Une rencontre bon enfant, vous dit-on. Le match de foot France-Maroc, ce soir au Qatar, sera une rencontre uniquement sportive et amicale, assurent les propagandistes du vivre ensemble et les dénégationnistes. « Ta gueule », a lâché l’autre jour l’animateur Yann Barthès sur TF1 (Quotidien) en guise de commentaire sur la rediffusion d’une observation de votre serviteur à propos de la symbolique des drapeaux maghrébins qui ont une nouvelle fois empli les Champs-Elysées samedi soir. Ce mercredi dans FigaroVox, Eric Naulleau assure : « La coupe du monde est le dernier événement qui fédère à ce point la nation ». L’ « extrême droite » est une fois de plus accusée de vouloir instrumentaliser politiquement les incidents qui émaillent chaque victoire marocaine. Le politiquement correct, qui refuse d’analyser l’idée même du conflit né de la diversité ethnico-culturelle, ne peut que nier ce qu’il a sous les yeux. En l’occurrence, la rencontre France-Maroc dépasse largement l’enjeu sportif. Même Le Monde de ce mercredi reconnaît que Les Lions de l’Atlas sont devenus « la fierté du monde arabe ». Lors de la victoire contre l’Espagne, Sofiane Boufal, le capitaine de l’équipe marocaine, a résumé l’état d’esprit du moment : « Je dédie cette victoire à tous les Marocains, à tous les peuples arabes, à tous les peuples musulmans ». Pour leur part, les joueurs Zakaria Aboukhal et Abdelhamid Sabiri ont, par vidéo, remercié Allah et invité à se convertir : « Rejoignez l’islam, venez du bon côté ! ».

La cause palestinienne sert d’ailleurs de point de ralliement au monde arabo-musulman. Il entend faire de la Coupe du Qatar une tribune mondiale pour l’islam. Le drapeau palestinien a été brandi à plusieurs reprises par l’équipe marocaine à l’issue de ses victoires contre le Canada, la Belgique, l’Espagne, le Portugal. Une vidéo récente a montré un drapeau israélien brûlé sur les Champs Elysées. La bêtise au front de taureau des Barthès et autres insulteurs aura du mal à occulter la dimension géopolitique prise par le duel France-Maroc : il devient déjà un bras de fer symbolique entre le monde islamique et le monde occidental, dans un choc de civilisation renaissant. Mais dans ce combat, l’Europe multiculturelle et culpabilisée par son passé hégémonique a déjà perdu. C’est en effet une Oumma (communauté musulmane) puissante et homogène qui s’affiche, notamment à travers ses drapeaux. Ils sont comme autant de marques visibles d’une présence en terres conquises. Il est trop tard pour prendre la mesure de l’avertissement d’Hassan II, ancien roi du Maroc, en 1993. Parlant des Marocains de France il avait dit : « Ils ne seront jamais intégrés (…) C’est un autre continent. Ils seront de mauvais Français. Ils ne seront jamais 100% Français ». Ce soir, la police sera partout sur les dents. Rencontre bon enfant…