Aucun de mes fils ne m’appelle plus "papa !"
C’est qu’au fil des années le lien s’est distendu :
Aucun des trois n’aura jamais suivi mes pas,
Dispersés ci et là sur d’autres pas perdus.
Je n’ai pas, il est vrai, été tendre avec eux :
Je n’ai pas su aimer tout comme il le fallait,
Je les ai côtoyés, sans bien les rendre heureux…
J’ai failli… Je m’en veux : sans cesse je râlais.
Des autres chacun d’eux était bien différent :
L’un bien plus expansif, l’autre un peu trop fermé,
Le troisième trop tôt a bien rompu les rangs…
Je n’ai rien oublié, je les ai mal aimés.
Ils ont à mon égard des mots souvent gentils,
Comme une contrition jamais bien assouvie…
Mais devant mon cercueil aurais-je un démenti
De cette inanité qu’aura été ma vie ?
Tous les éléments d’une famille éclatée
N’auront jamais de tous trois fait quelque unité.
Qu’on ne me pleure pas aux coups de pelletée :
De quelle indifférence serais-je acquitté ? (24/12/2018)