Les antisystème auraient-ils raison ? Leurs critiques contre une caste ankylosée par la routine et la bureaucratie trouvent un écho auprès du pouvoir lui-même. C’est par un communiqué, samedi, que l’Élysée a convoqué des « États généraux de la justice ». Ils débuteront en septembre et dureront « plusieurs semaines ». Le chef de l’État a également dit vouloir relancer la réforme des retraites, tout en renonçant à son complexe projet par points. Le ministre de l’Intérieur, face à l’explosion de la violence, a demandé aux préfets de lui fournir un « état des lieux ». Il s’inquiète enfin de l’immigration. Ces réactions d’affolement répondent aux alertes jusqu’alors étouffées car connotées « populistes ». Cependant, ce sursaut vient bien tard, à moins d’un an de l’échéance présidentielle. Rétrospectivement, le réformisme d’Emmanuel Macron, qui devait transformer la France, s’avère un mot creux.
Les vraies solutions ne s’improvisent pas dans l’urgence des faits. Ce quinquennat, qui s’achève dans la précipitation, a accumulé de petites choses bavardes et disparates. L’ensemble n’a pas de cohérence. Quelle doit être la place du juge dans la société ? Et celle de la prison ? Comment reconstituer l’autorité de l’État ? Faut-il restreindre le périmètre des solidarités dans une société ouverte et éclatée ? Cela fait des décennies que les thèmes sont évacués par des présidents fainéants, une classe politique paresseuse, des élites somnambules, des médias assoupis. La macronie se flatte d’avoir tenu sur la PMA pour toutes, discutée à nouveau depuis lundi devant le Parlement. « Le premier bébé né par PMA d’un couple de femmes ou d’une femme seule naîtra avant la fin du mandat », se réjouit Olivier Véran, ministre de la Santé. Mais ces flatteries de minorités, sexuelles en l’occurrence, s’accompagnent d’un désintérêt pour le bien commun.
La gifle reçue par le président, mardi à Tain (Drôme), est un symptôme spectaculaire du Grand Effondrement des institutions.