler au groupe créé par le Heartland Institute.

D’après ce qu’a confié le mois dernier un haut fonctionnaire au site d’information sur le climat Climatewire, le Directeur général de l’EPA Scott Pruitt « estime que l’agence sera capable de recruter les meilleurs dans le domaine du climat et qu’elle sera à même d’organiser un processus spécifique dans lequel ces personnes apporteront une analyse critique à charge et à décharge à propos des nouvelles études sur le climat. »

« A vrai dire, cette initiative nous motive à l’extrême. Comme d’autres domaines scientifiques, la science du climat est en évolution permanente. Une nouvelle évaluation, transparente et sans préjugés, c’est quelque chose que tout un chacun devrait applaudir des deux mains », a aussi jugé le haut fonctionnaire cité ci-dessus.

Le changement climatique revisité

L’équipe du Heartland publie régulièrement des rapports critiques sur les études du GIEC ou d’autres scientifiques du climat. Depuis ses débuts il y a huit ans, elle a produit quatre volumes complets intitulés « Le changement climatique revisité ». Le cinquième est annoncé pour la fin de cette année.

« Des centaines de chercheurs ont participé à la rédaction ou à la revue de ces volumes publiés par le Heartland Institute » a précisé Jim Lakely. Au total, ils représentent plus de 3000 pages.

Alors que l’administration Trump se lance dans une approche similaire, il est ironique de se rappeler qu’à l’origine elle fut avancée par Steven Koonin, ancien fonctionnaire de l’administration Obama. Il proposa en effet de procéder selon le mode contradictoire équipe rouge vs équipe bleue afin d’éclaircir l’ensemble des tenants et aboutissants de la science du climat. Koonin enseigne à l’Université de New York.

Deux équipes scientifiques

Il suggéra cette idée en avril dernier dans un contre-édito1 du Wall Street Journal. L’exercice comprendrait une « équipe rouge » représentant les climato-sceptiques prêts à affronter une « équipe bleue » représentant la majorité des scientifiques qui croient que la planète se réchauffe en raison de l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre dû aux activités humaines.

Ce type d’approche par équipes opposées fut mise au point par l’armée à l’époque de la Guerre froide afin de tester les différentes thèses en circulation à propos des capacités militaires de l’Union soviétique. Pour le changement climatique, elle permettrait de disposer de points de vue contradictoires afin d’évaluer les différentes thèses et déterminer quelle part du réchauffement est due aux émissions de dioxyde de carbone et quelle autre part à la variabilité naturelle du climat.

Avoir une vraie conversation sur le climat

En juin, à l’occasion des auditions sur le budget 2018, le Secrétaire d’Etat américain à l’énergie Rick Perry a lancé l’affaire en ces termes devant la Commission sénatoriale du budget :

Pour ce pays, c’est une belle occasion d’avoir une conversation sur le climat, et d’amener les scientifiques à se parler en dehors de toute pression politique.

Effectivement, le sous-secrétaire d’Etat à l’énergie du Président Obama, Steven Koonin, est un spécialiste de la physique théorique et il connaît bien ce sujet. Or il a dit qu’il est probablement temps que les scientifiques abordent la question sans politiciens dans la pièce.

Scott Pruitt à la manœuvre

Perry fut le premier membre éminent de l’administration Trump à évoquer l’idée en public, mais cela restait très hypothétique car il n’avait pas le moindre plan en tête pour la mettre en oeuvre.

Mais le patron de l’EPA, Scott Pruitt, est en train de la concrétiser.

« D’après ce que je comprends, Scott Pruitt essaie de recruter Koonin pour prendre la tête de l’opération », a déclaré Myron Ebell, ancien chef transitoire de l’EPA avant la nomination de Pruitt et actuel directeur de l’environnement dans le Think Tank libéral Competitive Entreprise Institute.

Ni l’EPA ni Koonin n’ont répondu à nos appels pour confirmer que ce dernier serait pressenti pour diriger l’équipe rouge.

Un médiateur crédible

Mais Ebell souligne la logique qu’il y aurait à le voir participer au projet :

« C’est un médiateur de choix, non ? Il appartenait à l’administration Obama, mais il pense que le débat fut insuffisant. Il aurait la crédibilité idéale pour mener à bien tout le processus.

Je ne sais pas ce qu’ils ont en tête sur la façon de procéder, et j’en sais encore moins sur ce que Koonin a en tête. En général, nous avons besoin d’aller au-delà de ce que l’establishment dit lorsqu’il est contesté, c’est-à-dire « vous pouvez nous faire confiance ». Je ne pense pas qu’on puisse faire confiance à l’establishment. »

Reprenant à son compte une formule de Ronald Reagan à l’époque de l’Union soviétique, Ebell explique qu’il préférerait de beaucoup « faire confiance, puis vérifier. »

Je ne dis pas que les scientifiques sont des soviétiques. Je pense simplement que c’est une bonne approche, surtout quand on sait que les mesures recommandées vont coûter des milliards de dollars dans les prochaines décennies.

Le flou des objectifs

Moins enthousiaste, le Bipartisan Policy Center (centre bipartisan des politiques publiques), entité qui sert souvent à réconcilier des points de vue politiques divergents, s’interroge sur la façon dont les équipes seront constituées et se demande quels seront les objectifs du processus :

Pour l’instant, les contours de l’exercice équipe rouge vs équipe bleue ne sont pas parfaitement clairs. D’après nos propres évaluations, l’activité humaine a un impact sur le climat », explique Tracy Terry, directeur du projet énergie dans ce centre. « Comme le changement climatique est une réalité, l’exercice pourrait se révéler utile s’il se concentrait sur l’amplitude des impacts potentiels et sur les meilleurs moyens pour les atténuer et s’y adapter.

Une approche erronée ?

Une chercheuse du Think Tank environnemental World Ressources Institute considère pour sa part que l’approche est clairement erronée.

« Il est vrai qu’elle a été utilisée par les plus grandes entreprises pour des exercices stratégiques internes, mais c’est complètement inapproprié pour la science », a écrit Kelly Levin dans un récent article de blog. « Cette approche n’a pas sa place dans la détermination de la science du changement climatique. »

Chez World Ressources Institute, Kelly Levin dirige le programme qui traque les émissions de dioxyde de carbone des pays développés.

« L’écrasante majorité – 97 % – des études révisées par les pairs soutiennent le point de vue du consensus selon lequel les activités humaines contribuent à la plus grande part du réchauffement climatique récent. » Seule une « proportion de plus en plus réduite » d’études rejettent le consensus scientifique, estime Kelly Levin.

Aussi, « donner dans cet exercice un poids égal à l’équipe rouge et à l’équipe bleue aurait pour effet de suggérer à tort à l’opinion publique qu’il y a un débat là où il n’y en a pas », ajoute-t-elle. « Et l’administration Trump va vraisemblablement truffer l’équipe rouge de personnes dont les intérêts dans les industries des énergies fossiles sont connus, comme elle l’a fait pour les membres du gouvernement. »

Traduction de Nathalie MP pour Contrepoints

Sur le web

 

Article publié initialement par The Washington Examiner le 24 juillet 2017.

 

 

  1. En anglais : op-ed ou « opposite the editorial page ».

Cet article Trump monte un « shadow GIEC » sur le climat est paru initialement sur Contrepoints - Journal libéral d'actualités en ligne

Voir en ligne : https://www.contrepoints.org/2017/0...