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Le rejet du travail, symptôme du Grand effondrement

, par  irioufol , popularité : 7%

On allait voir ce qu’on allait voir. La gauche ressuscitée annonçait, pour samedi, le déferlement du « monde du travail » partout en France. Laurent Berger (CFDT) promettait « une très très grosse manif ». D’autres y allaient de leur « tsumani populaire ». Bilan : 963.000 manifestants (chiffres de l’Intérieur) au plan national, soit moins que les mobilisations des 19 et 31 janvier, mais plus que celle du 7 février. Autrement dit : les syndicats n’ont pas réussi à élargir leur mouvement. Reste que les médias se gardent d’analyser cet échec, en préférant alimenter le récit dominant d’un « peuple » uni et prêt à en découdre contre la retraite à 64 ans. Pour avoir rejoint un temps, en observateur, les rangs de la manifestation parisienne, j’y ai retrouvé la traditionnelle gauche syndicale, militante et sectaire (le RN, qui défend la retraite à 60 ans, reste l’indésirable), défilant sous les bannières de Sud, de la CGT, de la CFDT mais aussi, ici et là, du drapeau palestinien. Parmi les slogans : « Pas de fachos dans nos retraites, pas de retraite pour les fachos », « Emmanuel Macron, président des patrons, on va tout péter chez toi ». « Ce qui se passe en France est inédit », a pourtant assuré dimanche le patron de la CFDT en se joignant à l’appel visant, le 7 mars, à mettre le pays « à l’arrêt ». Dans cette radicalisation annoncée, les syndicats oublient la réalité de leur faible représentativité. Je persiste à douter de leur force d’attractivité sur le mauvais sujet des retraites.

Dans le Grand effondrement qui accable la France, le peu d’appétit pour le travail est un des symptômes du déclin collectif. Or c’est cette faiblesse qu’encourage la gauche politique et syndicale. Elle croit être dans l’air du temps en défendant le « droit à la paresse » (Sandrine Rousseau) et l’assistanat qui le finance, sans plus de réflexion sur la mise à l’écart d’une partie d’un peuple improductif et dépendant. Christophe Guilluy rappelle que les élites libérales de Davos, de la Silicon Valley et de la gauche bourgeoise sont les premières à encourager le revenu universel, cette aumône mercantile qui invite les plus modestes, en recevant leur chèque, à se contenter de leur condition et à se taire. C’est vite oublier que toute une partie de la classe moyenne répugne à demander la charité, au profit d’une dignité retrouvée dans le travail et sa juste rémunération. Comme l’écrit, ce lundi, Pascal Brucker dans Le Figaro, la défense de la retraite à 62 ans est le reflet d’une France peureuse et fatiguée, dont l’idéal ne serait plus que de pantoufler chez soi dans un esprit frileux. Brucker : « L’audace aurait été de passer de 62 à 67 ans comme nos voisins allemands, mais l’audace n’est plus une vertu française ». Quand des lycéens en viennent à exiger la retraite à 60 ans, il est loisible de mesurer les dégâts qu’occasionne dans les esprits cette gauche sans autre vision qu’un conservatisme anachronique. La colère des Oubliés pourrait bien se retourner contre elle.

Voir en ligne : https://blogrioufol.com/le-rejet-du...