Emmanuel Macron tourne-t-il rond ? Observer le président de la République jeter ses bidons d’essence sur le conflit entre l’Ukraine et la Russie alerte sur sa personnalité narcissique. Son comportement égotique montre une obsession à se construire, y compris dans l’improvisation impulsive, un destin à la mesure de sa volonté de puissance. Or la vision enamourée qu’il a de lui-même n’impressionne personne d’autre. Un refus unanime des pays européens, mais aussi des Etats-Unis et de l’Otan, a accueilli sa suggestion, lundi soir à l’issue de sa conférence de soutien à l’Ukraine organisée à l’Elysée (27 pays représentés), de ne pas « exclure » l’envoi de troupes au sol en Ukraine pour battre la Russie. Cet appel irraisonné à la guerre totale contre Vladimir Poutine a révélé l’enfermement du chef de l’Etat dans son monde manichéen. Il opposerait son « parti central » à une peste brune fantasmée. Celle-ci serait représentée par le RN exclu de « l’arc républicain » et accusé mardi par Gabriel Attal d’être la 5 ème colonne russe. Difficile de ne pas déceler, dans ces propos si caricaturaux, une paranoïa et une incapacité à évaluer les réalités. L’assimilation stupide de Poutine à Hitler permet aux va-t-en-guerre en charentaises de s’exhiber dans leur résistance verbeuse et factice. Mais ces jeux de rôle ajoutent à l’immaturité dangereuse du Pouvoir. Macron est en passe de violer l’article 20 du pacte de l’ONU relatif aux droits civils et politiques de 1966, qui stipule : « Toute propagande en faveur de la guerre est interdite par la loi ».
Une fois de plus, la confusion des esprits fait des ravages au plus haut sommet de l’Etat. La stratégie « escalatoire » (anglicisme prisé par la macronie) en Ukraine est proportionnelle à l’incapacité de Macron à renouer le contact avec la France ordinaire, représentée symboliquement par une colère paysanne extrême-droitisée par la propagande. Plus gravement, l’hystérie antirusse permet d’occulter l’offensive de l’islam radical au coeur de la société française. Hier, Gérald Darmanin, entendu au Sénat devant la commission des lois à propos des ingérences étrangères, a estimé que la Russie était « le principal ennemi de la France » dans la « guerre informationnelle ». Le soir même, l’émir du Qatar, cheik Tamin bin Hamad Al-Thani, a été reçu en grandes pompes à l’Elysée. Macron a notamment salué le combat commun du Qatar et de la France « contre le terrorisme et contre son financement ». Or ce cynisme est une lâcheté. Le Qatar héberge l’état-major politique du Hamas et a financé ce mouvement islamiste responsable du pogrom du 7 octobre en Israël. De surcroît, l’émirat est le généreux donateur des Frères musulmans qui sont, eux, les authentiques menaces pour les démocraties et pour la France en particulier. La Russie despotique de Poutine n’est certes pas un modèle défendable, et ses alliances sont repoussantes. Mais c’est l’islam suprémaciste qui est l’ennemi à combattre en priorité. Macron, exalté par sa psyché, n’est qu’un matamore.