C’est vrai, quoi ! Ils n’arrêtent pas de le proclamer, qu’ils se battent pour nous, les cheminots et les RATPots ! Sauf qu’ils omettent soigneusement la deuxième partie de leur profession de foi : « ils se battent pour nous... FAIRE PAYER LEUR REGIME SPECIAL ».
Parce que s’il n’y avait pas les bonnes poires de contribuables du privé pour cracher au bassinet, les régimes spéciaux de la SNCF et de la RATP - autrement dit des emmerdeurs du pauvre monde qui n’a pas d’autre choix que de prendre les transports en commun -, il y a longtemps qu’on n’en parlerait plus, des régimes spéciaux de la SNCF et de la RATP.
Alors non, les cheminots et les RATPistes ne se battent pas pour vous, gogos que vous êtes si en plus vous soutenez leur grève, mais pour préserver à vos dépens leurs avantages. Quand leurs syndicats avancent, la main sur le cœur, que leur objectif, le combat auquel ils ont consacré leur vie, c’est que tout le monde soit traité à la même enseigne qu’eux, et pas l’inverse, qu’il suffirait pour cela de s’attaquer à l’optimisation fiscale et aux paradis fiscaux, où dormiraient aux dernières nouvelles 120 milliards d’euros ( il y a 6 mois, sans le moindre commencement de début de preuve, ils avançaient le chiffre de 80 milliards, mais ça a dû leur sembler un peu faible. Vous verrez que dans quelques mois, ce n’est plus de 120 mais de 150 milliards qu’il sera question... Pourquoi se gêner ?).
En réalité, tout ce joli monde sait très bien que ces avantages exorbitants (je vous signale qu’à la SNCF, les soins médicaux sont entièrement gratuits pour les cheminots, et que le train est open bar pour toute leur famille !) ont été obtenus à force de chantages et de blocages. Et que le maintien de leur statut n’est possible que si les autres paient. Pour votre gouverne, en 2017, l’Etat, donc nous, a abondé les trois régimes de retraite de la SNCF, la RATP et l’IEG (Industries électriques et Gazières) de 5,5 milliards d’euros (près de 4 milliards pour la seule SNCF). Le calcul est simple : le nombre de cotisants, 325.000, étant inférieur au nombre de retraités, 347.000, et aux bénéficiaires de pensions de reversion, 135.000, il faut bien que quelqu’un paie la différence...
Si j’étais un peu taquin, j’ajouterais que lorsque les cotisants étaient quatre fois plus nombreux que les retraités, les heureux bénéficiaires de ces régimes se sont bien servis, sans trop s’occuper des autres dont ils exigent la contribution aujourd’hui. Et si e faisais du mauvais esprit, je dirais qu’il n’y a aucune raison que la solidarité nationale ne s’applique pas aujourd’hui dans les deux sens : si les cheminots, les RATPs, les électriciens et les gaziers n’ont pas les moyens de financer les avantages qu’ils se sont généreusement octroyés, c’est la moindre des choses, puisqu’on paie pour eux, qu’ils soient soumis au régime général.
Moi qui ai beaucoup pris le train dans les années 80, je puis vous dire que des grèves, j’en ai subi ma part. Le nombre de fois où je me suis trouvé bloqué à Nice, Marseille ou Paris (j’habitais Lyon) un vendredi soir - ce qui perturbait le trafic tout le week-end, jusqu’à ce que la SNCF décide qu’un gréviste du vendredi était aussi considéré comme en grève le samedi et le dimanche. C’est pour cela que les cheminots font maintenant grève le jeudi. Et encore, à l’époque, la négociation pour la reprise du travail comprenait le paiement des jours de grève... Aujourd’hui, on ne nous le dit pas, mais si les jours de grève ne sont pas payés, ils ne sont défalqués que très progressivement, pour ne pas pénaliser les grévistes !
Quand on sait qu’en plus ne font grève que ceux qui ont un fort pouvoir de nuisance : aiguilleurs, machinos et contrôleurs, qui reçoivent un coup de pouce financier de leurs collègues non grévistes et de nous-mêmes grâce aux dotations aux syndicats, c’est gagnant à tous les coups : Entre 6 et 10% de grévistes, l’Île de France paralysée, l’Etat se couche. Et ce sera encore le cas cette fois-ci... Et n’attendez pas une réelle amélioration avec l’ouverture à la concurrence, pour une bonne raison : si des trains privés pourront circuler, les lignes sur lesquelles ils rouleront seront toujours contrôlées par SNCF réseau, un monopole d’Etat dans lequel les aiguilleurs font la pluie et le beau temps.
Le pire, c’est que la plupart de ces grévistes sont sincères, persuadés d’œuvrer pour l’humanité souffrante, et convaincus d’être eux-mêmes des damnés de la Terre. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France !