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François Hollande : Un Président devant son poste…

, par  vanneste , popularité : 5%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

spectateurimpuissantIl voulait être normal. On pouvait croire qu’il voulait fuir les outrances et les excès, abandonner la gesticulation et restaurer ce sens de la mesure qui redonne au pouvoir sa dignité. En fait, il exprimait par là une tendance au conformisme, à la banalité. Il y avait dans cette tendance une contradiction, celle qui consiste à se hisser au centre de la scène et sous les projecteurs, tout en désirant vivre comme au milieu du public. Cette contradiction est au coeur de l’ouvrage consacré au mandat de François Hollande par Davet et Lhomme.

Il s’agit d’un livre effarant. Son existence même devrait être un scandale pour tout Français attaché à son pays, soucieux de le voir efficace et respecté parce que conduit par des dirigeants responsables. Le Président de la République a offert à deux journalistes le privilège insensé de le rencontrer longuement soixante-et-une fois, au cours de repas parfois. Espérait-il en faire les chroniqueurs d’un règne couronné par le succès. Il en a fait les témoins indiscrets et souvent condescendants d’un naufrage. Le Chef de l’Etat doit agir. Il doit en rendre compte au peuple, mais son action elle-même doit être menée à distance pour être efficiente et pour conserver ce prestige sans lequel le pouvoir perd son autorité. Au contraire, François Hollande a fait rentrer les spectateurs, les critiques, dans les coulisses, leur a permis d’observer l’Etat de l’intérieur et au plus haut niveau, sans doute mieux que les Parlementaires ou que certains Ministres eux-mêmes. Il a fait de deux journalistes , dont il pensait peut-être qu’ils seraient complices puisqu’ils étaient de gauche, des confidents, des confesseurs, qui, sans hostilité à son encontre, et même avec une certaine sympathie parfois, l’ont considéré comme un objet d’étude, un animal étrange, attachant par certains côtés, qu’ils ont eu le temps « d’apprivoiser », comme ils n’hésitent pas à le dire, mais qui manifestement n’avait pas à être là où il était. L’intrus, c’était lui et pas eux !

A certains moments du récit de ces soixante-et-une rencontres, il est clair que le Président est en situation d’infériorité par rapport à ses interlocuteurs. Il est à la tête d’un des pays qui comptent dans le monde et les deux plumitifs regardent de haut un Président déconfit et penaud. Après l’épisode lamentable de sa « négociation » avec une jeune Kosovare, Leonarda, sommé de s’expliquer, « dépité, il bafouille », notent les examinateurs. Au téléphone, il les laisse l’interroger sur la durée de sa liaison avec Julie Gayet et la fréquence de leurs rendez-vous. A nouveau, les deux enquêteurs, dénués du moindre mandat, épinglent leur sujet d’étude : « la voix hésitante, il bafouille ». Et il avoue : « j’ai du y aller une dizaine de fois ». Qu’ils aient osé poser la question et qu’il n’ait pas mis fin à cet interrogatoire déplacé en dit long sur cette présidence anormale d’un élu qui se voulait normal !

En fait, ces hommes ont-ils rencontré le Président de la République ? Evidemment non, parce qu’il n’a jamais atteint l’étage où la fonction s’assume. Il est resté ce qu’il était, un apparatchik porté au pouvoir par les circonstances plus que par son talent. La normalité de François Hollande est seulement l’autre face d’un conformisme qui tend parfois au fatalisme : le contraire de ce qu’on doit exiger d’un homme d’action qui détient un pouvoir important. Il menait sa carrière, ou plutôt sa carrière le menait. Ena, Cour des Comptes, cabinets, parti socialiste, mandats européen, national et locaux, l’itinéraire d’un « technocrate besogneux », comme l’étiquettent sans vergogne les auteurs, qui a mené sa petite barque de politicien d’une élection plutôt facile à une autre, d’une motion à une autre, sans éclat, tirant parti de l’échec ou de la faute des autres, spécialiste de la synthèse molle et « parlant à l’oreille des journalistes ». Bref, un pur produit du microcosme ! Il a voulu continuer sur le même rythme à l’Elysée, en donnant aussi peu de constance à sa vie privée que de cohérence à son action politique. François Hollande est quelqu’un qui aime le vent, celui qui souffle doucement, et dans le sens duquel il suffit de se mettre pour être porté. Il est socialiste, mais il pense que le parti devra changer, devenir le « parti démocrate » français, vaguement social-démocrate et progressiste sur le plan sociétal, parce que c’est l’évolution prévisible des sociétés développées. Il a participé à la formation des « Young Leaders », de la French-American Fundation.

L’expression récurrente « il se trouve » traduit bien ce fatalisme. Il ne s’agit pas d’imposer à une réalité rétive une volonté salvatrice. Non, il se trouve qu’il est président et qu’il doit accompagner un mouvement qui ne dépend nullement de lui. Le mariage unisexe devait ainsi être institué parce que « les pays développés vont vers cette reconnaissance ». L’idée que cette pente soit décadente ne l’effleure pas, non parce qu’il y a là un choix de sa part, mais parce que c’est le sens du vent. Pour lui, transgresser, mot qu’il emploie souvent, c’est aller contre le vent ! Même si les deux journalistes semblent apprécier davantage sa politique étrangère, on ne peut qu’y voir la même incapacité à innover, à sortir des figures imposées. A part le Mali, où l’armée française est intervenue, comme elle en a l’habitude dans nos anciennes colonies, le reste témoigne avant tout d’un suivisme et d’un manque d’anticipation consternants. Voulant imiter l’intervention calamiteuse de Sarkozy en Libye, il voulait attaquer Assad en Syrie, sans mesurer l’attitude de la Russie ni envisager clairement les suites des attaques aériennes occidentales. Manifestement aveugle sur son bilan international, il se croit reconnu davantage par ses homologues que par les Français. Comme si la courtoisie des dirigeants, voire leur solidarité de caste, avait le moindre poids par rapport à l’estime des peuples ! Même le décevant Obama a été plus lucide.

C’est néanmoins sur ce terrain qu’il dérape le plus. Déjà il s’était autorisé à faire écouter par les auteurs, en branchant le haut-parleur, une conversation avec un de ses ministres, mais ses échanges avec Alexis Tsipras, ou la confidence de Vladimir Poutine sur la demande grecque d’imprimer des Drachmes en Russie, n’ont plus de secret pour ces heureux bénéficiaires des informations présidentielles. Plus grave, il va jusqu’à évoquer les opérations militaires, celles qui étaient prévues, celles qui ont eu lieu, avec ou sans réussite, et précise même le nombre des cibles visées par les assassinats qu’il a décidés à l’étranger. L’opposition s’est évidemment emparé de ce comportement d’une rare désinvolture. L’article 68 de la Constitution stipule en effet qu’un Président qui commet un grave manquement aux devoirs de son mandat peut être destitué par le Parlement réuni en Haute Cour. La majorité socialiste s’y opposera. Mais, le livre refermé, la conclusion s’impose : certes, le Président ne devait pas dire ça, mais cet homme n’aurait jamais du être là où il est.

Voir en ligne : http://www.christianvanneste.fr/201...