Eric Zemmour les rend fous. Ce week-end, les macronistes réunis à Avignon se sont déchaînés contre le journaliste, qui s’achemine à grands pas vers une candidature à la présidentielle. Christophe Castaner, le patron des députés LREM, n’a pas craint le propos absurde en déclarant en préalable : « L’outrance n’est que l’arme des pleutres », avant de qualifier lui-même Zemmour d’ « ennemi politique que nous devons considérer comme tel, et le combattre sur tous les fronts ». C’est avec la même subtilité que François Patriat, chef des sénateurs macronistes, a présenté le perturbateur en « sympathisant de Vichy ». Mais les propos les plus fascistoïdes ont été tenus, dimanche, par le cofondateur d’En Marche, Jean-Marc Borello, proche d’Emmanuel Macron : « J’ai découvert ce matin un virus nouveau à 15% du corps électoral. Il se traduit par des désordres mentaux : un peu de machisme, un peu de racisme, un peu d’homophobie. Mais j’ai repéré la maladie et nous allons la combattre parce que ça s’appelle la peste brune ». Immédiatement, les réseaux sociaux ont rappelé le profil trouble de Borello : une figure du milieu de l’économie sociale et solidaire qui revendique son homosexualité et a été accusé en 2018, par Libération et Le Monde, de harcèlements et agressions sexuels. Ce donneur de leçons a également été condamné à 6 mois de prison avec sursis pour avoir « facilité » le « trafic et l’usage » de stupéfiants.
Ce n’est pas la première fois que la macronie insulte et diabolise ses contradicteurs plutôt que de chercher à argumenter. En novembre 2018, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait déjà dit des Gilets jaunes qui manifestaient pour la première fois sur les Champs-Elysées qu’ils représentaient la « peste brune ». Une fois de plus, le parti présidentiel alimente un climat de guerre civile en désignant comme « ennemis » des personnalités qui, comme Zemmour, entendent aborder les sujets jusqu’alors interdits par le conformisme. Il faut s’attendre, de la part du pouvoir, à une accentuation de cette terreur intellectuelle appliquant les méthodes staliniennes de la reductio ad hitlérum. La « commission Bronner », mise en place mercredi par le chef de l‘Etat pour réfléchir à sanctionner le « complotisme » et les « entrepreneurs de haine », est en réalité une énième tentative visant à restreindre des libertés d’expression. Cette initiative s’ajoute à la loi de 2018 contre les « fake news » en période électorale, et à celle de 2020 sanctionnant les « propos haineux », sans définition juridique de cette qualification. En définitive, s’affirme un régime de plus en plus autoritariste et liberticide, qui cherche à imposer une unique propagande d’Etat tout en délégitimant ou criminalisant les opinions divergentes. Ce faisant, la macronie piétine en permanence les usages d’une démocratie tolérante.