Des mots, des amas de mots : Emmanuel Macron n’a su s’extraire de son travers verbeux, mardi soir, à l’issue de plus de deux heures de conférence de presse. Rien n’a justifié que le chef de l’Etat empressé s’invite, à 20h15, dans les foyers via six chaînes de télévision. La jactance présidentielle n’a fait que caricaturer davantage celui qui a affirmé : « J’assume de continuer à présider le réel ». Au contraire, Macron ne maîtrise plus le contrôle de la réalité. Il croyait pouvoir la domestiquer avec son approche orwellienne de la « double pensée », ce « en même temps » autorisant tout et son contraire. L’exemple le plus significatif de la décrédibilisation du récit officiel a été de l’entendre, sur les émeutes urbaines de juillet dernier, rejeter tout lien avec l’immigration au prétexte que les jeunes insurgés, très majoritairement issus du Maghreb, « étaient de nationalité française, pour la quasi-totalité nés en France ». Pour le président, ces casseurs, qui criaient souvent « Allah Akbar ! », n’auraient été motivés que parce qu’ils « s’ennuyaient ». Macron s’est également félicité de l’efficacité de l’Union européenne, notamment dans sa promotion des vaccins anti-Covid dont il persiste à vanter l’efficacité en dépit de leurs protections médiocres et de leurs effets secondaires importants. C’est ce même président indifférent aux faits qui s’est inquiété sans vergogne de la survenue d’une « génération de complotistes » formés par les réseaux sociaux à avoir « un rapport faussé à la vérité ». Comment, dans ces conditions, croire en la sincérité de Macron quand il dit vouloir se battre « pour que la France reste la France », en s’appropriant au passage les mots d’Eric Zemmour et d’Eric Ciotti ?
Macron est un faussaire de plus en plus malhabile : il ne survit que par son aisance dans le verbe et une propagande qui contourne le réel. Parmi les maigres annonces d’hier soir, celle d’une obligation à suivre des cours de théâtre au collège marque l’empreinte d’un président qui excelle dans la mise en scène et le jeu de rôle. Mais sa déconnection des gens ordinaires lui fait répéter les mêmes erreurs sur la meilleure manière de contrer le RN, qu’il nomme « Front national ». Ce n’est pas seulement en luttant « contre l’immigration clandestine » que Macron peut espérer faire reculer Marine Le Pen. Celle-ci est portée par le sentiment d’abandon qu’éprouvent des Français face à une immigration légale qui bouscule les fragiles équilibres sociologiques et culturels. Le « grand effacement » est un risque que Macron a évoqué à propos de la place de l’Europe dans les bouleversements géopolitiques. « Il ne s’agit pas de notre pays », a-t-il même précisé. Or c’est justement cette perspective d’une dilution de la France qui devrait mobiliser ses inquiétudes. La chute de la natalité (moins 6,6% en 2023) conjuguée à la forte et féconde immigration musulmane sont autant de facteurs pouvant laisser craindre, avant la fin de ce siècle, en de profonds changements civilisationnels. En réponse, Macron a promis « un plan de lutte contre l’infertilité ». En rire, ou en pleurer ?