« Nous rejetons l’idéologie woke », a déclaré ce mercredi matin le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, largement réélu (59, 5%) contre son adversaire démocrate, qu’il n’avait battu que d’un cheveu lors de la dernière élection. Si la « vague rouge » annoncée par Donald Trump ne semble pas devoir se vérifier à ce point à l’heure où j’écris ces lignes (La Pennsylvanie est gagnée par exemple par un démocrate), le succès des républicains à la Chambre des représentants et au Sénat reste acquis. (Rectificatif apporté le 13 novembre, 8 heures : en réalité, les démocrates conservent in extremis le Sénat, après le décompte en leur faveur du Nevada). Et DeSantis se place comme un candidat solide pouvant éventuellement contester à Trump son choix probable de se représenter dans deux ans. Pour autant, l’échec du parti de Joe Biden augure mal de ses chances en 2024. L’extrême diabolisation des trumpistes par le camp démocrate n’a, en tout cas, pas découragé les supporters du président battu. Biden avait accusé les Républicains d’être des « demi-fascistes » et des « ennemis de la démocratie ». Hillary Clinton pour sa part avait comparé, en septembre, les partisans de Trump aux « nazis ». Lors de la précédente campagne, elle avait estimé que les électeurs de Trump pouvaient être rassemblés dans un « panier de gens déplorables ». Ce mépris injurieux pour l’adversaire ressemble à la tactique des « progressistes » français. La macronie n’est pas en reste pour qualifier d’ « extrême droite » ou de « peste brune » tout ce qui lui résiste…
Reste que la dénonciation du wokisme par DeSantis, qui appelle à le combattre dans les écoles et les entreprises, rappelle ce qu’est devenue la gauche américaine. Elle est, de fait, de plus en plus perméable aux idéologies anti-occidentales et extrémistes de la Cancel Culture, des antifas, de Black Lives Matter, etc. Guy Millière va jusqu’à écrire (1) : « L’administration Biden est ennemie de l’idée de souveraineté nationale et affiche sans cesse sa détestation du patriotisme américain. Elle agit pour confisquer la démocratie aux États-Unis. Elle piétine les institutions américaines, et se conduit comme une nomenklatura technocratico-idéocratique. Elle ne cesse de montrer qu’elle entend contrôler toujours davantage la population américaine ». Cette dérive vers l’extrême gauche, qui rapproche le parti démocrate de la mouvance française mélenchoniste, accentue la fracture au sein d’une société américaine qui ne partage plus les mêmes valeurs. La « religion woke »’, ainsi nommée par Jean-François Braunstein (2), parce qu’elle remet en question le réel et la rationalité, est une force subversive qui ébranle la civilisation occidentale priée de s’excuser de ses succès auprès des nouvelles minorités qui vivent sous ses lois. Comme le remarque Braunstein : « On constate que les wokes ne ménagent pas leurs efforts pour attaquer, de manière très déterminée, l’héritage des Lumières, retrouvant même, sans en être conscients, certaines des formules des auteurs des Contre-Lumières. Ils s’en prennent d’abord à l’idée d’universalisme qui n’est pour eux qu’une pure fiction ». Il y a un enjeu de civilisation derrière l’opposition entre les républicains et les démocrates aux Etats Unis. Le camp du Bien dissimule ses graves perversions.