Il y aura toujours quelque bonimenteur
Qui s’installera sur un siège laissé vide
Tout à côté du nôtre et se faire conteur
De quelques inepties dont il demeure avide.

On dirait qu’il attend qu’enfin il se libère
Pour s’y fourrer d’un coup et raconter sa vie :
On voulait être seul sous le vieux réverbère,
Mais c’est de compagnie qu’il avait bien envie.

Le voilà débitant, sans qu’on demande rien,
Et ses coquecigrues et ses billevesées :
On n’en a rien à fiche et lui, très aérien,
Débite ses salades bien gargarisées.

Passé alors le cap d’une belle patience,
On a deux solutions : partir ou bien "ta gueule !"
Mais restant bien poli, on joue quelque insouciance,
Quitte à se considérer comme piètre bégueule.

Il ne faut donc jamais, tout à côté de soi,
Laissé un siège vide qui soit une cible
A tout importun qui jouera son quant à soi
Débitant sornettes et mots incoercibles.

A l’aérogare je pose mes valises
L’une à la gauche et l’autre à droite de mon siège,
Je les surveille bien comme mes deux balises
Qui feront que nul autre ainsi donc ne m’assiège. (11/08/2018)