Bernard Payan, maire par intérim de Marseille, présentait à Didier Migaud et Bruno Retailleau « sa ville la plus algérienne de France ». Mais ce n’est pas cette ville que visitaient le ministre de l’Intérieur et celui de la Justice, c’était Marseille, la ville la plus « sanglante », la plus « droguée » de métropole.
C’est vrai qu’elle est devenue algérienne puisqu’elle appartient dorénavant à la DZ mafia (DZ = Djezaïr = Alger, qui la partage depuis plusieurs années avec Les Blacks et le clan Yoda).
Pendant que ces trois personnages se promenaient à Marseille, je ne pouvais que me remémorer le Marseille, celui des années 1960, les précédentes et les suivantes, à ces Marseillais qui avaient encore l’accent de la « Bonne Mère ». Le Marseille de « l’avant », celui que j’ai connu quand j’appartenais à la rédaction du quotidien « Le Méridional » (aujourd’hui disparu) sur le Cour d’Estienne-d’Orves, à deux pas du Vieux port.
Ces Marseillais qui ont connu, ou qui se souviennent, des Marcel Pagnol, Fernandel, Andrex, Rellys, Panisse, Charpin, Orane Demazis, Yves Montand, la trilogie : Marius, Fanny et César, Un de la Canebière, et même l’OM de Bernard Tapie et les anciens pros Barthez, Magnusson, Zatelli, Skoblar, Benbarek, Papin, etc. Aujourd’hui Marseille est toujours « champion de France », mais en « nombre de morts ». Le record, établi en 2023, de 49 morts sera-t-il battu fin 2024 ?
Bien sûr il y a eu également Carbone et Spirito, les frères Guérini, La French Connection, Zampa et quelques autres, mais le « milieu » était sous contrôle. Il y avait du respect, de gré ou de force et jamais de dommages collatéraux, comme aimait à me le confier mon ami le commissaire Georges Nguyen Van Loc (le Chinois).
Il me plaisait de me promener dans le Marseille des années 60/70. Descendre la Canebière, flâner au Parc Chanot, parcourir le cours Belsunce et longer le Vieux Port. Ce n’est plus le cas, je ne vais à Marseille que lorsque j’y suis obligé. Cela s’est passé tout récemment : pour me rendre derrière le cours d’Estienne d’Orves j’ai choisi, hélas, de ne pas prendre le tunnel et me suis retrouvé dans un quartier à peine comparable à une rue de la Casbah d’Alger. Quant à la Porte d’Aix, ne m’en parlez pas. Même l’hôpital de La Timone n’est plus préservé, il est squatté quotidiennement.
J’ai connu également le Marseille de Gaston Defferre, le bafouilleur, ce maire qui souhaitait rejeter à la mer les Français d’Algérie. Ces mêmes rapatriés que j’ai vu dormir sur les trottoirs, devant l’Opéra et l’accueil détestable et indigne que Marseille leur avait réservé. Depuis, Marseille s’est montrée bien plus accueillante devant l’afflux de ces expatriés du Maghreb. Il est vrai qu’ils contribuent, ô combien ! au développement économique et financier de leur nouvelle patrie, surtout dans les quartiers Nord de la ville, alors que les chefs se trouvent bien à l’abri sur l’autre rive de la Méditerranée.
Dans ce nouveau championnat de France organisé par les narco-trafiquants, où le nombre de morts remplace les buts marqués, Marseille est toujours en tête mais qu’elle prenne garde, la concurrence est sévère : Grenoble, Nantes, Rennes, Toulouse, Lyon, sans oublier l’Île-de-France et son 93, etc. En tout cas, les recrutements s’accélèrent, les rafales de Kalach également et la saison n’est pas terminée.